
Jacques Grimault ayant été mis sur la touche depuis le clash LRDP, les fans de LRDP se tournent désormais vers de nouveaux « chercheurs de vérité ». Parmi ces nouveaux prophètes des Anciens (comprendre les « bâtisseurs » d’une civilisation avancée disparue), se distingue notamment un certain Howard Crowhurst, mis en avant régulièrement sur la page Facebook de LRDP, et que l’on a de fortes chances d’apercevoir dans le prochain opus de LRDP.
Ce sympathique Britannique obnubilé par les mégalithes habite en France du côté de Carnac depuis 1974. Comme d’autres avant lui, il est persuadé que les sites « sacrés » ont été établis dans une logique d’alignement particulière révélant un « message des anciens ». Cette théorie de l’alignement des sites (« ley lines ») est loin d’être nouvelle, puisqu’elle remonte à la fin du 19e siècle.
Pour découvrir le personnage et ses idées, vous pouvez jeter un oeil à son dernier passage en date chez NureaTV : https://www.youtube.com/watch?v=6kIKeA3PmMQ
Nous nous intéresserons également au personnage de Quentin Leplat, cycliste amateur, disciple spirituel de Howard, qui depuis quelque temps s’est mis à produire des documentaires dans la même veine que LRDP. Pour savoir de quoi il retourne, je vous invite à visionner son film « Teotihuacan, La Cité des Sciences des Bâtisseurs », qui pourrait passer sans problème pour une parodie de LRDP tant il en reprend les codes jusqu’à l’excès : https://www.youtube.com/watch?v=HvSDOmZhyjg
Bien sûr, comme tout ésotériste pyramidal qui se respecte, Howard Crowhurst comme Quentin Leplat sont férus de mathématiques numérologiques, et rentrent en transe dés qu’ils ont le bonheur de tomber sur les nombres Pi et Phi. Qu’ils tenteront de trouver coûte que coûte, en multipliant les calculs alambiqués et en changeant d’unité de mesure (passant du mètre au yard, de la coudée au mille nautique) jusqu’à ce qu’ils tombent enfin sur un résultat significatif. Significatif à leurs yeux. Et comme nous allons le voir, les possibilités s’avèrent particulièrement nombreuses...
Sans même partir dans des calculs tordus tous azimuts pour tenter de trouver des nombres magiques, en prenant des points au hasard, avons-nous quelques chances de tomber sur de simples multiples de Pi, Phi, Phi²,... etc ?
Le module qui suit va pouvoir nous éclairer. Il génère des points aux coordonnées aléatoires, puis va mesurer toutes les distances possibles entre ces points, et vérifier s’il s’agit d’un multiple entier des nombres renseignés (à 0.001 près). Avec 10 points on trouve pratiquement toujours au moins une distance. Avec 50 points, la concordance monte à 60 en moyenne. Pour 100 points, 250. Avec 500 points, les chances de trouver un multiple sont de plus de 6000. Avec 7 000, soit l’estimation moyenne du nombre de menhirs en France, on atteint plus de 1 200 000 correspondances... Cliquez ici pour accéder au module.

Concernant l’aspect algèbrique des démonstrations de HC et QL, je vous invite à consulter deux de mes articles précédents :
– Petit manuel de numérologie pour les nuls (v1.0)
– Exclusif : Les secrets mathématiques de La Grande Pyramide révélés (v1.0)
Une précision... approximative
Howard et Quentin ont comme outil de recherche de prédilection le logiciel Google Earth. Mais comment Quentin et Howard choisissent un point de repère sur un mégalithe ? Puisqu’il faut bien en choisir un pour pouvoir tracer une droite. Le centre de la base ? Le centre du sommet ? Le milieu du lieu lorsqu’il s’agit d’un alignement de mégalithes ? Que nenni. Ils prennent celui qui donne le résultat qu’ils espèrent, tout simplement. A l’échelle de Google Maps, déplacer le curseur de quelques pixels permet de faire varier l’angle trouvé et de l’ajuster dans le sens que l’on souhaite.
Par exemple dans son film « Le codex mégalithique de Cauria » (https://www.youtube.com/watch?v=NDBA3fhCfmo), Quentin Leplat nous parle à un moment d’un angle de 18.43° « très précisément ». En regardant avec attention la présentation Google Earth qui nous est faite, on se rend compte que l’auteur de la vidéo déplace malencontreusement le curseur d’à peine quelques pixels à la toute fin, et que l’angle varie aussitôt de 0.01°. La précision au centième évoquée est donc totalement dépendante de la volonté de celui qui va tracer les lignes...

Et je vous laisse imaginer les bidouillages possibles lorsqu’il s’agit de tracer des lignes entre des villes...
Si Google Earth est en effet un outil formidable qui, bien utilisé, permet de faire des calculs plutôt précis, se baser uniquement sur les images satellites et nous parler « d’angle au centième de degré » ou de « distance au centième de millimètre » est une aberration. D’une part parce que le logiciel n’est pas infaillible et qu’il peut y avoir parfois des décalages de quelques mètres entre la photo et le terrain. Ensuite parce qu’il ne faut pas oublier de prendre en compte les décalages liés à la perspective sur les bâtiments (comme vu précédemment, même seulement quelques pixels, ça compte).

Parfois nos amis ne prennent même pas la peine de camoufler leurs approximations :

Avec de telles libertés sur la précision, les possibilités de fabriquer des relations magiques n’en sont que plus nombreuses...
Des carrés en veux-tu en voilà !
Outre les références numérologiques classiques et l’alignement géométrique sur les points cardinaux (« que c’est trop difficile de le faire même avec notre technologie moderne »), nos deux « chercheurs de vérité » affirment donc également que les « anciens » se sont débrouillés pour faire apparaître des formes géométriques « significatives » entre différents lieux (ça va du menhir du coin au temple de Baalbek, en passant par la Grande Arche de la Défense).
Pour résumer leurs principales affirmations, selon eux, dés lors que l’on trouve une forme à base de carrés, ce serait le signe d’une volonté des « anciens ». Il faudrait alors mesurer l’angle formé par la diagonale de celui-ci avec l’axe est-ouest (parallèle à l’équateur pas penché).

Donc, si jamais vous arrivez à tracer un carré entre 2 mégalithes ou bien en suivant le pourtour d’un monument quelconque (ça marche pour toutes les époques), vous aurez le droit de vous extasier. Mais pas que, puisque le « double carré » revêt lui aussi une signification ésotérique (laquelle ? impossible d’obtenir la moindre réponse auprès des intéressés) :

Mais ce n’est pas tout, puisque le « triple carré » est lui aussi « magique ». Ce qui nous fait donc déjà 5 angles significatifs : 0°, 45°, 63.44°, 71.56° et 90°. Et bien sûr, ça fonctionne aussi si la forme est orientée Nord-Sud, ainsi les angles 18.44° et 26.56° sont également merveilleux.

Ce n’est pas fini, vous pouvez aussi emboîter les carrés, doubles carrés et triples carrés. De quoi multiplier encore considérablement les angles des « anciens » :

Quentin Leplat va même jusqu’à aligner 44 carrés le long de la diagonale d’un quadruple carré pour trouver l’angle qui lui convient (tous les moyens sont bons...)

Et bien sûr, tout cela serait justifié par la « science des anciens ». Science dont on n’apprendra pas grand chose, et qui semble uniquement reposer sur le bon vouloir de nos deux « chercheurs » puisque nous n’avons jamais eu jusqu’à présent la moindre démonstration du pourquoi de tel ou tel calcul, de telle ou telle forme (et ce n’est pas faute d’avoir lourdement demandé). Enfin ce n’est pas tout à fait vrai ; parfois nous avons droit à des justifications du type « le calcul fonctionne, donc c’est la preuve que ça a été pensé comme ça ». Un magnifique raisonnement circulaire qui tourne dans le vide.
Pour en revenir à nos « carrés magiques », si l’on se base sur les règles, sorties de nulle part, présentées par nos deux comparses, les possibilités de trouver un alignement sensationnel de 2 points sont particulièrement élevées. Par exemple, en partant de 7 carrés alignés, cela nous donne pas moins de 168 directions éligibles au rang de « révélatrices ».

Je vous rappelle qu’il ne semble pas y avoir de limite puisque Quentin Leplat va au moins jusqu’à aligner 44 carrés ; soit pas moins de ... 1024 directions possibles.

Vous pouvez vous amuser à vérifier tout ça grâce à cet autre module, qui permet de déterminer le nombre de diagonales possibles dans des figures remplies de carrés : cliquez ici
Mais la géométrie des anciens va encore plus loin. En effet, ici nous avons examiné uniquement les formes alignées sur les points cardinaux. Sauf que, vous pouvez aussi aligner votre forme sur la diagonale d’une autre :

De quoi nous permettre de couvrir pratiquement n’importe quel angle...
Voici pour continuer un petit module qui va générer automatiquement une forme remplie de carrés entre 2 points d’une carte et vous permettre vous aussi de jouer les chercheurs de vérité vraie cachée : cliquez ici
Rien qu’en France on peut trouver environ 7000 menhirs (3000 rien qu’à Carnac) et 4000 dolmens. Autant vous dire que piocher parmi ces 10 000 points pour trouver des formes géométriques magiques selon la « science des Anciens », est un véritable jeu d’enfant. Avec 10 000 points, cela nous donne pas moins de 49 995 000 segments (la formule pour le calculer est n*(n-1)/2).
Mais Howard et Quentin ne se contentent pas de faire des tracés entre les mégalithes, puisqu’ils se servent également régulièrement de repères supplémentaires, tels que les églises, les châteaux, les temples (et bien entendu les pyramides)... et parmi ceux-ci des éléments particuliers comme une place ou une tour (parce que là ça fonctionne mieux). Ce qui donne des possibilités de tracés absolument faramineuses. On recense pas moins de 55 000 édifices religieux et au grand minimum 36 000 châteaux. Rien qu’en additionnant mégalithes, églises et châteaux, on obtient environ 101 000 lieux pouvant figurer sur la liste de nos 2 compères, rien qu’en France. Soit pas moins de 5 100 449 500 tracés possibles. Plus de 5 milliards de tracés possibles, pour des centaines voir des milliers d’angles « significatifs », ne pas trouver dans tout ça de « relations merveilleuses » made in les Anciens relèverait du miracle.
J’ai développé un autre module (oui encore un), qui permet de calculer le nombre d’alignements angulaires (par rapport à un axe est-ouest uniquement) pour des points positionnés au hasard. Par défaut, le module génère 300 points, et vérifie uniquement les angles 0°, 45°, 90°, 63.44°, 71.56° (ceux qui correspondent à un alignement sur les points cardinaux, et les diagonales de carrés, double-carrés et triple-carrés).
Je vous invite à vous amuser avec les paramètres pour découvrir par vous même qu’avec par exemple 3 000 menhirs et un nombre d’angles « significatifs » plus que conséquent le nombre de résultats est tout simplement gigantesque. Et tout ça avec des points générés au hasard.
Cliquez ici pour accéder au module
Conclusion
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les règles de cette « géométrie des anciens », tant elles sont multiples et variées, de quoi trouver des alignements fantastiques dans le moindre recoin de la planète ou de votre salle de bain.
Cette accumulation de figures géométriques, associée à des nombres savants, donne l’illusion d’une démonstration technique et complexe, et donc sérieuse. Mais tout ceci n’a rien de scientifique et repose sur du vide. Il ne suffit pas d’aligner les calculs et les mesures pour produire une démonstration valable. Un résultat n’a de sens que si le cheminement qui conduit à celui-ci en a également.

En bonus, voici un petit florilège de captures d’écrans des vidéos et articles de Quentin et Howard, à remettre en perspective avec ce qui vient d’être exposé :




















Sources
– Alignement de sites (Wikipedia)
– t4t35.fr - Site référençant un grand nombre de mégalithes
– Carte des menhirs référencés sur OpenStreetMap (long à charger)
– Liste des châteaux en France (Wikipedia)
Remerciements aux membres du café