Dossier Anton Parks n°3-1 : Archéologie, Art & Histoire, Mythes & Légendes
Article mis en ligne le 9 juin 2020

par Anpon Tarks

Lien vers l’article précédent : Dossier Anton Parks n°2-3 : Références « pseudo-scientifiques », mystiques, loups solitaires et études détournées


Rappel des faits énoncés dans le Dossier n°2

Dans le deuxième dossier, découpé en trois parties, nous avions exploré les sources d’inspirations d’Anton Parks en remontant à la source : les récits de science-fiction des écrivains américains du début du XXème siècle, notamment les illustres H.P. Lovecraft et Edgar R. Burroughs. Ces derniers furent les précurseurs idéologiques des théories dites plus tard des Anciens Astronautes.

Ces théories naquirent en Europe (notamment en France) dans le sillage de la conquête spatiale et furent popularisées par l’opportuniste auteur suisse Erich Von Däniken. Il est l’un des maîtres à penser de M. Parks. Lui et d’autres théoriciens aux idéologies douteuses comme Zecharia Sitchin ou David Icke ont servi de socle à la rédaction de tous les ouvrages d’Anton Parks. Ce dernier, comme nous l’avons démontré, ayant emprunté l’intégralité de ses thèmes auprès de « chercheurs indépendants » ou directement à la source, auprès des oeuvres romanesques, télévisuelles et cinématographiques. Durant notre enquête nous avons appris de source sûre (mais sans preuve écrite) qu’Anton Parks avait présenté son premier livre comme une oeuvre de fiction, bouclant la boucle pour ainsi dire…

Nous concluions en précisant dans le détail quelles étaient les sources citées par M. Parks pour bâtir son argumentaire. Nous n’avons pas là non plus été déçus : entre les chercheurs ayant dévissé, et dont les hypothèses sont largement rejetées par la communauté scientifique, les mystiques ou voyants, créationnistes et autres pseudo-scientifiques, nous avons un beau florilège de contre-exemples à ne jamais utiliser dans aucune étude qui se prétend sérieuse !

Dans le présent dossier, premier d’une longue série, nous allons rentrer dans de nouveaux domaines : l’histoire, l’archéologie, la mythologie en général. Nous allons montrer qu’à l’instar de la linguistique, Anton Parks, fait montre d’un amateurisme prononcé ne rassurant pas sur la qualité de ses études… déjà bien entachées par les conclusions de nos précédents articles !

À l’inverse des deux premiers dossiers, nous allons à présent procéder par petits bulletins sur des points précis abordés par M. Parks. Le dossier sera plus éclaté tant dans le temps que sur la forme ; la fréquence de publication de ces bulletins sera moins soutenue que pour les premiers dossiers et leur contenu variable : allant d’un « déboulonnage express » à une étude plus poussée.

Attention  : nous tenons à préciser que même si nous qualifions à longueur de dossier les Chroniques du Girku d’œuvre littéraire et de romans, Anton Parks se défend d’écrire de la science-fiction et présente bien ses Chroniques comme l’histoire véritable de notre passé et ses essais comme des recherches « scientifiques » démontrant la véracité de ses visions.

Nous sommes « Anpon Tarks », « les extrémistes de la Vérité vraie » (dixit Anton Parks, le 14 mai 2020 sur NuréaTV).

La preuve par [U.145]9[7] ou l’évidence d’une présence extra-terrestre à Sumer

Anton Parks apporte peu de preuves de la présence et des interventions des Aliens reptiliens (les fameux Gina’abul) dans le passé de l’humanité.
Selon ses écrits et ses dires, les dieux de l’espace ont été parmi nous de la préhistoire au Moyen Âge. Mais, pourtant aucune description orale, écrite ou figurée n’est parvenue jusqu’à nous.

La linguistique, principale fondation de l’argumentaire de M. Parks, n’ayant pas résisté à nos assauts, il ne lui reste que de minces éléments de preuve pour convaincre son lectorat. Parmi ceux-là nous trouvons des éléments archéologiques. L’un d’eux en particulier a attiré notre attention et nous tenions à commencer notre déboulonnage par celui-ci.

Anton Parks a attendu la publication du tome 3 de ses Chroniques pour l’exposer à ses lecteurs. Tout un chapitre de son livre est dédié à cet élément qu’il appelle « La preuve formelle : U.14597 » [1] Qu’est-ce donc que ce mystérieux U.14597 qui démontrerait formellement et sans détour la présence des Gina’abul en ancienne Mésopotamie ? Laissons la parole à l’auteur :

« Il s’agit d’un sceau sumérien trouvé dans la fameuse ville d’Ur. Son numéro de catalogue est U.14597. Il appartient à l’University Museum of Pennsylvania (à Philadelphie, aux É.-U.), et il y est référencé sous le code "CBS.31.16.603". Ce cylindre a été catalogué par l’assyriologue français Léon Legrain (1878-1963), qui avait quitté la France en 1921 pour s’établir aux États-Unis et y prendre les fonctions de conservateur de ce musée. Voici donc le cylindre qui sert de caution à mes énigmatiques Gina’abul (lézards) et, bien entendu, aux nombreuses figures reptiliennes du monde entier telles que celles des périodes d’Oueili (vers 6500 av. J.-C.) et d’Obeïd, en Irak. C’est ainsi la première fois que ce cylindre est dévoilé à un public non scientifique. »

Il présente de nouveau publiquement cette preuve dans son interview du 14 mai 2020 au média new-age NuréaTV sur Youtube :

Rappelons que les sceaux-cylindres du Proche-Orient sont pour nous une source cruciale d’informations sur l’histoire, la culture et la religion de l’ancienne Mésopotamie. Depuis Uruk jusqu’à Babylone, les sceaux ont été utilisés à diverses intentions. Ils étaient essentiels pour valider une transaction commerciale ou s’engager dans une action légale ou administrative. Fonctionnant globalement comme une signature moderne, l’impression du sceau confirmait la présence de son propriétaire et son accord « gravé » littéralement dans la pierre. Les sceaux étaient aussi des objets de prestige importés et exportés partout dans la région, constitués de pierres parfois semi-précieuses et gravés d’images chargées de sens historique et culturel, portant souvent un puissant symbolisme. Les sceaux-cylindres étaient tout autant des œuvres d’art, des outils administratifs que des amulettes, aux propriétés surnaturelles.

A gauche, un sceau-cylindre (Oriental Institute Museum, Chicago, OIM A 27902) daté de la période pré-dynastique montrant une femme donnant naissance, et à droite son impression sur argile.

Les scènes présentes sur les sceaux étaient variées, souvent de nature mythologique et rituelle impliquant mortels, divinités, monstres, génies, démons, animaux, plantes, palais et objets. Les dieux étaient les entités les plus fréquemment dépeintes sur les sceaux, reconnaissables à leur coiffe à corne, sinon à leur pose et attitude selon le contexte quand la coiffe est absente. Quand des mortels sont figurés sur les sceaux, ils sont généralement des membres de la monarchie ou des personnages génériques (héros, prêtres, serviteurs…) lors de scènes elles-mêmes génériques : banquets, combats, scènes de présentation aux dieux (pour les rois), scènes de la vie quotidienne. A partir de l’époque Jamdat Nasr (de 3150 ou 3100 à 2900 av. J.-C.), les femmes mortelles apparaissent lors d’épisodes de la vie quotidienne où elles effectuent des travaux manuels comme la confection de vêtements ou la réalisation de poteries. Pendant les premières périodes dynastiques et paléo-akkadiennes, les reines sont montrées en plein banquet avec le roi, participant au culte officiel, et recevant des subordonnés en audience. Il existe également des exemples d’activités sexospécifiques, telles que les femmes qui accouchent ou participent à des ébats érotiques. [2]

Le sceau-cylindre présenté par Anton Parks et son contenu sont tellement rares et exclusifs, qu’une rapide recherche sur Google nous en donne l’accès gratuitement : http://www.etana.org/sites/default/files/coretexts/20144.pdf (référence 368 dans le catalogue).

Le sceau, ou plutôt son impression sur argile [3], évoqué est le suivant (nous nous y référerons simplement par le terme « sceau » dans la suite de l’article) :

Ce sceau qui ne présente rien de particulier au premier abord est la preuve ultime de M. Parks, il déclare qu’il a « beaucoup de mal à croire que certains spécialistes n’auraient pas remarqué ce document avant [lui] ».

La description qui en est faite par Léon Legrain est la suivante (traduction depuis l’anglais par Anton Parks) :

« Scène maritale. Une femme est courbée au-dessus de deux pots qu’elle essaie apparemment de soulever de terre. Une deuxième femme retient sa tête par ses tresses, pendant qu’un mâle ithyphallique saisit la première femme par derrière et par les épaules. Les deux femmes portent des longs cheveux et une jupe en lainage. Le mâle est nu. Sa tête étirée a un profil animal saisissant. La présence d’une barbe et de cheveux est incertaine. Derrière lui, un enfant est assis sur un tabouret bas, il tient vers le haut un objet rond, une tasse ou du pain. Il y a un deuxième couple marital au-dessus (en haut à gauche) et beaucoup de petites figures dans le champ […] »

Anton Parks omet la description complète de Léon Legrain. Celle-ci se finit par (traduction de notre fait) :

«  : un scorpion, une jarre à bec, des morceaux de pain ronds, un croissant, et encore le curieux damier de neuf carrés inscrits dans un cercle (référence n° 291). Rosace à huit pétales à l’extrémité du cylindre. [4] »

Nous verrons en quoi cet oubli (certainement volontaire) est important pour la suite.

Anton Parks complète la description de Legrain en orientant le lecteur vers ses hypothèses :

« Ce qui saute aux yeux, c’est cette physionomie de reptilien qui ressemble tant à celle des représentations d’Oueili et d’Obeïd ; vous pourrez le vérifier grâce aux références indiquées plus haut et aux deux photographies figurant dans cette étude. »

Les photographies en question montrent les fameuses figurines en terre-cuite de la culture d’Obeid dont nous avons discuté dans notre précédent dossier. Nous avons rapidement conclu au caractère cultuel de ces statuettes ; celles-ci représentant des hommes et non des dieux reptiliens ! Nous ne reviendrons pas sur ce sujet, ce serait une simple perte de temps.

Après quoi M. Parks s’en prend par avance aux détracteurs qui verraient dans cette scène le récit d’un voyage astral et en appelle également à la théorie de l’inconscient sexuel de Freud… Pourquoi aller si loin pour se justifier ?

Il enchaîne sans détour :

« Vous noterez ci-dessous que l’auteur de ce sceau a pris toutes les précautions du monde pour coder, à l’aide de figures et de signes sumériens archaïques, l’identité du personnage central, à savoir un ŠUTUM ou GINA-AB-UL, donc un lézard. C’est un peu comme aux premiers temps des monothéismes juif et chrétien (et même avant !), lors desquels était interdit de citer le nom de Dieu ou de le représenter directement. Le sculpteur de ce cylindre a cependant brisé le tabou concernant l’aspect, puisque le "dieu" est clairement représenté, sauf que le terme de "Gina’abul" ("lézard") est effectivement codé dans le dessin. »

Un mystérieux rébus

La non-représentation des dieux en ancienne Mésopotamie est purement spéculative, voire parfaitement ridicule lorsque l’on connaît le nombre de figurations divines sur les reliefs, parements, et sceaux-cylindres produits par les Sumériens (puis les Akkadiens, Assyriens, Élamites, Babyloniens après eux)… Les dieux étaient littéralement liés à la vie quotidienne des habitants de la région.
Quant à voir un lézard au milieu de l’illustration, il faut faire preuve d’imagination. Et quand bien même le sculpteur aurait voulu dépeindre un lézard, pourquoi s’agirait-il d’un dieu ? Parce le dessin est « codé » comme l’affirme M. Parks. Le cylindre décodé par l’auteur ci-après :

Mais bon sang, mais c’est bien-sûr ! Les Gina’abul… Nous présentons nos plates excuses à M. Parks pour nos charges véhémentes à son encontre. Nous reconnaissons platement notre erreur et admettons, comme lui, que cette preuve est formelle, sans appel et … parfaitement risible !

Les reproductions (fac-similés) en noir sur blanc sont esthétiques (et essentielles !) mais ne remplaceront jamais les impressions originales. Ci-après constatez l’impression d’argile du sceau-cylindre en question et constatez son état de conservation :

C’est bien sur cela que l’auteur des Chroniques du Girku juge de la présence certaine et assurée d’Aliens reptiliens sur Terre…
Anton Parks s’explique (accrochez-vous…) :

« Le codage a été rendu possible grâce à l’utilisation d’un enfant (à gauche), Dumu en sumérien. Or, le signe archaïque sumérien DUMU se confond avec le terme GINA, ces deux mots exprimant les définitions suivantes : "véritable", "véridique", et "enfant". Au milieu de la scène figure notre reptilien. Pour être certain que ce dernier soit associé à un dieu, l’auteur y a placé un soleil (au milieu, en haut), sauf que cet astre est totalement inhabituel. De mémoire de chercheur, aucun soleil n’a jamais été gravé de cette manière sur un cylindre. Un seul signe archaïque sumérien consiste en un tel quadrillage entouré d’un cercle, il s’agit du mot AB, aba ou AD (Ad-da), dont l’équivalent akkadien est Abu. Ce mot veut dire à la fois "père", "ancêtre(s)" et "puissance paternelle". Placé ainsi près du dieu reptilien, nous comprenons que le personnage central est un père, un ancêtre qui détient la puissance paternelle. Voilà qui est on ne peut plus limpide ! On a au final, à l’extrême droite, une fleur ou un bouton de fleur. Ici encore, l’artiste a suggéré dans un dessin le terme qu’il voulait exprimer. Il n’utilise cette fois-ci pas un signe archaïque sumérien, mais un idéogramme en forme de fleur ou de bouton de fleur : ce terme se dit UL en sumérien. Or, le UL sumérien exprime à la fois "la fleur", "le bouton de fleur", mais aussi "la splendeur", "la magnificence", "une étoile", le fait de "briller"... Ce bouton de fleur se trouve sur plusieurs sceaux d’Ur, et exprime à chaque fois la magnificence ou la splendeur. Ainsi donc, et d’une façon totalement astucieuse, le créateur de ce cylindre a réussi à y introduire le nom interdit des dieux reptiliens de Sumer, les GINA-AB-UL, à savoir les "véritables ancêtres de la splendeur". »

Vous le sentez le mille-feuille argumentatif ?

En premier lieu, M. Parks pratique le « Cherry picking [5] » ou « cueillette de cerise », en choisissant spécifiquement ce sceau parmi des centaines au sein de cette collection en provenance d’Ur.

Ensuite il affirme péremptoirement que l’enfant est traduit par DUMU alors que nous avons vu dans le premier dossier consacré à la linguistique et la sémantique que les natures polyphonique et homophonique de la langue et de l’écriture sumérienne permettraient de traduire le terme enfant par d’autres mots comme TUR au lieu de DUMU. Il associe ensuite arbitrairement DUMU à GINA, parce que cela l’arrange pour commencer sa phrase, oubliant le sens de l’enfant, du petit, par celui de « véritable ». Mais est-ce légitime ? Pas du tout.

Remontons le courant et suivons le raisonnement de M. Parks, il a dû utiliser comme à son habitude son lexique sumérien favori : le Manuel d’épigraphie akkadienne de René Labat [6] et y a trouvé à l’entrée 144 la définition de DUMU. A la même entrée est notifié le signe traduit par le mot GENNA (et non GINA, mais peu importe, disons que les deux étaient confondus) signifiant « régulier » ou « constamment ». DUMU n’a par ailleurs jamais voulu dire « véritable » ou « véridique » comme il l’affirme. Si DUMU et GENNA sont sur la même entrée c’est certainement parce que leur forme scripturale finale (forme classique ou néo-assyrienne) est ressemblante. Mais si nous remontons progressivement les évolutions respectives des deux symboles (depuis la forme classique jusqu’à la forme en sumérien archaïque) nous voyons que leur parcours est bien différent :

Sur la ligne supérieure, nous avons le mot DUMU (« fils », « enfant ») depuis sa forme idéographique (sumérien archaïque) jusqu’à ses formes en assyrien récent (au-dessus des pointillés) et babylonien récent (au-dessous des pointillés).

Sur la ligne inférieure, le sumérogramme archaïque en forme de sac ou de vase se traduit phonétiquement en GENNA (« régulier » ou « constamment »). Également, vous pouvez mesurer son évolution à travers les époques durant les nombreux siècles qui ont séparé les Sumériens des Assyriens.

Vous constaterez que le parcours des deux signes est très différent, même si leur forme classique est ressemblante (à gauche DUMU et à droite GENNA), l’on pourrait presque parler d’homographe :

Sans parler du fait que cette ressemblance tardive n’a aucun sens dans le contexte d’usage du sceau-cylindre : en effet à l’époque de la confection et de l’utilisation du sceau et de ses impressions sur argile, ces mots n’étaient pas ressemblants du tout ! Durant la période Jamdat Nasr (de 3150 ou 3100 à 2900 av. J.-C.), seuls les pictogrammes archaïques étaient en usage et il était impossible de les confondre comme vous pouvez le voir ci-dessus en comparant les sumérogrammes à l’extrême-gauche de la reproduction du Manuel d’épigraphie akkadienne de René Labat.

Anton Parks se saisit de cette coïncidence sans tenir compte ni du sens, ni de l’évolution, ni même de la prononciation exacte des symboles pour arriver à ses fins ! Tout comme il a ignoré toute forme de grammaire lors de ses « traductions » des tablettes CBS dans son essai Eden…

Finissons par dire que GENNA, comme valeur idéographique, se trouve UNIQUEMENT dans les textes scientifiques comme des tablettes de mathématiques ou d’astrologie/astronomie (il n’y avait pas de différences pour les anciens Mésopotamiens). Il est donc impossible de trouver son usage au sein d’un sceau-cylindre à valeur érotique ou cultuelle.

Si nous partions du même principe que M. Parks, nous pourrions transformer dans une traduction le terme défini en « soldat » (mot sumérien : ERIN2) par « lumière » ou « briller » (mot sumérien : ZALAG2) (éléments qui n’ont rien à voir évidemment !) simplement parce que le même signe, sous sa forme néo-assyrienne, est utilisé pour définir les deux éléments. Et une fois encore, si nous remontons à la source, la version scripturale sumérienne archaïque, les deux homographes néo-assyriens n’ont pas du tout la même forme ! Le hasard a voulu que leur forme écrite finale soit la même, bien qu’ils n’aient rien à voir l’un avec l’autre. Mais peut-être qu’Anton Parks y trouverait son compte pour un autre rébus où le soleil (lumière) deviendrait une troupe armée… du fait que les deux signes « se confondent ». [7]

Ci-dessus l’homographe néo-assyrien des mots sumériens ERIN2 et ZALAG2 signifiant respectivement « soldat ou mercenaire » et « briller, brillant ou lumière voire le Soleil ». Anton Parks verrait certainement un lien entre les deux éléments du fait que le hasard ait voulu que leur forme écrite finale soit la même. Peut-être que les « soldats » des Gina’abul avaient une base secrète sur le « Soleil »…

Il enchaîne ensuite avec son rébus. C’est un reptilien, c’est ainsi. Ne posez pas de questions ! Il ne peut en être autrement. Évidemment sinon tout son rébus protohistorique tomberait à l’eau !
Et c’est un dieu parce… une « tarte au pomme » stylisée est placée au-dessus. Au-dessus de lui ? Non : au-dessus de la femme violée (affirmation du viol de la part d’Anton Parks parfaitement péremptoire une fois de plus, nous y reviendrons). Du coup, la femme serait une déesse ? Non, c’est une esclave ! Vous suivez ?...

Pourquoi ce n’est pas un reptilien. Parce que vous avez déjà vu un reptile avec des poils ? Sur le sceau le personnage masculin possède barbe et cheveux…
Ensuite l’aspect, le profil « animal » est tout relatif.

L’on pourrait affirmer que la femme penchée à une tête de tortue et que celle de droite un faciès d’oiseau. Sont-ce donc des extraterrestres d’autres planètes ?

Prenons les entrées 367 et 369 (respectivement reproduites ci-dessous) du catalogue dressé par Léon Legrain :

Entrée 367 du catalogue de Léon Legrain
Entrée 369 du catalogue de Léon Legrain

Nous retrouvons deux scènes à caractère sexuel ignorées par Anton Parks. Dans la première nous pourrions y voir clairement un Alien de type petit gris s’accoupler avec une femme-lapin.

Dans la seconde, de nouveau, une femme-lapin est soumise à une relation sexuelle avec un homme « au profil animal saisissant » et chauve. L’homme est assisté dans son entreprise par une autre femme-lapin qui tient la première par ses longues oreilles !

Ridicule ? Pourquoi ?... Voyez aussi cette femme-canard qui semble communiquer sans fil via un émetteur-récepteur Gina’abul (document 40) commandant aux bouquetins de s’activer dans les montagnes :

Document 40 des excavations d’Ur de Léon Legrain
Nous y voyons clairement une femme-canard (Legrain voit un homme) parler dans un appareil technologique de transmission sans fil afin de piloter les puces RFID implantées dans les cerveaux des bouquetins… afin certainement de brouter dans des zones opportunes des flancs montagneux alentour !

Remarquez que les yeux de tous les personnages sont exagérément gros. Ces figurations sont évidemment grossières et réalisées sur de tout petits sceaux-cylindres, ne permettant de faire dans le détail.

Pour en finir avec cette scène de pseudo-viol, notons qu’il existe nombre de plaques d’argile (parsemant l’histoire de l’ancienne Mésopotamie) représentant des scènes équivalentes où des « femmes libres » sont représentées dans des positions équivalentes, parfois assistées par un troisième personnage (masculin ou féminin).

Quant aux yeux de type reptilien, nous les retrouvons dans d’autres représentations comme l’entrée 378 du catalogue de Legrain :

La femme de gauche, dans cette scène agricole, est-elle une déesse Gina’abul revenant des champs allant offrir du blé au… dieu ? Je vous laisse juger.

Soleil et Rosaces

Ensuite, selon M. Parks, c’est un dieu (reptilien) parce qu’un soleil se trouverait au-dessus de lui et que ce signe dans sa forme archaïque n’aurait qu’une seule définition, celle de AB ou AD-DA signifiant « père » ou « ancêtre ». Le personnage central est certainement un homme mais rien ne prouve qu’il soit un « ancêtre » ou un « père » comme le suggère Anton Parks, ce qui ne l’empêche pas d’associer ce personnage à la particule AB.
Une seule chose est vraie : le vocable AB peut se traduire, dans une seule de ses formes, par « père » ou « ancêtre ». Tout le reste est faux ou approximatif.

En premier lieu ce « soleil » n’est pas placé au-dessus du personnage masculin mais au-dessus de la femme penchée. Ensuite ce symbole n’est pas inhabituel, c’est un damier dans un cercle et nous en retrouvons ailleurs comme à l’entrée 291 du catalogue de Legrain, par exemple. Enfin, ce n’est pas un signe sumérien avec une définition exacte, nous n’en trouvons trace nulle part ! Ce n’est pas le signe archaïque définissant le soleil. Le soleil possédait deux représentations en ancienne Mésopotamie qui sont les suivantes (à gauche sous sa forme sumérienne archaïque (idéographique) et à droite sous sa forme symbolique, c’est aussi ainsi que l’on figurait le dieu-soleil UTU des Sumériens) :

Aucune des deux ne ressemblent à la « tarte aux pommes » que M. Parks présente comme le soleil. Le terme AB ou AD-DA n’a pas non plus dans ses plus anciennes formes scripturales la forme de ce soleil stylisé…

Enfin, le bouton de fleur à la fin du sceau est compris par Anton Parks comme un UL.
Là encore, l’auteur des Chroniques mène ses lecteurs en bateau…
Le vocable UL existe et il signifie bien « fleur, boutons de fleur, magnificence, beauté… », en revanche il n’a pas cette forme scripturale. L’on pourrait dire alors que c’est une forme symbolique comme la figuration du dieu-soleil UTU des Sumériens… ?

Mais il n’en est rien. Ce n’est pas un bouton de fleur mais une rosace à huit pétales. L’on retrouve un certain nombre de ces rosaces dans la même collection de sceaux-cylindres et impressions sur argile déterrés à Ur (et ailleurs !) aux formes les plus variées et attestées à différentes périodes. Les voici isolées avec les références des documents auxquels elles appartiennent dans la collection de Legrain :

Celle qui apparait dans la « preuve formelle » d’Anton Parks apparaît également sur sept autres documents. En voici quelques exemples :

Évidemment ce que fait Anton Parks pour mieux orienter son lectorat vers ses hypothèses, c’est sortir un élément de son contexte, classique avec les théoriciens des Anciens Astronautes. Dès que l’on re-contextualise les éléments, le rideau tombe. Dans ces quatre exemples, nous retrouvons la fameuse « magnificence » du rébus mystérieux décodé par M. Parks. Excepté que, sans le dieu reptilien en plein centre, le caractère Gina’abul disparaît ! L’on retrouve des serpents en 286, mais aussi un veau en 382 et des scorpions en 382 et 456… Les yeux des personnages figurés ont tous l’air exaltés. La nudité est aussi présente en 351, 286 et supposément en 382. En aucun cas il viendrait à l’idée, même à un adepte de Sitchin, de Icke ou de Parks de qualifier ces personnages de dieux reptiliens…

La scène du document 286 représente un héros victorieux face à des ennemis en souffrance.
La description de Léon Legrain est en note de bas de page, traduite par nos soins. [8]

Dans la scène du document 382 nous assistons à un banquet où une femme est honorée. Elle est servie par des domestiques nus et chauves. Des signes apparents de pouvoir et fortune sautent aux yeux : tabouret à pied de taureau, jarre à bec, tête de taureau, veau et scorpion. Description complète en bas de page une fois encore. [9]

Le document 351 nous présente une scène à portée plus religieuse ou spirituelle avec une figure humaine nue dans un temple. Traduction complète en bas de page. [10]

Enfin reparlons du 378 évoqué plus haut pour évoquer les yeux de la femme à l’extrémité gauche du sceau. Celui-ci présente également une rosace à huit pétales. Il s’agit d’une procession de quatre individus procédant à une offrande de fruits de la récolte (blé) et de la pêche (poisson).

Rien ne s’apparente bien entendu à un rébus révélant la présence de dieux reptiliens qu’il serait interdit de représenter comme la proposition d’Anton Parks veut nous le faire croire.

Suivez l’étoile du berger…

Nous allons tenter de résoudre l’énigme que nous présente l’auteur des Chroniques du Girku.
Comme vous l’avez déjà compris son interprétation est fallacieuse : il ignore la description complète du sceau qu’il décrypte pour son lectorat, choisit arbitrairement des éléments de la scène auxquels il accole des définitions douteuses : enfant = DUMU = GINA (et non GENNA, ce qui était déjà bancal comme association comme nous l’avons démontré, GENNA voulant dire « régulier » et non « véritable ») ; personnage masculin est un « père ou ancêtre » (simplement un homme !) et c’est un dieu-reptilien (arguments démontés de la « tarte aux pommes » et des yeux d’animal) et la rosace finale serait un UL (ce que contredit l’analyse du sceau dans son contexte) et il ignore des éléments importants ! Pourquoi les femmes ne rentrent-elles pas dans le rébus ? Pourquoi la jarre à bec, les pots et les morceaux de pain sont-ils ignorés (ou alors analysés après coup dans un sens fantasmagorique…) ? De même que le scorpion, le triangle à côté du jeune enfant ou le croissant de lune ?

Peut-être simplement parce qu’Anton Parks ignore ces aspects essentiels de la symbolique culturelle d’ancienne Mésopotamie.

Ce qui va suivre est purement interprétatif de notre part et ne repose que sur notre jugement personnel. N’en faites pas une vérité. D’autres hypothèses peuvent compléter voire contredire les affirmations suivantes.

Tout semble nous orienter vers Vénus et sa figuration divine Inanna/Ishtar en ancienne Mésopotamie. Ishtar est d’origine sémitique et s’est par syncrétisme progressivement fondue dans la Inanna purement sumérienne. Les deux déesses ayant peut-être une origine commune.

Le syncrétisme entre Ishtar et Inanna est le résultat d’une décision politique et religieuse du roi Sargon d’Akkad qui avait unifié Sumer et Akkad dans un même empire. Il a unifié les pays et unifié la religion.

A l’époque des dynasties archaïques, Inanna était une divinité de la pluie et des greniers à blé. Petit à petit ses prérogatives vont s’étoffer. Elle n’est pas à proprement parler une divinité de l’amour mais une divinité de la sexualité (qui englobera finalement le sentiment amoureux). Elle est également associée à la violence : sexuelle, physique ou celle des éléments. Comme beaucoup de déesses-mères, elle enfante et protège le roi : son rôle la menant tant à nourrir le roi à son sein (voir les nombreuses figurations orientales de ce motif tant en ancienne Mésopotamie qu’en Égypte) qu’à le protéger tout au long de son règne ; revêtant alors ses habits guerriers pour défendre le royaume de ses opposants.

C’était donc une déesse de la guerre mais surtout de l’amour. Présidant à l’amour matrimonial, à la fertilité (hommes, plantes, troupeaux) et à l’abondance dans les invocations les plus archaïques, elle encadre donc les activités sexuelles en général, devenant notamment la patronne des prostituées. Elle est invoquée dans des prières visant à obtenir l’amour d’un être désiré, de même que dans des rituels visant à lutter contre l’impuissance sexuelle ou pour enfanter. [11]
On lui dédiait des objets votifs dans certains de ses temples comme des triangles pubiens. [12]
Dans le célèbre mythe d’Inanna et Dumuzi, les mouvements de la déesse entre le monde des morts et la Terre symbolisent le cycle des saisons et le retour à la vie au printemps.
Rattachées au culte d’Ishtar, des représentations en terre cuite de femmes nues et de couples en pleins ébats ont été mises au jour dans les temples dédiés à la déesse. [13]
Parmi ses symboles nous trouvons le scorpion, animal associé à la fertilité en ancienne Mésopotamie [14], mais aussi le croissant de lune, qu’elle partage avec son père, le dieu Nanna-Sîn, ou encore l’étoile à huit branches ou rosace à huit pétales !

En avons-nous dit assez ? Rejetons un oeil sur le document « exclusif » de M. Parks :

Que voyons-nous ?
Des symboles de la déesse Inanna/Ishtar : rosace à huit pétales, croissant de lune, scorpion voire triangle pubien au-dessus de l’enfant. Le symbole du scorpion a été absorbé semble-t-il par Ishtar lorsque le syncrétisme avec la déesse pré-sémitique de l’amour Ishara s’est opéré. En provenance du nord de la Syrie (Ebla) [15], Ishara correspond au firmament à la constellation du Scorpion. [16]

Que décrit la scène ? Un acte sexuel. Un viol ? Certainement pas, jetez un oeil à cette plaque en terre cuite d’époque paléo-babylonienne représentant un couple faisant l’amour (Musée d’Israël, Jérusalem). Même si l’acte paraît imposé selon le point de vue de M. Parks, nous ne le partageons pas et pensons qu’il est consenti.

Plaque votive à portée érotique (période paléo-babylonienne) interprétée comme une preuve des rituels de « mariages sacrés », soit une scène mythologique rejouée où le roi de l’époque endossait le rôle de Dumuzi (consort d’Inanna) et une prêtresse d’Inanna incarnait celui de la déesse. [17] Cette union devait assurer la fertilité globale du pays, en rapport avec le mythe de la descente aux Enfers d’Inanna et avec la lecture allégorique du cycle des saisons et de la renaissance périodique de la Nature. [18]

Voici ce qu’en dit Anton Parks :

« La scène centrale représente un accouplement, et je dirais quant à moi qu’il s’agit plutôt d’un viol. La femme placée à l’extrême droite tient la femme ployant sous sa charge par les cheveux, alors que le Gina’abul (lézard) profite de sa position pour la féconder (sic !). Nous avons ainsi la preuve formelle que certains humains travaillaient pour le compte des dieux – l’autre partie du message étant que l’humanité travaille pour ce père, ou ancêtre. »

Bon.
Ce n’est pas fini, mais commençons par là.
Comme nous l’avons vu ce n’est pas un viol, quant à la fécondation entre espèces Alien et endémiques à la Terre nous y reviendrons dans un dossier consacré à la génétique. Alerte divulgâchante : théoriquement impossible.
Pour Anton Parks la femme de droite est « complice » du viol, les deux femmes étant des esclaves au service des dieux reptiliens… Là encore RIEN ne dit cela.

Par contre, ce que ça dit c’est que la sexualité est présidée par Inanna/Ishtar.
Si nous reprenons les autres sceaux ou impressions présentant la rosace à huit branches consacrée à la déesse, nous trouvons : un acte guerrier (elle présidait aussi aux actes guerriers) ; une scène abstraite et/ou incomplète contenant un scorpion (autre symbole de la déesse) ; une scène de banquet en honneur d’une « femme », chose rare en ancienne Mésopotamie à cette période, il semblerait plutôt que les domestiques soient au service de la déesse de l’amour elle-même (ou plutôt d’une reine l’incarnant) et enfin un personnage nu un sein d’un temple ou d’un sanctuaire (sachant que la prostitution sacrée se pratiquait dans les temples consacrés à la déesse [19]). Sans oublier la procession d’offrandes : rappelons que Inanna/Ishtar est une déesse de la prospérité et de l’abondance qui présidait aux graines, aux semences et au bétail.

Continuons, nous voyons des pains, une jarre à bec, des pots et un enfant. Soit de l’abondance alimentaire et le résultat de la fertilité humaine. Inanna ne présidait-elle pas à la fertilité tant humaine qu’agricole ? Du reste, la jarre peut être aussi vue comme un symbole de création puisque le mot paléo-babylonien MUD répondait à la fois aux définitions de « créer » comme à celui de « jarre » ou de « pot ».

La femme de droite pourrait être comprise comme une incarnation d’Inanna elle-même qui adouberait l’acte de procréation entre l’homme et la femme devant elle. Cet acte ayant pour finalité l’enfant présent aussi dans la scène. Devant la femme qui s’accouple se trouvent des petits pains ainsi que des pots qu’elle saisit durant l’acte. Quant à l’enfant, il consomme également ce qui semble être du pain ; nous optons pour du pain puisque de même forme et taille que ceux présents devant la femme aux pots. Legrain hésitait avec un gobelet ou une tasse.

Quelle est maintenant l’interprétation de M. Parks :

« À gauche, nous trouvons un petit être qu’on imagine facilement être un enfant, et plus précisément l’enfant issu de cet accouplement interespèces. Plusieurs éléments nous permettent de le déduire, dont les deux qui suivent : l’enfant tient une sphère entre les mains et son dos est surplombé par une ombre. La sphère n’est sans doute pas un morceau de pain comme le pensait Léon Legrain, mais plutôt ce que j’appelle dès le tome 1 des Chroniques un Gúrkur ("sphère du Kur"), un appareil qui émet différents niveaux de fréquences et permet de voyager dans le Kur. Je rappelle que le Kur comporte les dimensions adjacentes à la dimension dans laquelle nous évoluons. »

On dérape ? On dérape… !
Donc nous étions d’accord avec Anton Parks jusqu’à ce qu’il évoque l’accouplement inter-espèces et la sphère de voyage inter-dimensionnel (sic !). Il semble évident pour lui que c’est le genre de jouet qui devait beaucoup amuser les enfants durant l’Antiquité ! Par contre, le risque était qu’ils se retrouvent coincés dans un plan astral peuplé de gnomes ou de dinosaures…

Redonnons la parole à l’auteur :

« Le second élément qui nous démontre que cet enfant provient bien de l’accouplement du Gina’abul avec la femme humaine est la présence de cette ombre étrange dans son dos. Et c’est à son tour David Icke qui apporte tout son sens à cette ombre, après avoir dit plus haut à propos d’individus nantis de gènes reptiliens : "...Si vous pouviez voir au-delà des jeux de fréquences de la lumière visible, vous pourriez alors voir une autre entité qui ‘ombre’, qui adoube, qui surplombe en quelque sorte l’apparence humaine de ces leaders et ces grands dirigeants du monde...". Conformément à l’information d’Icke, l’enfant hybride et inter-dimensionnel est bien surmonté d’une ombre ! »

Donc le scorpion parfaitement identifiable et déjà identifié par Léon Legrain (dont Anton Parks ignore la traduction qui en fait état) sur le sceau serait selon M. Parks qui reprend M. Icke, une ombre inter-dimensionnelle qui surplomberait les hybrides reptiliens-Homo-sapiens qui dirigent le monde.

Quant au couple en plein ébat au-dessus de l’enfant, voici ce qu’en dit l’auteur des Chroniques du Girku :

« Une autre information importante apparaît juste au-dessus de cet enfant et du triangle (en haut, à gauche) : on distingue une silhouette (ou une entité éthérique) qui se jette sur un humain. Libre à chacun d’interpréter cette représentation comme il le voudra. De mon côté, étant donné que je connais parfaitement le caractère archontique des Anunnaki (ou de leurs descendants), je vois dans ce dessin une entité inter-dimensionnelle qui agit comme le ferait un prédateur. Cette scène est justement placée au-dessus du reptilien et de sa progéniture, ce qui veut dire que ce pouvoir leur est spécique à tous les deux. »

Ou l’on a deux personnes qui font l’amour. Nous vous laissons le choix de vous raser avec le rasoir d’Ockham ou pas !

Conclusion

La déesse Inanna/Ishtar est celle dont la présence attestée est la plus ancienne en ancienne Mésopotamie.
Dans ses temples l’on trouvait des objets votifs censés apporter la fertilité comme des triangles pubiens mais l’on y a mis aussi au jour des figurations en terre cuite d’actes sexuels. L’un de ses symboles était le scorpion, signe local et culturel de fertilité.

Le chercheur néerlandais Tom van Bakel nous rappelle que dans la croyance populaire de l’ancien Orient, la vie provenait des Cieux. Le Soleil, la Lune, les étoiles et même certaines constellations avaient le pouvoir de faire naître les enfants. Il rappelle que les sceaux figurant des scorpions pouvaient tout autant représenter des crabes, et vice-versa. Le scorpion-crabe étant ainsi le symbole du signe zodiacal du Cancer.
Selon lui, si le scorpion est un symbole de fertilité, c’est parce qu’entre 4320 et 2160 BCE, le signe du Cancer était visible dans le ciel juste avant le lever du Soleil, faisant de ce signe un « apporteur de vie ». [20]

Nous trouvons cette dernière explication un peu trop capillotractée à notre goût.
Nous préférons simplement penser que le scorpion était un symbole de fertilité car l’un des rares animaux à pouvoir se multiplier dans les zones infertiles qu’étaient les déserts et qu’il devint naturellement le symbole de la déesse pré-sémitique Ishara (présidant à l’amour et à la guerre) de par son arme naturelle de défense et d’attaque, son dard.

Les prières adressées à la déesse de la guerre et l’amour en appelaient à son pouvoir pour séduire l’être aimé, tomber enceinte, fertiliser les cultures, faire se multiplier les troupeaux ou encore galvaniser les troupes avant un conflit.

Nous vous posons à présent la question. Quelle version de l’interprétation de ce sceau d’Ur U.14597 est la plus rationnelle à vos yeux ?

La nôtre démontrant la présence à peine masquée de la déesse Inanna/Ishtar via ses symboles et invocations : rosace à huit pétales (symbolisant le royaume végétal sur lequel régnait la déesse), scorpion, abondance/fertilité, actes sexuels dont l’un pratiqué par un homme aux aspects d’animal semble-t-il (les hommes et femmes sous forme animale représentaient symboliquement le troupeau de la déesse). [21]

Ci-après le sceau numéroté 384 par Legrain montrant le genre de scène où les hommes sont figurés en animaux, représentant le troupeau d’Inanna/Ishtar :

Selon Anton Parks les hommes sont représentés comme des bovidés sur les documents d’agile de l’ancienne Mésopotamie pour souligner leur rôle de bétail pour les Gina’abul. [22]
Que dire alors de la pléthore d’animaux dessinés ci-dessus comme des ânes, chèvre, singe, chat (ou chacal) sans parler du roi figuré en lion ! Nous sommes loin d’un échantillon de bétail…

Que penser enfin des différents types de rosaces retrouvés sur les sceaux-cylindres d’Ur ? La plupart du temps elles sont figurées seules et non au milieu ou à l’extrémité d’une scène.
Seules les rosaces à huit pétales sont présentes dans des scènes à connotation sexuelle.
Les rosaces à huit pétales étant dans la quasi-totalité des cas présentes dans des scènes liées aux conflits, à la fertilité agricole ou à la multiplication du bétail, au sexe et à l’amour (domaines d’Inanna/Ishtar).

Quant aux différences stylistiques des rosaces on ne peut l’expliquer par rapport à l’évolution de l’art avec le temps, tous les styles de rosaces se trouvant à toutes les strates d’où les sceaux ont été excavés, mais plutôt en fonction de la propriété des sceaux en question.
Le professeur Andrew C. Cohen suppose ainsi que les rosaces servaient peut-être d’emblèmes et permettaient de différencier l’appartenance des sceaux-cylindres à tel ou tel propriétaire qu’il fut religieux ou monarque. [23] Admettant tout de même que leur présence atteste d’une influence de la déesse Inanna… Le professeur de langues et de civilisations du Proche-Orient de l’Université d’Harvard, Piotr Steinkeller, en pense tout autant : l’influence de la grande déesse d’Uruk sur Ur semble évidente ! [24] Mais il est tout aussi probable que la rosace, bien que signe d’Inanna, ait pu tout simplement représenter divers propriétaires provenant d’Ur et de ses environs. Les disparités entre les formes et le nombre de pétales des rosaces permettant ainsi d’identifier qui d’un prêtre, d’un dignitaire, d’un temple ou de la famille royale pouvait en réclamer la propriété, l’usage ou le don.

Quant au scorpion, c’est l’animal de plus fréquemment représenté sur les sceaux d’Ur. Sur différents documents, il accompagne une femme nue dans une position suggestive (bras et jambes écartés), invitant à l’amour et nous rappelant qu’il était un symbole de fertilité. Quelques exemples (268, 269 et 270) :

Selon Tom van Bakel, ces scènes représentent des femmes mettant au monde un enfant, se référant à l’une des épithètes de la déesse Nintur provenant du mythe Enlil and Sud (c.1.2.2) : AMA-DUG-BAD, la « Mère qui écarte les genoux ». [25]

Que ce soit des représentations du début du processus ou de leur terme, la résultante est la même. Il s’agit de créer la vie !

En début de dossier, nous précisions que les sceaux-cylindres pouvaient agir également comme des amulettes (de minuscules sceaux étaient portés ainsi), possédant un pouvoir au-delà du symbolique, un pouvoir vu comme magique par les peuples de l’ancienne Mésopotamie.

Nous pouvons donc conclure en supposant que les impressions du sceau-cylindre U.14597 auraient pu être confiées par des usagers d’un temple consacré à Inanna-Ishtar à des couples qui cherchaient à recevoir la bénédiction de la déesse dans l’optique d’avoir des enfants.

Il est aussi probable que le personnage central ait été un démon imprégnant le sceau d’argile d’une aura prophylactique éloignant l’infertilité du couple souhaitant avoir un enfant. Il était en effet ancré dans les croyances populaires de l’époque que l’infertilité était causée par des démons, et souvent, supposée possédée, la femme ne donnant pas d’enfant était exclue de sa communauté. [26] Les créatures démoniaques et les monstres étaient extrêmement présents dans l’imaginaire et la glyptique des anciens Mésopotamiens. Toutes les créatures hybrides ou presque en étaient. Les hybrides bipèdes étaient généralement des démons, ceux à quatre pattes des monstres. [27]
Se protéger des démons en appelant d’autres démons était chose courante localement ; un démon plus puissant en effrayait un moins élevé dans la hiérarchie démoniaque. [28]
Dans la scène du sceau U.14597, un démon « possédant » dans tous les sens du terme la femme au centre de la scène, imprimant de fait sa marque sur elle, éloignait les autres démons qui auraient pu la rendre infertile…

Bref, dans un cas (bénédiction d’Inanna-Ishtar) comme dans l’autre (démon au pouvoir prophylactique) il s’agirait d’apporter fécondité à un couple en quête de parentalité.

Enfin, il est à noter que ce document U.14597 pourrait préfigurer des représentations mésopotamiennes beaucoup plus récentes comme celle du Kudurru de Meli-Shipak (1186–1172 av. J.-C.). Puisque comme le dit très justement Anton Parks : « Dans l’iconographie mésopotamienne, on représente souvent trois astres dans le ciel : le soleil, la lune et une étoile ».

Kudurru de Meli-Shipak (1186–1172 av. J.-C.), Musée du Louvre.

Sur certaines gravures assyriennes et babyloniennes nous retrouvons (ici respectivement) les dieux Soleil (Utu-Shamash) Lune (Nanna-Sîn), et Vénus (Ishtar/Inanna). L’étoile à huit branches étant la forme finale qui symbolisait la déesse de l’amour et de la guerre.
C’est précisément dans cet ordre qu’apparaissent ces astres-dieux dans le document de notre étude :

A supposer que la « tarte aux pommes » soit le soleil et que la rosace figure Vénus (Inanna).
Mais tout cela est spéculatif, seul le graveur du sceau U.14597 pourrait nous le confirmer !

Concluons sur la phrase suivante d’Anton Parks tirée du tome 3 de ses Chroniques (page 409) : « …l’identité du personnage central, à savoir un ŠUTUM ou GINA-AB-UL, donc un lézard… »
Depuis le début de ses écrits, l’auteur se targue de connaître l’identité et le nom véritable des anciens dieux de l’espace : les Gina’abul qu’il assimile au mot ŠUTUM ici et là.

Sachez que tout cela n’est que divagation. De simples recherches dans les ressources publiques de grandes universités nous apportent l’éclairage nécessaire pour renvoyer dans l’ombre les détournements linguistiques de M. Parks.

ŠUTUM est un bien un mot existant en sumérien mais voici que nous en dit le Pennsylvania Sumerian Dictionary Project (ressource publique accessible gratuitement, voir lien en bas d’article) [29] :

Šutum : šutum [STOREHOUSE] wr. e2šu-tum ; šu-tum ; šutum2 ; šudum ; šutumx(|E2.GI.NA.AB.HI|) "storehouse" Akk. Šutummu.

Donc le mot a survécu aux Sumériens et est passé aux Akkadiens sous la forme Šutummu. Mais le sens est le même : « entrepôt ou grenier ».

L’association de ŠUTUM avec l’ensemble de signes GI.NA.AB.UL n’est pas ici explicite. Le Pennsylvania Sumerian Dictionary Project préférant la graphie E2.GI.NA.AB.HI.

L’Université d’Oxford via son Electronic Text Corpus of Sumerian Literature (ETCSL), nous en dit plus (ressource publique accessible gratuitement, voir lien en bas d’article) [30] :

Nous avons à gauche le nom du signe et sa graphie courante au milieu. A droite, enfin, sa valeur phonétique. Ainsi les assemblages de signes GI.NA.AB.UL ou GI.NA.AB.U.GUD ou encore E2.GI.NA.AB.HI se lisaient, se prononçaient, s’entendaient Šutum en sumérien ; puis Šutummu en akkadien.
Nous trouvons même un GI.NA.AB.TUM/DU7 pour l’Université de Californie (Berkeley) [31] :

é-šutum(GI.NA.AB.TUM/DU7), é-šu-tum storehouse (šutummu).

Les deux termes n’ayant AUCUN lien avec des serpents ou des lézards mais bien avec des lieux de stockage : entrepôts et autres greniers (« storehouse ») !
Le mot sumérien pour serpent ou lézard (avec de multiples déclinaisons) était MUŠ. [32] En akkadien : hulmittu ou serru.

Aucune ressource universitaire, pas même le Manuel d’épigraphie akkadienne de René Labat (cher à Anton Parks), ne fait d’association entre des reptiles et le terme Šutum ou Šutummu. [33] En revanche, les références et traductions de Šutum/Šutummu en « entrepôts/greniers » sont très courantes et validées par tous les chercheurs du domaine concerné. Nous mettons au défi quiconque de trouver une seule traduction d’un texte sumérien ou akkadien où Šutum/Šutummu se voit traduit en serpent ou lézard.

Aucune source ? Enfin, si, une seule. Le Sumerian Lexicon [34] de John Alan Halloran que met en avant et utilise Anton Parks pour ses décryptages. Ce lexique est aujourd’hui déconsidéré aux profits de sources universitaires plus fiables et contextualisées. En assyriologie, le dictionnaire de Halloran est vu comme une littérature secondaire comme le précise le sumérologue Bertrand Lafont (Directeur de recherche au CNRS) dans la revue Syria : « Cet outil a donc pu rendre certains services. Mais la situation a changé depuis lors, notamment avec la mise en ligne concomitante du site de l’Electronic Corpus of Sumerian Literature (ETCSL, Oxford), du Digital Corpus of Cuneiform Lexical Texts (DCCLT, Berkeley) et surtout des ressources du Philadelphia Sumerian Dictionary (ePSD, voir ci‑dessus) qui fournissent dorénavant, en ligne, des données autrement plus solides et complètes : leur fréquentation fait d’un seul coup vieillir le petit outil créé par J. Halloran, qui se contente de donner, pour chacun des mots dont il a établi la liste, une simple traduction en anglais, sans aucune contextualisation ni aucun exemple d’emploi, sans tenir compte des genres de textes ni des époques, et sans aucune indication bibliographique. Son ouvrage s’essaie en revanche à diverses tentatives « d’étymologisation » du vocabulaire sumérien autour d’hypothèses et spéculations qui demanderaient parfois sans doute à être légitimées. » [35] L’assyriologue hongrois Gábor Zólyomi se range volontiers à l’avis de Bertrand Lafont, se fendant d’un article sévère à l’encontre de John Halloran sur le site Academia.edu. [36]

Pourquoi l’auteur des Chroniques n’en tient-il jamais compte et pourquoi se contente-t-il d’une version écrite de Šutum (GI.NA.AB.UL) alors qu’une rapide recherche nous dévoile au moins quatre versions différentes (E2.GI.NA.AB.HI / GI.NA.AB.U.GUD / GI.NA.AB.TUM/DU7) ; ce qui bien entendu changerait du tout au tout son décryptage global et surtout son rébus proto-historique (SA preuve formelle…) !

Ce n’est pas quelque chose de nouveau dans nos enquêtes. Comme nous le verrons dans un prochain article, Anton Parks n’a aucune idée de comment les peuples d’ancienne Mésopotamie représentaient ou nommaient les dieux (comme nous venons de le démontrer) … il détourne allègrement des termes ou des figurations sans aucun lien avec ce qu’il cherche à décrypter tout en faisant croire que ces mots ou ces dessins décrivent des divinités de l’espace.

Mais son lectorat a-t-il au moins le début de l’envie de confirmer les propos péremptoires de leur gourou ? Alors qu’une recherche sur Google prend 10 minutes à n’importe qui pour contrecarrer les affirmations de M. Parks, aucun de ses partisans (ni même de ses contradicteurs d’ailleurs) ne semble avoir pris le temps de valider la capacité de l’auteur à dépasser le niveau de néophyte en culture et en épigraphie sumériennes.


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