La thèse sous-jacente au documentaire de MM. Grimault et Pooyard, "La Révélation des Pyramides", même si elle n’est jamais ouvertement exposée dans le film (mais elle l’a été ensuite un peu plus nettement dans les interviews des auteurs et les discussions sur Facebook), est que la grande pyramide de Chéops, 1° ne date pas de la IVème dynastie, mais de bien avant, et donc n’a pas été construite par Chéops/Khufu ; 2° n’était pas un tombeau, mais autre chose [1]. Cependant, comme pour tous les auteurs qui se sont essayés à ce type de remise en cause et ont cherché à attribuer la grande pyramide à d’autres que les Egyptiens (généralement aux Atlantes ou aux extraterrestres), cette thèse se heurte, non seulement à l’évidence archéologique contextuelle qu’elle ignore splendidement, mais aussi à la présence des inscriptions découvertes dans les chambres de décharge de la grande pyramide qui mentionnent le roi Khufu. La tactique habituelle de ces auteurs alternatifs consiste à prétendre que ces inscriptions, ou une partie d’entre elles, sont des faux modernes, commis par le découvreur de ces chambres de décharge, Howard Vyse, ou par quelqu’un de son équipe, juste après leur découverte.
La question a été discutée sur Facebook, sur la page liée au film ; elle commence ici, par un lien donné par un intervenant vers un blog présentant la thèse du faux d’Howard Vyse. Je suis intervenue à plusieurs reprises dans la discussion pour donner des liens vers des explications détaillées démontrant l’inanité de cette thèse du faux, la discussion se poursuivant ensuite ici. On comprend bien à quel point cette question est importante : pour pouvoir présenter une datation et une origine non traditionnelles à la grande pyramide, il faut commencer par prouver que ces inscriptions sont effectivement des faux, sinon toute théorie qui les contredit s’écroule.
Il n’est donc pas étonnant que M. Grimault soit très vite intervenu dans la discussion, affirmant, ici ou là [2], que l’affaire du cartouche de Khufu est bien une supercherie et qu’il le prouvera sous peu de façon "définitive". Cette preuve, M. Grimault l’a publiée dans une note sur la page Facebook du film, sous le titre "Alors : Kheops ou pas Kheops ?", note dont je cite l’extrait le plus significatif, fautes comprises :
Peut-être que ce qui suit, dont on n’a encore jamais parlé en public ou dans les milieux officiels en France, et que l’on n’a que très rarement imprimé, va probablement contraindre nos lecteurs à tant soit peut réviser leur opinion quant au(x) constructeur(s) réel(s) de la grande pyramide : une lettre, envoyée il y a déjà plus de vingt-cinq ans à l’éditeur de la revue américaine Venture Inward, éclaire fortement cette affaire, qu’on pourrait qualifier d’étonnant : en effet, un certain Walter Allen, de Pittsburgh en Pennsylvanie (USA), y faisait savoir que son grand-père était un ouvrier maçon aux ordres du colonel Vyse, à l’époque où celui-ci cherchait à pénétrer dans les chambres de la superstructure de la grande pyramide. Il y explique que ce dernier avait l’ambition de donner un nom à cette pyramide, nom qui serait ipso facto et définitivement associé au sien et le ferait ainsi entrer dans l’Histoire : outre cette notoriété superlative, cela donnerait un nouvel éclat au blason de l’égyptologie anglaise, qui en avait alors bien besoin au moment où les Italiens Caviglia et Benzoni volaient de succès en découvertes, et renouvellerait la confiance de son employeur, dont la fortune s’émoussait. C’est à cette époque qu’il découvrit les superstructures de la chambre haute… et pu s’adjuger l’ouverture de quatre sur cinq de ces chambres… Selon cette lettre, il pénétra de nouveau dans les lieux la nuit suivant sa découverte, suivi de l’un des ses assistants et d’un ouvrier. Il aurait demandé à cet assistant, du nom de J. H. Hill [3], un maçon qui passait pour instruit en hiéroglyphie, d’écrire plusieurs fois et aussi nettement que possible à la peinture rouge le nom du roi Khufu sur les étroites parois des chambres… Posons-nous ici de naïves questions : quel eut l’intérêt - pour les ouvriers bâtisseurs de cet édifice - d’écrire un nom de roi, alors qu’il n’y avait alors pas d’autres pyramides sur le plateau de Gizeh ? Et pourquoi seulement là, dans les seules quatre chambre découvertes par Vyse, et pas dans la première, celle découverte par Davison ? Selon Allen, Hill s’exécuta un peu malgré lui, et commit des fautes de graphie si considérables qu’elles attirèrent aussitôt l’attention des philologues, qui s’aperçurent que ces fautes étaient exactement les mêmes que celles des deux seuls livres d’hiéroglyphie pour le grand public à être disponibles en 1837 : Le Voyage de l’Arabie Pétrée, du français Léon de Laborde, et la Materia Hieroglyphica, de l’éminent John Gardiner Wilkinson. Quant au maçon, qui protesta devant cette énorme escroquerie et ne voulut pas être mêlé de près ou de loin à cette falsification, il fut rudoyé sans ménagement puis renvoyé, et l’accès à la grande pyramide lui fut dès lors définitivement interdit. Par la suite, il fut même menacé physiquement, et dut rentrer précipitamment chez lui, dans le Wiltshire anglais, où il raconta sa triste histoire à sa famille. Violemment discrédité par le colonel Howard Vyse à son retour, qui le traita publiquement de menteur et le menaça de nouveau, il dut quitter l’Angleterre. Il partit s’installer aux Etats-Unis… Plus d’un siècle et demi après, les archives de la famille Allen servirent à authentifier ce récit, dont la revue Fate se fit largement l’écho…
Qu’y a-t-il de vrai dans toutes ces affirmations ? Commençons par les sources : M. Grimault n’en donne que deux, deux noms de revues, Venture Inward et Fate, sans précision de date ni de numéro. Difficile donc de retrouver l’origine de ces affirmations... sauf que je note que la revue Fate a publié en juillet 1993 un article de Zecharia Sitchin reprenant ses théories sur la construction de la grande pyramide par des extraterrestres et évoquant le témoignage de Walter Allen (article mentionné ici et là). Par ailleurs, Zecharia Sitchin avait publié en novembre/décembre 1986 dans Venture Inward (revue qui a repris en 1984 la suite du ARE Journal, journal de l’Association for Research and Enlightenment fondée par le médium Edgar Cayce) un article intitulé "Forgery" in the Great Pyramid mentionné dans cette bibliographie, et on peut supposer que cette revue avait, entre 1980 (date de publication de Stairway to Heaven qui exposait pour la première fois l’idée d’un faux de Howard Vyse) et 1983 (date, d’après Sitchin, de la première apparition sur la scène de Walter Allen), soit publié d’autres articles de Sitchin soit rendu compte de son livre.
Il est donc fort probable que, contrairement à ce que M. Grimault affirmait ici ("La référence à Zecharia Setchin est fausse"), sa source unique soit la lettre reçue par Sitchin que celui-ci mentionne dans Journeys to the Mythical Past (pages 28 et suivantes).
Regardons de plus près ce que dit dans ce livre Sitchin de Howard Vyse et du faux cartouche de Khufu qu’il aurait fait peindre dans la chambre de Campbell. Il commence par reprendre ce qu’il disait de Howard Vyse dans son ouvrage Stairway to Heaven :
Howard Vyse was a retired British colonel, a "black sheep" of a wealthy family
(page 22)
(Howard Vyse était un colonel britannique à la retraite, le "mouton noir" d’une riche famille)
Cette idée de "mouton noir" n’est confirmée par aucune autre source ; Howard Vyse était fils unique d’un général, et il a mené une carrière militaire et politique assez classique pour l’époque, sa seule excentricité étant sa passion pour l’Egypte ancienne.
He named them in honor of Lord Nelson and Lady Arbuthnot - names recorded by Mr. Hill in the usual red paint.
(page 23)
(Il les nomma en l’honneur de Lord Nelson et Lady Arbuthnot - des noms inscrits par M. Hill dans la peinture rouge habituelle.)
Nulle part dans le journal de Howard Vyse, publié sous le titre Operations carried on at the Pyramids of Gizeh in 1837 : with an account of a voyage into upper Egypt, and Appendix, et dont le texte complet peut être téléchargé ici, il n’est fait mention de peinture rouge pour les noms donnés aux chambres. La description de la découverte des chambres de décharge commence à la page 205 du tome 1 (page 250 du pdf), et, si la mention d’inscriptions par Hill apparaît à plusieurs reprises (exemple page 208, "the Duke’s glorious name was inscribed on the southern wall" - "le glorieux nom du Duc fut inscrit sur le mur sud", il s’agit de la chambre de Wellington), nulle part il n’est dit que ce fut avec de la peinture rouge. La liste des inscriptions que Howard Vyse a fait réaliser par Hill apparaît dans le tome 2, page 145 ; ces mêmes inscriptions sont toujours visibles aujourd’hui, et toutes sont peintes en noir :
Il apparaît évident qu’il s’agit là d’une invention de Sitchin, invention répétée un peu plus loin dans le livre :
As I read the diary entries again, the words "red paint" kept jumping out of the pages, as when Mr. Hill used it to inscribe the names "Lord Wellington", "Lady Arbuthnot", "Lord Nelson".
(page 26)
(En relisant les entrées du journal, les mots "peinture rouge" ne cessaient de me sauter aux yeux, comme quand M. Hill l’utilisa pour inscrire les noms "Lord Wellington", "Lady Arbuthnot", "Lord Nelson".)
Ensuite, à partir de la page 28, c’est l’histoire de la lettre envoyée en 1983 par Walter Allen, qui prétend être l’arrière-petit-fils d’un témoin de la falsification. D’après M. Allen, son arrière-grand-père, employé par Howard Vyse sur le chantier de la grande pyramide, aurait écrit à sa famille pour annoncer son renvoi :
He witnessed Mr. Hill go into the pyramid with red paint and brush, supposedly to paint over ancient markings, but actually to paint new ones.
(page 29)
(Il vit M. Hill entrer dans la pyramide avec de la peinture rouge et un pinceau, officiellement pour repasser sur d’anciennes inscriptions, en réalité pour en faire de nouvelles.)
A titre de preuve, Sitchin donne le fac-similé d’une page de notes :
qui fut ensuite présentée par de nombreux auteurs comme "extraite des archives familiales", authentifiant le récit de M. Allen et "prouvant" sans aucun doute possible la falsification commise par Hill et Howard Vyse.
Or, Sitchin lui même est obligé de le reconnaître ("Though Mr. Allen’s search for the bundle of Humphries’ letters was unsuccessful" - "Bien que les recherches du paquet des lettres d’Humphries par M. Allen soit restées infructueuses"), les courriers de l’arrière-grand-père attestant de la fraude n’ont jamais été produits. La page qu’il reproduit consiste en notes prises par M. Allen en 1954 suite à une conversation avec sa mère, au cours de laquelle fut discutée une visite que celle-ci avait faite (en août de la même année) à une troisième personne ("Nell Pattington" - sic : la note d’Allen mentionne en réalité "Nell Pattengill") supposée détenir certaines lettres de l’arrière-grand-père Humphries, lettres qu’elle tenait elle-même de son père... Comme témoignage direct, on fait mieux...
Bien que personne à part Sitchin n’ait réussi à joindre M. Allen, qui n’habite pas ou plus à l’adresse de Pittsburgh (voir ici), il n’y a pas vraiment de raison de mettre la bonne foi de ce dernier en doute. Mais, même si l’arrière-grand-père Humphries Brewer a réellement existé et connu les protagonistes, d’une part un témoignage constitué d’une légende familiale transmise sur 150 ans paraît bien fragile ; d’autre part la même légende semble montrer, toujours d’après les notes de M. Allen, que Brewer s’est trouvé pris dans la fameuse querelle entre Howard Vyse et Caviglia (voir l’appendice du tome 2 de l’ouvrage d’Howard Vyse, à partir de la page 152 - page 190 du pdf), ce qui a pu donner lieu à confusion au cours des décennies. Quoi qu’il en soit, affirmer comme le fait Sitchin que "the forgery in the Great Pyramid was confirmed by an eyewitness" - "la falsification dans la Grande Pyramide était confirmée par un témoin oculaire", ce n’est même plus de l’exagération...
Revenons maintenant à M. Grimault :
– Il est presque certain, à moins qu’il n’apporte une source complémentaire différente, que sa version de l’affaire du "faux" d’Howard Vyse est entièrement basée sur celle de Sitchin ; mais il se garde bien de donner le nom de celui-ci, ne faisant référence qu’aux titres des revues : pourquoi ? est-ce parce que Sitchin est depuis longtemps totalement discrédité aux yeux des spécialistes ?
– Il reprend cette source (Sitchin) sans aucun recul critique.
– Et surtout il ajoute beaucoup de choses au récit de Sitchin, des éléments dont on ne sait pas s’ils proviennent de son imagination ou de sources mystérieuses non nommées :
- "cette notoriété superlative [...] renouvellerait la confiance de son employeur, dont la fortune s’émoussait" : quel employeur ? Howard Vyse finançait son expédition sur sa fortune personnelle, et n’avait pas d’employeur. Et cette fortune n’était pas émoussée au point de l’empêcher, même après son départ d’Egypte, de continuer à financer les travaux de Perring (voir ici).
- "il pénétra de nouveau dans les lieux la nuit suivant sa découverte, suivi de l’un des ses assistants et d’un ouvrier. Il aurait demandé à cet assistant, du nom de J. H. Hill, un maçon qui passait pour instruit en hiéroglyphie, d’écrire plusieurs fois et aussi nettement que possible à la peinture rouge le nom du roi Khufu sur les étroites parois des chambres" : on croirait presque que M. Grimault a assisté à la scène ! Si cette lettre à Venture Inward, transmise à Sitchin, était si précise, pourquoi Sitchin n’en dit-il pas plus dans son ouvrage ? pourquoi se contente-t-il de reproduire les notes, évidemment beaucoup moins précises, de M. Allen ?
- "Quant au maçon, qui protesta devant cette énorme escroquerie et ne voulut pas être mêlé de près ou de loin à cette falsification, il fut rudoyé sans ménagement puis renvoyé [...]. Par la suite, il fut même menacé physiquement, et dut rentrer précipitamment chez lui, dans le Wiltshire anglais, où il raconta sa triste histoire à sa famille. Violemment discrédité par le colonel Howard Vyse à son retour, qui le traita publiquement de menteur et le menaça de nouveau, il dut quitter l’Angleterre." : quelle histoire tragique ! Je serais curieuse de savoir où M. Grimault a trouvé tous ces détails, dont M. Sitchin - qui est quand même à l’origine de cette idée d’une fraude de Howard Vyse - se serait régalé !
- " Plus d’un siècle et demi après, les archives de la famille Allen servirent à authentifier ce récit" : comme on l’a vu plus haut, les "archives" en question n’ont jamais été publiées, à l’exception de quelques notes de 3ème ou 4ème main.
Reste l’argumentation, elle aussi reprise de Sitchin, sur les soi-disant "fautes de graphie" dans les inscriptions découvertes par Howard Vyse. Cette argumentation a été depuis longtemps démontée, en particulier par Martin Stower et Frank Dörnenburg. Le lecteur curieux trouvera ici une page explicative sur la pseudo faute d’orthographe sur le nom de Khufu, avec des reproductions de qualité du cartouche incriminé montrant comment Sitchin a, volontairement ou faute d’accès aux sources originales, déformé le cartouche en donnant lui-même naissance à la "faute" :
De plus, pour qui se donnerait la peine de lire le journal d’Howard Vyse (ce que n’a visiblement pas fait Sitchin !), celui-ci publie pages 280-281 (331-332 du PDF, voir lien plus haut), les commentaires du plus grand spécialiste des hiéroglyphes de l’époque, Samuel Birch. Birch a étudié les inscriptions des chambres de décharge sur les relevés de Howard Vyse et Hill, et il écrit ceci :
"The other name discovered [...] reads Shoufou (Suphis), or Khoufou (Cheops), according to the aspiration given to the initial - a sieve [...]. Nor is it the less probable on account of the absence of the solar disc [...]" (je ne cite qu’un court extrait de ce long paragraphe où Birch discute la composition du nom inscrit dans le cartouche).
Pour résumer : Birch a vu sur les dessins qui lui ont été soumis "a sieve" (un tamis), c’est-à-dire un cercle avec trois traits, et il note l’absence du disque solaire (cercle avec un point). Cela le surprend, parce qu’on pensait à cette époque que le nom du roi devait être précédé du disque solaire, mais il note cependant qu’il existe quelques autres cas connus où un autre symbole est substitué au disque solaire, et que la présence du "tamis" ne remet donc pas en cause l’attribution du cartouche à Kheops.
Deux autres pages du même site mentionné plus haut de Frank Dörnenburg démontent de même les autres arguments de Sitchin : "The wrong letters", et "The Horus name" qui montre que le "faussaire" Howard Vyse aurait inventé en 1837 un nom de Khufu (son nom d’Horus) dont on ignorait même à l’époque que ces symboles représentaient un nom de roi...
Bref, malgré la petite parabole de M. Grimaud sur les pièges de l’interprétation archéologique - qu’on pourrait sans trop de difficulté appliquer à ses propres interprétations ! - on reste sur sa faim quant à la preuve "définitive" de la supercherie de Howard Vyse. En attendant, cet exemple illustre une méthode bien peu rigoureuse de la part de M. Grimault (sources approximatives, affirmations non démontrées, paraboles hors sujet...) et l’absence d’esprit critique de beaucoup de ses admirateurs, qui s’extasient dans les commentaires sur l’excellence de son article sans jamais réclamer de sources...
En complément, à noter que même des auteurs "alternatifs" convaincus que "l’égyptologie officielle" se trompe ou ment, ont dû reconnaître l’authenticité des inscriptions après les avoir vues. Par exemple Graham Hancock, qui a eu l’opportunité d’étudier en détail les chambres de décharge, dit en juillet 1998 :
Re the ’quarry mark’ hieroglyphs in the relieving chambers above the King’s Chamber in the Great Pyramid, I have rightly been taken to task for uncritically supporting Zecharia Sitchin’s forgery theory. I reported this theory in Fingerprints (published 1995) and in Keeper/Message (published 1996). [...]
As John West kindly reported in his open letter to Stower I have changed my views on the validity of the forgery theory.[...]
Cracks in some of the joints reveal hieroglyphs set far back into the masonry. No ’forger’ could possibly have reached in there after the blocks had been set in place - blocks, I should add, that weigh tens of tons each and that are immovably interlinked with one another. The only reasonable conclusion is the one which orthodox Egyptologists have already long held - namely that the hieroglyphs are genuine Old Kingdom graffiti and that they were daubed on the blocks before construction began.
(En ce qui concerne les hiéroglyphes / marques de carrière dans les chambres de décharge au-dessus de la Chambre du Roi dans la Grande Pyramide, j’ai été justement critiqué pour avoir soutenu sans discernement la théorie de la falsification de Zecharia Sitchin. J’avais reporté cette théorie dans Fingerprints (publié en 1995) et dans Keeper/Message (publié en 1996). [...]
Comme John West l’a aimablement rapporté dans sa lettre ouverte à Stower, j’ai changé mon opinion sur la validité de la théorie de la falsification. [...]
Des fentes dans certains des joints révèlent des hiéroglyphes loin à l’intérieur de la maçonnerie. Aucun "faussaire" n’aurait pu attendre ces endroits après la mise en place des blocs - blocs qui, je dois l’ajouter, pèsent des dizaines de tonnes chacun et sont interconnectés les uns ou autres de façon immuable. La seule conclusion raisonnable est celle à laquelle les Egyptologues orthodoxes ont abouti depuis longtemps - c’est-à-dire que les hiéroglyphes datent authentiquement de l’Ancien Empire et qu’ils ont été placés sur les blocs avant que la construction commence.)
De son côté, Robert Schoch a également eu accès à ces chambres en 2005, et lui non plus ne met plus en doute leur authenticité (même s’il leur suppose une interprétation différente de celle des égyptologues) :
Studying them closely, however, they looked authentically ancient to me. I could see later mineral crystals precipitated over them, a process that takes centuries or millennia, and the inscriptions continue under the overlying blocks.
(Toutefois, après étude soigneuse, ils me sont apparus authentiquement anciens. Je pus voir par dessus eux des cristaux, des précipitations minérales postérieures, un processus qui prend des centaines ou des milliers d’années, et les inscriptions se poursuivent sous les blocs qui les surmontent.)
A voir aussi sur ce problème du cartouche de Khufu http://jcolavito.tripod.com/lostcivilizations/id10.html
Suite à un commentaire d’un lecteur sur la version anglaise de cet article (voir ci-dessous), j’ai pu obtenir de Martin Stower la transcription complète de la page de notes d’Allen publiée par Sitchin :
Sat Oct 9 1954 Johnstown with mother
Her visit Corning with Nell Pattengill August.
Also to settle Grandpas estate in Bath N.Y.Visited Uncle Mac in hospital. Went to Watkinsglen
and Addison. Catherine saw house at Addison,
Mother was born there. She will be 78 next month.
Nell had some of Humfreys [sic] letters & Wm Brewers
letters from England. Got them from her father
Wm Marchant Brewer.Wm Neish Allen buried Hope Cemetery Corning near
Grandpa & Beck Brewer on same plot. Humfrey &
mother Jennie buried in Fallbrook. He made first
plan for Corning, hangs in city hall. Came to Bath
N.Y. in 1849. Julia & children in 1850. Wm Neish Allen
came 1848 from Liverpool, there was mutiny on boat.
Janetta and Alex came 1849.Humfrey recieved [sic] prize for bridge he designed in
Vienna over Danube. H went to Egypt 1837, British
Medical Serv. to Egypt.Robert took bible back to England 1868 after Humfrey
died. Nell said they were to build hospital in Cairo for
Arabs with severe eye afflictions. Dr Naylor took Humfrey
along. Treatment not sussessful [sic], hospital not built. He
joined a Col. Visse exploring Gizeh pyramids. Rechecked
dimensions 2 pyramids. Had dispute with Raven and
Hill about painted marks in pyramid. Faint marks were
repainted, some were new. Did not find Tomb.[new column]
Saw some limestone blocks at toe of one pyramid.
Humfrey went to Syria & Jerusalem to see holy city
few weeks later. Had words with a Mr Hill and
Visse when he left. He agreed with a Col. Colin [sic]
Campbell & another Geno Cabilia [sic]. Humfrey went
back to England late 1837. Had to wait a month for
boat from Bayruth [sic : Beirut ?] to Athens. Went up through
Austria and Prussia. His father was disturbed
about the trip, told him details. Jennie was
happy he went.Mother is not feeling good. She is
worn out. Never should have gone to Corning.
She told me Papa’s school book is at Fallbrook.
Aunt Julia kept it. also some of Papas glass.
Jim Muirs papers are in loft at Fallbrook.
Also Julias chair from England.Showed her in my log contact with Antarctic
British Expedition but they didnt know who
had arrived yet from England. It is spring
down there.Will call mother next month after she
gets letter from Nell.
La mention du lieu de sépulture de l’arrière-grand-père, Fall Brook, permet d’en apprendre un peu plus sur cet Humphries Brewer : tout d’abord qu’il n’était pas un simple "maçon", comme le dit M. Grimault, mais ingénieur et géologue, employé puis directeur de la compagnie des mines de charbon de Fall Brook ; et surtout que son arrivée aux Etats-Unis remonte à 1848 ou 1849, soit 11 ou 12 ans après son voyage en Egypte en 1837 : du coup on voit mal comment son départ d’Angleterre pourrait être dû aux menaces de Howard Vyse, comme l’écrit J. Grimault ("Violemment discrédité par le colonel Howard Vyse à son retour, qui le traita publiquement de menteur et le menaça de nouveau, il dut quitter l’Angleterre. Il partit s’installer aux Etats-Unis")...
Une discussion s’est ensuivie sur Facebook suite à cet article, discussion que je copie ci-dessous afin que le lecteur puisse juger de lui-même de la position de M. Grimault sur ce sujet.