Des scientifiques "fantômes"
Article mis en ligne le 10 juin 2006

par Irna

D’après le site de la Fondation et les nouvelles distillées par la Fondation quotidiennement, M. Osmanagic a su s’entourer, pour fouiller le site de la "pyramide du Soleil", d’une équipe nombreuse, qualifiée, et internationale. La composition de l’équipe sur le terrain était indiquée sur le site de la Fondation (un rappel de ces "comités" dans un communiqué de presse de janvier 2006 (bs)) [1]. L’organisation semble très rigoureuse, subdivisée en comités et sous-comités. Par ailleurs, les actualités de la fondation signalent de temps en temps l’arrivée prévue ou le projet de participation d’un certain nombre de scientifiques venus du monde entier.

Cependant, on peut remarquer que la composition de cette équipe, en particulier dans sa dimension internationale, change assez souvent : des noms apparaissent, puis disparaissent (malheureusement, le site de la Fondation n’étant pas recensé par l’archive d’internet, il ne reste d’autres traces de ces modifications que quelques pages temporairement dans le cache de Google, et les références à ces anciennes versions dispersées sur les nombreux sites et forums qui se sont penchés sur ces bizarreries).

A ces disparitions, dans certains cas, il y a une explication simple : certains scientifiques ont découvert qu’ils étaient nommés sur cette page comme participant au projet alors qu’il n’en avait jamais été question - tout au plus ont-ils pu avoir un ou deux échanges de mails avec M. Osmanagic, en particulier à la suite d’une annonce que ce dernier a réussi à faire passer sur le site de l’Archaeological Institute of America (en) (annonce semble-t-il retirée ensuite très rapidement par l’Institut).

Le premier exemple recensé est celui de Mrs Grace Fegan, archéologue irlandaise présentée sur le site de la Fondation comme "Senior Archaeologist" du Comté de Kilkenny (ce que Mrs Fegan nie modestement être) participant au projet. Plus grave, le site de la Fondation comportait une adresse email devant théoriquement permettre de la contacter, or Mrs Fegan ne connaissait pas cette adresse et n’avait aucun moyen de prendre connaissance d’éventuels courriers. Vous pourrez trouver le texte complet du courrier de Mrs Fegan où elle expose sa position - et s’étonne de ces bizarreries - sur divers forums, par exemple ici (en) ou là (en). Depuis cet épisode, le nom de Mrs Fegan a disparu de la liste des "experts étrangers" participant au projet de M. Osmanagic sur le site, mais on peut encore trouver trace de cette éphémère et involontaire implication de Mrs Fegan sur de nombreux forums ou sites où ont été reprises les allégations de la Fondation (voir par exemple ici (en)).

La même mésaventure est arrivée à M. Royce Richards, archéologue australien ; vous trouverez ici (en) son post sur un blog où il relate comment il a pris contact avec M. Osmanagic pour se renseigner sur le projet, et comment il s’est ensuite retrouvé, à son corps défendant, promu "expert" de l’équipe - là encore, avec un titre de "Senior Archaeologist" - sur le site de la Fondation. On y apprend aussi que M. Richards n’est pas très satisfait de voir son nom accolé à ce qu’il qualifie de "shonky attempt by a shonky person" ("shonky" (en) est un terme d’argot australien qui signifie au minimum "douteux"...).

A peu près tous les autres archéologues étrangers cités par M. Osmanagic, que ce soit sur le site de la Fondation ou dans cette interview de mai 2006 (en), semblent être un peu dans le même cas que les deux précédents : Allyson McDavid (en) non seulement ne participe pas au projet mais n’est pas archéologue, Chris Mundigler (en) semble embauché pour un projet archéologique de grande ampleur pour toute la saison 2006 et confirme (en) qu’il ne fait pas partie de l’équipe et n’a jamais eu le moindre contact avec M. Osmanagic, Bruce Hitchner (en) n’a jamais prévu d’envoyer des étudiants et professeurs participer aux fouilles... Quant à Sead Pilav, jeune archéologue suédois présenté (bs) comme "coordinateur du comité archéologique" et responsable de la "cartographie du complexe de tunnels", son nom - et sa photo - ont disparu du site de la Fondation depuis la publication de ce post (en).