Au cours des dernières semaines, le lecteur du site du SBRG aura peut-être remarqué quelques modifications ou mises à jour.
Un point intéressant est que, dans plusieurs cas, il semble y avoir une certaine différence entre ce que dit la version anglaise du site - par exemple SB Research Group (Eng), et ce qui apparaît dans les pages en italien - par exemple SB Research Group (It) [1].
Dans cet exemple, la version anglaise omet des informations contenues dans les troisième et quatrième paragraphes de la version italienne. La première déclare que : « Le SB Research Group est une équipe multidisciplinaire, et appartient principalement à deux universités italiennes : Université de Trieste - Dipartimento Universitario Clinico di Biomedicina, section d’Archeologia Odontoiatrica - et Polytechnique de Milan - Dipartimento di Architettura e Pianificazione, Facoltà di Architettura e Società. »
La version italienne, pour sa part, affirme : « Questo progetto di ricerca coniuga elementi di due università italiane, Università degli Studi di Trieste e Politecnico di Milano, che hanno iniziato una collaborazione multidisciplinare nell’ambito territoriale della città di Visoko in Bosna i Herzegovina. In particolare, hanno manifestato preciso interesse in tal senso il Dipartimento Universitario Clinico di Biomedicina, sezione di Archeologia Odontoiatrica, Università degli Studi di Trieste, e il Dipartimento di Architettura e Pianificazione della Facoltà di Architettura e Società, Politecnico di Milano. » (« Ce projet de recherche regroupe des éléments de deux universités italiennes, l’Université de Trieste et le Polytechnique de Milan, qui ont mis en place une collaboration multidisciplinaire dans la région de la ville de Visoko en Bosnie-Herzégovine. Ont exprimé un intérêt particulier à l’égard de ce projet en particulier le Département Universitaire Clinique de Biomédecine, de l’Université de Trieste, et le Département d’Architecture et Urbanisme de la Faculté d’Architecture, du Polytechnique de Milan. »)
On ne peut que noter que si, dans la version anglaise, l’expression "des individus" avait été utilisée en place de "éléments", le lecteur aurait pu se faire une image plus claire de la situation - qui consiste, pour l’essentiel, en une coopération informelle entre des individus plutôt qu’en un projet officiel. Cette description ne mentionne par ailleurs aucun nom d’individus appartenant à ces établissements supérieurs - bien que, comme on l’a vu dans un article précédent, plusieurs membres du SBRG soient effectivement liés à l’Université de Trieste ou au Polytechnique de Milan. Cependant, l’impression donnée aux lecteurs italiens - à la différence des lecteurs anglais - est que le projet de recherche entrepris par le SBRG a reçu l’approbation officielle à la fois de l’Université de Trieste et du Polytechnique de Milan.
Cette impression est renforcée par les informations fournies sur les membres de l’équipe SBRG [1], où il est dit que « ... des éléments de deux universités italiennes... travaillent en continu avec la Fondation "Parc archéologique : Pyramide du Soleil de Bosnie", ainsi que d’autres institutions bosniennes, pour l’étude approfondie et la publication des résultats concernant la Civilisation dite "de Visoko". »
Toutefois, en examinant à nouveau les sites de l’Ecole d’Architecture du Polytechnique de Milan, ainsi que celui du Département d’Architecture et Urbanisme (y compris les pages des Projets et des Nouvelles, et les numéros de 2011 de la publication trimestrielle du département Territorio) à la recherche d’informations sur cette nouvelle collaboration entre le Polytechnique de Milan et le SB Research Group dans la région de Visoko, je n’ai pas eu plus de succès que précédemment.
La page d’accueil mise à jour du site offrant dorénavant plusieurs bannières dans la colonne de gauche, j’ai donc tourné mon attention vers celles-ci. Sous "Riferimenti" ("Crédits") apparaissent les logos de Universitá di Trieste, et Dipartimento Universitario Clinico di Biomedicina (Université de Trieste - Département Clinique de Biomédecine). Mais nulle part sur la page de ce Département il n’y a d’information sur une quelconque collaboration entre le Département de Biomédecine de l’Université de Trieste et le SB Research Group.
Sous les bannières "Laboratori" ("Laboratoires") apparaît un logo lié à ATOMKI, l’Institut de Recherche Nucléaire de l’Académie des Sciences de Hongrie. Bien qu’il y ait divers projets multidisciplinaires mentionnés sur la page Projets Internationaux (y compris TRI-TOFFY, un Réseau de Formation comprenant une coopération allemande, roumaine, française, italienne et hongroise), je n’ai pu trouver aucune mention du SBRG ni d’aucun projet localisé en Bosnie. Sous "Activité de Recherche - IV. Archéologie", il y a une brève référence (dans le contexte de la Hongrie) à l’étude de la "Chronologie de différentes cultures" ; il y a aussi plusieurs mentions d’études scientifiques et archéologiques sur les pages Publications (Posters) et Datation Radiocarbone, mais toujours aucune allusion au SBRG, même dans la section des Liens.
Mais un document lié à un site apparaissant sous la dernière bannière, "Congressi" (Conférences), renvoie enfin à une connexion plus claire.
Cette bannière "Congressi" contient un lien vers le SAVE Heritage (Safeguard of Architectural, Visual, Environmental Heritage) (qui organise une conférence scientifique au début de juin 2011. Si on revient maintenant en haut à droite de la page d’accueil du SBRG, on trouve là un lien, sous "Articles", vers un article intitulé Il Disegno della Storia (il existe une version anglaise de ce texte, The Design of History). Les versions anglaise et italienne renvoient toutes deux à un fichier PDF, disponible uniquement en italien, intitulé également Il Disegno della Storia. Ce texte est signé Lucia Krasovec Lucas, Paolo Debertolis, Senad Hodovic [2], directeur du Musée de Visoko, et Goran Antonic, également du Musée de Visoko ; et il porte le logo du SAVE. Ce papier a-t-il été proposé, et va-t-il figurer parmi ceux acceptés pour la Conférence du SAVE en juin 2011 ?
Quoi qu’il en soit, ce papier contient cette affirmation intéressante : « La ricerca in corso interessa l’ambito territoriale di Visoko, città situata nella parte centrale della Bosnia I Herzegovina a circa 30 km nord di Sarajevo, dove si sta avviando un progetto di studio interdisciplinare in collaborazione con l’Università di Trieste, il Politecnico di Milano e il Museo della città di Visoko. » (« La recherche en cours concerne l’aire géographique de Visoko, une ville du centre de la Bosnie-Herzégovine située environ 30 km au nord de Sarajevo, où prend place actuellement un projet d’étude interdisciplinaire en collaboration avec l’Université de Trieste, le Polytechnique de Milan et le Musée de Visoko »). Donc, à nouveau, on donne l’impression au lecteur que ce projet a été réellement approuvé par l’Université de Trieste et le Polytechnique de Milan. Mais, on s’en souvient, tous les efforts pour trouver les détails de ce projet d’étude sur les sites des deux institutions ont eu jusqu’ici peu de succès. Et une recherche sur le site du Visoko Zavicajni Muzej (Musée Municipal de Visoko) révèle de même... l’absence de mention du SBRG (bien que, sur cette page, apparaisse une discussion des problèmes concernant le financement des fouilles des "pyramides" [3]. Cependant, en page 3, le rôle de l’Institut de Recherche Nucléaire de l’Académie des Sciences de Hongrie devient clair : il est chargé de la datation au carbone 14 de restes humains trouvés à proximité de pierres tombales médiévales connues sous le nom de stecak, ou stecci [4] (Espérons que les résultats de ces datations auront plus de succès que ceux des datations de bois fossile dans le tunnel de Ravne).
"Il Disegno della Storia" suggère ensuite, entre autres, que les symboles trouvés sur les stecci pourraient avoir des racines néolithiques. D’autres exemples de tels symboles peuvent également être trouvés en Sardaigne, où le SBRG s’apprête d’ailleurs à étendre ses recherches avec l’étude de sites tels que la Tomba della Scacchiera (Tombe de l’Echiquier) ; cette tombe contient des spirales peintes ayant, d’après le SBRG, une telle ressemblance avec les spirales trouvées sur certains stecci qu’il doit forcément y avoir un lien entre eux.
Mais quel pourrait être le lien entre les spirales trouvées sur les stecci et les "pyramides" ? Un article publié en février 2008 par Amer Kovacevic, PhD, sur le site de la Fondation des Pyramides de Bosnie, et mentionné dans un article d’Irna, “Bosnian Stecci : The reference to Bosnian Pyramids” [5], pose la question : « Ces stecci représentent-ils une référence aux pyramides de Bosnie, font-ils partie des pyramides ? Que représentent ces spirales à l’intérieur de la pyramide ? Sont-elles peut-être les tourbillons d’énergie mystérieuse que les académiciens russes ont mesurés l’année dernière, énergie dont ils pensent qu’elle se cache dans les structures mégalithiques ? »
Sans doute avec ce supposé lien avec une "énergie mystérieuse" à l’esprit, un deuxième article auquel renvoie la page du SBRG "Disegno della Storia", “We recorded the ‘voice’ of the Pyramid of the Sun” ("Nous avons enregistré la ’voix’ de la Pyramide du Soleil") [6], relate le séjour fait par l’équipe à Visoko les 24 et 25 janvier 2011 dans le but de transformer les ultrasons présents sur le site de la "Pyramide du Soleil" en sons audibles, en utilisant un "compandor" (compresseur-extenseur) selon la suggestion de l’expert en instrumentation du groupe, Giorgio Battistoni.
Au Royaume-Uni, l’idée de mesurer les ultrasons sur des sites anciens avait acquis une certaine notoriété à la fin des années 70 et au début des années 80, lorsqu’une série d’expériences furent réalisées sur le site des Rollright Stones, dans l’Oxfordshire, dans le cadre d’un projet connu sous le nom de "Projet Dragon". Les ultrasons, qui semblaient d’intensité maximale pendant les mois d’hiver, et parfois à certaines heures de la journée, ont été mesurés par un spécialiste de chimie minérale, Don Robins, et les résultats décrits dans son livre "Circles of Silence" ("Cercles de Silence") [7]. (Un court article sur les expériences de Robins a été publié dans New Scientist) [8]. Bien qu’il soit difficile de savoir si des conclusions, et lesquelles, ont pu être tirées de ces expériences et découvertes, l’impression générale semble être que les constructeurs de ces monuments pouvaient d’une certaine façon sentir la présence d’ultrasons et d’anomalies de radiation sur ces sites. Quoi qu’il en soit, les Rollright Stones ont continué à exercer une influence considérable sur certains chercheurs - y compris Harry Oldfield, dont le travail a été discuté par Irna dans cet article [9], et qui est aussi mentionné par le SBRG dans "We recorded the ‘voice’ of the Pyramid of the Sun".
En dépit du caractère fascinant des phénomènes qu’il tentait de mesurer, le Projet Dragon originel ne parvint malheureusement jamais à atteindre de conclusions réellement notables. De leur côté, les conclusions du SBRG concernant les mesures faites sur la Pyramide du Soleil sont que : « De tels sons ne peuvent être entendus par les oreilles humaines, et ne peuvent donc provenir que du sein de la Pyramide du Soleil ».
Mais, s’il n’y a pas de "pyramide", et s’il ne s’agit, comme cela a été affirmé par des géologues et archéologues réputés depuis plusieurs années maintenant, que d’un phénomène géologique purement naturel, alors tout ce que l’équipe du SBRG aura réussi à faire est, simplement, enregistrer des anomalies présentes dans l’environnement naturel. De plus, essayer de faire le lien entre ces anomalies et des représentations de spirales sur des dalles de pierre, largement considérées comme datant de l’époque médiévale et non du Néolithique, est un exercice semé d’embûches ; il en est de même de la tentative de les relier à des spirales trouvées en Sardaigne. Des représentations de spirales peuvent être trouvées dans de nombreuses cultures, un exemple célèbre étant celui de Newgrange en Irlande. Le SBRG va-t-il bientôt tourner son attention vers ce monument-là aussi ?...