A la recherche des rapports perdus
Article mis en ligne le 31 janvier 2008

par Irna

C’est sous ce titre qu’a été publié, le 11 janvier 2008, un article signé Vuk Bacanovic dans le magazine bosnien BHDani. Apparemment, ce magazine a reçu quelques documents très intéressants, que M. Osmanagic aurait sans doute préféré ne jamais voir publiés. J’ai traduit ci-dessous la majeure partie de cet article ; le texte original (bs) peut être consulté dans les archives du magazine ou, pour les non-abonnés, sur le blog de Stultitia (bs).

Quelles ont été, dès le début des recherches sur Visocica, les conclusions du géologue Stjepan Coric ? Quelles informations se cachent dans le deuxième rapport de Nadija Nukic, ou dans les e-mails qu’elle a envoyés à Semir Osmanagic ? Quelle est la conclusion du rapport sur Pljesevica du géologue Enes Ramovic ? Pourquoi les archéologues Sead Pilav, Silvana Cobanov et Nancy Gallou ont-ils quitté la Fondation "Pyramide du Soleil de Bosnie" ? Comment le "proto-alphabet" du tunnel de Ravne a-t-il été découvert ?

Au début des fouilles, et encore à l’époque où l’hystérie pyramidale battait son plein, la Fondation "Pyramide du Soleil de Bosnie" a employé plusieurs scientifiques plus ou moins sérieux qui, quand ils ont compris où ils avaient mis les pieds, sont partis un par un, réalisant qu’ils n’étaient que des accessoires, des paravents dissimulant les manipulations pseudo-scientifiques de leur employeur. Mais ils ne sont pas partis sans avoir écrit leurs rapports scientifiques, qui ont été communiqués aussi bien à Semir Osmanagic qu’aux membres du Comité Directeur de sa fondation, mais n’ont jamais été publiés.

Dès le début des "recherches" sur Visocica, le 20.4.2006, le géologue Stjepan Coric [1] envoie à Semir Osmanagic un e-mail, où il explique entre autres choses que la colline est constituée de "conglomerats et brèches de la série de Lasva (qu’on peut retrouver dans toute la région de Zenica)", et qui "se superposent à des grès de granulométrie fine ou moyenne, des marnes sableuses etc., généralement de couleur brune ou jaune... Au sommet (du plateau) dans une tranchée en contrebas de la route on trouve du grès épais de 25 à 30 cm (interprété comme une marche). Au toit de cette même couche de grès on trouve plus loin les couches classiques, comme dans les environs. La même couche est également présente près de la route là où elle coupe le talus, ce qui prouve qu’elle est bien dans une position tout à fait naturelle... Les conglomérats à composants grossièrement arrondis surmontent partiellement les brèches et sont d’origine naturelle... La géométrie régulière de la colline semble être, dans cette région, un phénomène naturel relativement fréquent, conséquence de l’érosion..."

Le départ de Sead Pilav

Donc, en avril 2006 Semir Osmanagic était déjà averti de la véritable géologie de Visocica - mais a malgré tout décidé de continuer sa campagne de propagande par laquelle, usant d’interprétations erronées des termes scientifiques et sans respecter aucune règle scientifique, l’existence des pyramides à Visoko est présentée au public profane comme un fait indiscutable (ce qui était déjà le cas, en fait, avant même le début de tout travail archéologique). Etant donné que Mario Gerussi [2], à qui cet e-mail était forcément connu, déclarait euphoriquement à la télévision qu’il "n’y a aucun doute qu’il s’agit d’une pyramide", on ne peut que soupçonner une désinformation volontaire du public depuis le début [...].

L’archéologue Sead Pilav a été parmi les premiers à rejoindre la Fondation "Pyramide du Soleil de Bosnie", espérant qu’il s’agissait d’un projet respectant les bases de la méthodologie scientifique - une recherche sans fiction et sans sensationnalisme de bas étage, ce qu’il appellera plus tard justement un Big Brother Show. Son courrier d’adieu du 17 avril 2006 donne un aperçu détaillé des débuts du "plus grand projet géo-archéologique du monde" : "Des preuves scientifiques certaines s’obtiennent par des analyses détaillées, et la consultation de nombreux collègues. On ne peut pas, comme c’est le cas pour ces fouilles, donner chaque jour un communiqué à la presse, sans une longue et sérieuse étude par un travail multidisciplinaire regroupant de nombreux scientifiques."

Pilav a dès le début perçu la tactique utilisée par la propagande d’Osmanagic, gonflant ses déclarations à coup de déclarations pompeuses aux medias, de conférences de presse filmées et de coupures de presse. Les scientifiques étaient exclusivement censés confirmer les conclusions des Osmanagic père et fils : "Un des membres de l’équipe [3], au moment où nous visitions le tunnel, prétendit qu’il y avait une construction mégalithique, reposant sur des piliers du même matériau et âgée d’au moins 13 000 ans. La même personne suggéra, alors que nous sortions du tunnel, que je fasse une déclaration publique sur cette découverte. L’information aurait créé une sensation dans les médias. Cette personne ne souhaitait pas faire cette déclaration elle-même ! Pourquoi ? Tard le même soir le porte-parole de la Fondation m’a appelé au téléphone pour me demander si j’allais annoncer la découverte de la structure mégalithique, mais j’ai catégoriquement refusé."

Comme personne de la Fondation n’a pris la peine de répondre à son e-mail, Sead Pilav en a envoyé un autre le 9 mai 2006, plus court et plus clair, dans lequel il dit : "Appeler les fouilles de Visocica ’le plus grand projet archéologique’ d’Europe de l’année est assez drôle sachant qu’il n’y a que deux archéologues sur le terrain. C’est pourquoi je souhaite que mon nom, ma photo et mon Manuel pour l’archéologie soient retirés du site officiel de la Fondation, au moins jusqu’au moment où les travaux seront devenus réellement scientifiques." Ce qui ne s’est pas produit, et les scientifiques restant n’ont pu que suivre Pilav un par un.

Le cas de Nadija Nukic

La géologue Nadija Nukic a quitté la Fondation, d’après ses propres mots, "à cause du travail non qualifié et non scientifique". Même si, dans son premier rapport sur Visocica d’octobre 2005, et contrairement aux conclusions postérieures du Dr Stjepan Coric, des six membres de l’équipe du RGGF [4] et du Dr Schoch, elle dit qu’il "est possible de conclure que la nature n’a pas pu créer une telle forme régulière", et que "en nettoyant [...] les blocs on peut observer qu’ils ont une géométrie bien définie... qu’ils sont disposés l’un sur l’autre" et "arrangés comme des briques dans un objet construit", Nadija Nukic a trouvé durant ses recherches ultérieures des éléments de preuve sur la base desquels elle a largement modifié sa première opinion ; c’est là qu’ont commencé ses problèmes, décrits en détail dans son deuxième rapport du 1.9.2006. Dans ce rapport sont mentionnés les travaux menés sur Visocica et Pljesevica, et il n’a jamais été publié sur le site de la Fondation, et les éléments qu’il contient jamais portés à la connaissance du public.

Une des informations les plus intéressantes est l’enfouissement du sondage S-7, où avait peut-être été trouvé un foyer - et donc la possibilité de restes organiques datables au C14, et du sondage SP18 avec des restes de fossiles marins. Etant donné que des fossiles marins ne pouvaient trouver place dans le dogme de Visocica comme "plus grande pyramide du monde", ce n’est pas vraiment une coïncidence surprenante que ce soit le président du Comité Directeur en personne, Semir Osmanagic, qui ait pris la décision de recouvrir ces sondages. Osmanagic, à nouveau sans consulter l’équipe scientifique, a également ordonné l’arrêt des travaux sur les sondages situés sur la face sud de Visocica, entre Visocica d’un côté et Cetnica et Cemerac de l’autre, sondages qui montraient un processus de glissement de terrain à l’oeuvre (plan de glissement).

Une autre information intéressante dans le rapport de Mme Nukic présenté au Comité Directeur de la Fondation concerne le tunnel de Ravne : "Sur un des blocs une ou plusieurs personnes ont gravé des signes sur le bloc (par exemple une flèche, les lettres E, V, puis lors de ma dernière visite le 3.8 au même endroit il y avait de nouveaux signes comme la lettre M et d’autres)." Cela signifie que tous les membres du Comité Directeur doivent répondre de l’illusion donnée durablement au public avec ces fausses trouvailles, et cela explique pourquoi la commission venue du Musée National de Sarajevo n’a pas été autorisée à étudier ce soi-disant "proto-alphabet" (permission refusée par Mario Gerussi). Un peu plus tôt Osmanagic, peu satisfait du travail de Nukic (particulièrement au moment où le géologue Robert Schoch, après sa visite à Visocica et Pljesevica, affirmait qu’il s’agissait de formations naturelles), considérait que "Nukic n’a pas réussi à prouver au Dr Schoch que les pyramides existent, ce qui était sa mission fondamentale", et décidait à son encontre d’une "interdiction préventive temporaire de déclarations publiques".

Ce qu’Osmanagic reprochait le plus à la géologue Nukic est d’avoir informé son collègue américain du fait que les signes du tunnel de Ravne, les lettres "E" et "M", avaient été gravés par les travailleurs durant les pauses. "Les affirmations de Nadija ont rendu invalide ce qui pouvait être la meilleure preuve de l’existence de symboles anciens", déclare Osmanagic dans le mail qu’il envoie à tous les membres du Comité Directeur. La réponse de Nadija Nukic donne des informations supplémentaires sur le soi-disant proto-alphabet (dont Osmanagic affirmait plus tard qu’il avait été utilisé pour graver le nom "Rasim" [5]) : "Je suis entrée dans le tunnel environ six fois. J’étais là lorsque les blocs de grès ont été dégagés par les mineurs. Regarde les photos prises au début, où on voit bien qu’il n’y a rien d’écrit, puis regarde les photos faites quand Ali (Barakat, note de l’auteur) était là et où il y a des lettres et des flèches d’un côté et une flèche de l’autre ; et maintenant regarde les dernières photos où sur un troisième côté on trouve le chiffre 3 et la lettre M et encore d’autres signes. Pourquoi as-tu rendu publiques des contre-vérités, alors que tu sais toi-même très bien qu’il n’y avait rien d’écrit ? Cela signifie que tu as consciemment trompé, non seulement le public, mais aussi les scientifiques... Et pendant ce temps j’ai appris qui les avait gravés." Il est intéressant de noter que le même avertissement a été donné à Semir Osmanagic par l’archéologue Silvana Cobanov dans son mail d’adieu.

Le rapport de Nadija Nukic cache encore d’autres curiosités, particulièrement à propos des fouilles sur Pljesevica. En plus du défonçage à la pelle mécanique, "qui a provoqué la destruction d’éléments archéologiques potentiels", 45 fossiles de nummulites datant du Cénozoïque trouvés dans le sondage SM-12 "ont disparu sans laisser de traces". Nadija Nukic finit en résumant les raisons qui l’ont poussée à quitter finalement le projet : "Parce que le fait de donner l’autorité pour conduire les fouilles à des gens qui ne sont pas des scientifiques, l’absence de consultation des scientifiques (archéologues et géologues), et au contraire la consultation de non-scientifiques, y compris les travailleurs manuels, montrent un manque de respect pour moi et pour les scientifiques." La situation réelle au sein de son projet est montrée par Osmanagic lui-même dans le courrier déjà mentionné qu’il adresse aux membres du Comité Directeur de la Fondation, au moment où il interdit à Mme Nukic de rendre publics des faits "contraires aux hypothèses du projet... sans consultation préalable du Directeur général ou du Comité Directeur". On peut se poser la question : de quel type de science s’agit-il lorsqu’un scientifique se voit interdire de s’adresser au public ?

Le géologue Enes Ramovic

Le géologue Enes Ramovic, directeur de la compagnie GEO ETA, est probablement un des personnages les plus intéressants parmi ceux qui ont passé en revue les "preuves préalables" du projet Osmanagic. En tant que responsable pour le compte de la Fondation des "fouilles mécaniques" sur Pljesevica, il est l’une des principales raisons du départ de sa collègue Nadija Nukic. Cependant, M. Ramovic a aussi pris la peine de produire un rapport, le classifiant comme OFFICIEL ! et CONFIDENTIEL !, afin que ses informations ne soient présentées au public "que par des représentants autorisés de la Fondation". En d’autres termes - afin que la Fondation puisse taire certaines informations ne lui convenant pas, informations assez nombreuses dans ce rapport de Ramovic, à commencer par le fait que Pljesevica est "entièrement composée de matériau géologique aux caractéristiques physico-mécaniques et géo-mécaniques assez mauvaises."

Donc, il s’agit bien de roches : de "grès, marnes, argiles et roches intermédiaires". Dans la conclusion de ce rapport "confidentiel" est écrit : "Les couches de grès en forme de dalles, dans lesquelles on observe les arrangements géométriques réguliers de blocs, particulièrement dans la partie sud-ouest du site, à la base de la Pyramide de la Lune, ainsi qu’une disposition régulière et une grande extension des fractures entre les rangées de dalles de grès, sont interstratifiées avec les couches de marne et d’argile. Cela signifie qu’au-dessus et en dessous de ces couches se trouvent des couches de marne et argile concordantes - déposées normalement l’une au-dessus de l’autre. De ce fait il sera rapidement évident, comme ce l’a été pour l’auteur de ce rapport, que ces couches horizontales de grès n’ont pas été placées ainsi par une action de construction de la pyramide, mais plutôt qu’elles sont le résultat normal d’une sédimentation lacustre, et que les fractures ont été créées durant le processus de lithification des grès, en d’autres termes ce sont des fissures de contraction."

M. Ramovic a également rapidement quitté la Fondation d’Osmanagic, et son rapport "confidentiel" est le meilleur exemple de la fausseté des assertions d’Osmanagic sur les "élites scientifiques" fermées et l’ouverture supposée de sa fondation.

Les trouvailles des archéologues

Depuis le départ de Sead Pilav, le "plus grand projet géo-archéologique du monde" repose sur les épaules de deux archéologues - Silvana Cobanov et la Grecque Nancy Gallou. Inutile de préciser qu’à deux il leur est impossible de surveiller tous les sondages, ouverts, d’après le rapport non publié de Nadija Nukic, partout où quelqu’un "a vu une pierre" et décidé "je vais fouiller ici". La phrase suivante de Mme Nukic est très révélatrice : "Sur la pyramide de la Lune je ne sais toujours pas combien de sondages ont été ouverts, du fait de la façon dont travaillent, non seulement le président du Comité Directeur, mais aussi la personne actuellement responsable de la conduite de ces travaux. Bien qu’il ait été dit lors de la réunion de l’équipe scientifique qu’aucun nouveau sondage ne devait être ouvert sans consultation avec l’archéologue et le géologue responsable, cette façon de travailler est devenue usuelle."

Sur ce point il y a quelques passages très intéressants dans le mail d’adieu envoyé le 14.11.2006 par Silvana Cobanov aux membres du Comité Directeur de la fondation d’Osmanagic : "Il est difficile d’admettre, à moi-même d’abord et aux autres ensuite, que j’ai fait de la figuration sur le terrain. Les travaux sur Pljesevica étaient dirigés par Goran Cakic (ingénieur en mécanique, note de l’auteur [6]). Mes efforts pour changer cette situation n’ont malheureusement eu aucun effet, bien que j’aie communiqué oralement à plusieurs reprises avec le Directeur général du projet, discuté avec Goran Cakic, l’aie averti qu’il ferait mieux de noter ses observations et conclusions dans son journal privé, aie catégoriquement protesté contre le fait qu’Amir Susa Zombi [7] soit autorisé à tripoter, creuser, fouiller littéralement un peu partout..."

L’archéologue de Belgrade Aleksandra Andelkovic, elle aussi temporairement employée par la fondation d’Osmanagic, a relevé le 29.10.2006 quelques "perles" dans le journal de fouilles de Goran Cakic : "Etant donné que les découvertes prouvent l’existence des objets, ils (les scientifiques, note de l’auteur) doivent faire des déclarations sur la construction, pour embellir la colline, des objets naturels existants", "J’interdirai l’accès du site à tous les membres de l’équipe scientifique qui ne souhaitent pas coopérer" et "Zombi est en train de faire un sondage clandestin". Et Nancy Gallou explique dans son rapport qu’elle a été traitée comme "l’idiot du village", et que le 27.6.2006 "le responsable pour la colline de la Lune était en train de fouiller depuis le matin", sans la consulter. En réalité il enlevait des couches de la construction rectangulaire à la base de Pljesevica appelée pour les besoins de la propagande médiatique "entrée de la pyramide", "mastaba" ou "tombe".

Silvana Cobanov dans son mail d’adieu a informé Osmanagic de ce qu’était réellement cette structure ; une construction récente avec "des murs de pierre sèche, très instables". L’âge récent étant prouvé par les briques qui la composent, et les clous, également récents, qu’elle a trouvés [...]. "J’ai averti que personne ne devrait parler de tombe, d’entrée de la pyramide, ou de poste militaire... présenter aux visiteurs des suppositions aussi infondées est à mon avis malhonnête. Donc, pour conclure : sur Pljesevica nous n’avons pas trouvé un seul artefact archéologique, et la colline est, à mon avis, stérile au sens archéologique."

La même conclusion a été rendue dans son rapport par l’archéologue Nancy Gallou qui, dans un e-mail envoyé au magazine Dani, écrit qu’elle "serait heureuse, en tant que scientifique, de signer n’importe quelle pétition contre la terrible destruction des collines autour de Visoko". Dans son rapport Silvana Cobanov mentionne qu’elle a demandé à rencontrer Osmanagic pour parler de tout ceci avec lui face à face, qu’il a accepté "mais n’en a jamais trouvé le temps". Comprenant que pour Osmanagic et ses fidèles son opinion était "peu importante, mineure", et considérant "l’impossibilité de changer quoi que ce soit", Silvana Cobanov a décidé qu’elle "ne souhaite pas et, en conscience, ne peut pas faire partie de ce projet".

Le géologue Ali Barakat et la colline transformée en pyramide

Le géologue Ali Barakat avait créé la sensation en BiH quand, dès son arrivée, il avait affirmé que le "matériau connectif" des roches de Visocica était identique à celui des pyramides égyptiennes ! La fondation d’Osmanagic continue, aujourd’hui, à utiliser son séjour et ces déclarations. Cependant, dans le rapport de M. Barakat, composé, un an plus tard, de 4 pages sans carte géologique ni schéma, on peut lire des conclusions très différentes [8]. M. Barakat a confirmé ces conclusions dans un e-mail adressé à la rédaction de Dani : "La Pyramide du Soleil est une colline naturelle de la période géologique du Miocène (il y a 20 millions d’années), modifiée par l’action des hommes dans un passé relativement récent (probablement durant l’Age du Bronze, l’époque illyrienne ou l’époque de la domination romaine) en une forme pyramidale. Les autres pyramides sont très probablement totalement naturelles. Je vais être sincère avec vous : la situation est compliquée et il faut des recherches supplémentaires."

Cependant, les blocs mentionnés dans le rapport sont des phénomènes géologiques connus. Si on regarde la littérature géologique, plus précisément la publication scientifique Géologie de la Bosnie-Herzégovine, Livre 3, L’ère Cénozoïque, par un collectif d’auteurs - Oslobodenje Sarajevo 1977, page 20 et 21 on lit que "presque chaque affleurement de grès, de Ugljevicki potok à Karavlaska Maoca, présente des fractures omniprésentes qui divisent la surface des couches en blocs cubiques et rectangulaires". De même, en lisant la Notice de la carte géologique - feuille de Sarajevo, on s’aperçoit que ce que le Dr Barakat appelle des "dallages artificiels" couvre une surface d’à peu près 250 kilomètres carré, ce qui démontre suffisamment la fragilité de la thèse de M. Barakat. Ces éléments ont aussi été confirmés à Dani par le géologue Sejfudin Vrabac du RGGF de Tuzla : "L’hypothèse de notre collègue Barakat n’est pas acceptable pour deux raisons : les blocs de conglomérats de Lasva ne se trouvent en continuité que sur la face nord de la colline de Visocica, où une partie des couches a été fracturée en conséquence des mouvements tectoniques. Ces couches ont un pendage de 10/26 et 358/24 degrés. Sur les autres pentes de Visocica les couches de roches clastiques variées (grès, marnes, argiles, conglomérats) se succèdent en se superposant et ont un pendage général vers le nord. Les conglomérats polymictiques n’ont pas pu être utilisés comme matériau de construction parce qu’ils ont de très mauvaises caractéristiques qualititives (composition et structure hétérogènes, anisotropie physico-mécanique prononcée, sensibilité à l’érosion différentielle, difficulté à les travailler etc.). Le phénomène des blocs de pierre sur Visocica, que notre collègue Barakat met en relation avec une activité humaine, représente quelque chose de très courant tant en Bosnie-Herzégovine qu’à travers le monde, et n’a aucun lien avec une intervention humaine. Des exemples de roches fracturées en blocs existent aussi à Maglaj, sur le Papuk, dans les Alpes, en Irlande du Nord etc."