Original en italien : http://eclisseforum.wordpress.com/2012/10/18/piramidi-in-bosnia-linchiesta-di-eclisseforum-it-i-punti-salienti-le-piramidi/
Toute l’histoire que nous sommes en train de raconter tourne autour des présumées Pyramides de la Vallée de Visoko. Il s’agit de plusieurs collines qui entourent la ville bosnienne de Visoko, et qui, par leur forme particulière, rappellent des structures pyramidales. La plus célèbre est celle surnommée Pyramide du Soleil, suivie des plus petites, Pyramide de la Lune, Pyramide de la Terre ou du Dragon. Ci-dessous une série d’images des structures et de leur disposition les unes par rapport aux autres.
Ces collines ont une forme particulière, qui rappelle quelques caractéristiques des structures artificielles, par exemple des angles plus ou moins nets, des côtés assez droits, etc. ; si bien que dès le début des fouilles certains, se fiant simplement à leurs premières impressions, les considéraient comme des structures artificielles.
Plusieurs sondages ont été ouverts sur les diverses pyramides, des zones de fouilles visant à retrouver la structure originelle, censée être enterrée sous une couche de terre déposée au cours des millénaires.
Quelques exemples :
Ont été mises au jour des dalles de pierre de forme vaguement rectangulaire ; ailleurs il semble qu’il existe des « chemins » ou des zones qui apparaissent comme pavées.
L’affaire naît en 2006, quand Sam Osmanagic annonce au monde la découverte des plus hautes et plus anciennes pyramides du monde.
Le début des fouilles s’accompagne d’un marketing agressif, qui attire des foules de touristes et de volontaires désireux de contribuer à ce qui est présenté comme le plus important site archéologique du monde.
L’ensemble du déroulement des fouilles, annonces, contre-annonces, découvertes, pas en avant, pas en arrière et pas sur le côté, le tout formant une masse non négligeable de documents, peut être suivi grâce aux articles présentés sur ce site :
Le site d’Irna
Nous considérons ce site comme fiable, et extrêmement riche en données et références, aussi nous invitons le lecteur intéressé par plus de détails à en faire une lecture approfondie.
En outre, ce document en français, facilement traduisible directement dans un navigateur, reprend et résume l’affaire.
Nous avons également mené nos propres recherches pour trouver des experts et des documents qui pourraient nous aider à y voir clair.
Nous avons trouvé sur un forum un rapport d’un géologue slovène, qui a mené une étude géologique des structures qualifiées de « Pyramides ».
Nous avons contacté le géologue en question, lequel nous a envoyé son rapport complet, au format pdf, mais il ne nous est pas possible de le publier en entier.
Le Dr Gorazd Zibret, dans son “Geological report of the brief geological inspection in the Visoko area, focused on the Vicočica hill”, conclut ainsi :
“The shape of the Visočica hill is from geomorphologic point of view very unusual. From the geological point of view it is undoubtedly that the whole hill is of natural origin. But there is still an archaeological question to answer whether the hill is shaped by the man to get the pyramidal form. To find the proofs of the past human activity in that area the extensive geological and archaeological research, supported by the multidisciplinary approach should be done. The special focus of the multidisciplinary research should be on the tunnels, which seems to be a very old man-made structure. It is essential to collect the massive database of scientifically gathered data to support and to proof the existence of the Bosnian Pyramid of the Sun.”
Le Dr Zibret nous a également exposé en privé son opinion plus personnelle, que nous ne pouvons publier pour des raisons légales, voulant en effet éviter de donner à ceux qui ont menacé de nous traîner en justice un prétexte pour le faire.
Le Dr Lidija Loucka Micic (voir ici), commente ainsi l’affaire dans sa lettre :
« La position du monde universitaire sur le projet « Vallée des Pyramides de Bosnie » est restée identique depuis que, il y a quelques années, les experts de l’ANUBIH, du Musée national de Bosnie-Herzégovine, et de diverses institutions compétentes ont donné leur avis, et se sont élevés contre les allégations de la Fondation. La raison, aujourd’hui comme hier, en est que la Fondation n’a jamais présenté – et qu’il n’existe pas – de matériel archéologique (céramique, verre, métaux) qui prouverait l’existence d’une structure artificielle. Leur rapport ne présente aucune stratigraphie correcte de couches culturelles plutôt que géologiques ; or les couches géologiques ne sont pas, et ne peuvent pas représenter, une quelconque base pour l’étude d’une stratigraphie des couches culturelles.
Les auteurs de « l’hypothèse des pyramides » n’ont en aucune manière convaincu, ni les professionnels, ni les institutions compétentes, de l’existence des pyramides ; ils n’ont présenté que des phénomènes purement géologiques, lesquels seraient identiques ou du moins similaires dans d’autres parties de la Bosnie-Herzégovine. Il s’agit de formations purement géologiques qui ne représentent aucune nouveauté, et cette position est soutenue par les autorités scientifiques reconnues, en particulier l’équipe dirigée par le professeur Vrabac, PhD, de la Faculté de Géologie de l’Université de Tuzla.
Leurs méthodes ne sont pas « multidisciplinaires », elles sont totalement inadéquates pour la recherche archéologique. Les recherches géologiques peuvent représenter une source supplémentaire d’informations pour une analyse secondaire, mais ne peuvent être la méthode principale de recherche, car la géologie ne peut révéler grand-chose de pertinent pour la recherche archéologique. S’il n’en était pas ainsi, l’archéologie et la géologie représenteraient une unique discipline scientifique, alors que ce n’est pas du tout la même chose d’étudier les couches géologiques, comme par exemple pour trouver du charbon, du minerai, du pétrole ; et de faire des fouilles archéologiques pour découvrir l’existence de diverses cultures et civilisations. »
Une autre opinion de scientifique reconnu vient du Dr Anthony Harding, président de l’Association Européenne des Archéologues, qui a étouffé dans l’oeuf la théorie selon laquelle les pyramides seraient des artefacts. Il est possible de trouver son opinion ici.
Par ailleurs, dans l’article suivant tous les aspects de la géologie des pyramides sont expliqués et analysés avec précision, éclairant, grâce à une multitude de sources et de détails, chaque aspect prétendument artificiel et controversé des pyramides.
Géologie des "pyramides" de Bosnie
Une photo, qui à notre avis est emblématique, en ce sens qu’elle montre les couches géologiques déformées par les forces tectoniques :
Finalement, malgré le fait que le Dr Debertolis a écrit, sans aucune base scientifique, que la pyramide du Soleil était clairement une colline remodelée par l’homme (par exemple ici), le document qui, plus que tout autre, nous a convaincus que les structures de la vallée de Visoko sont naturelles, provient d’une source qui lui est très proche.
Il s’agit d’un rapport géologique effectué par le Dr Emanuela Nunzia Croce, pour le compte du groupe de recherche SBRG.
Ce rapport se trouve dans l’espace réservé aux utilisateurs enregistrés du site du SBRG, mais aussi sur un lien public auquel il est possible d’accéder sans être enregistré, et dont nous supposons qu’il a été ajouté pour faciliter la diffusion du document. La loi nous autorisant à citer des extraits à des fins de critique, nous pouvons en reprendre la conclusion l’esprit tranquille :
« Les tests effectués sur les échantillons, l’étude de la littérature géologique et géomorphologique, ainsi qu’une analyse de toute la documentation fournie par le client et disponible sur internet, permettent de formuler un jugement global par rapport aux questions initiales. La soi-disant Pyramide du Soleil est le résultat de la sédimentation continentale clastique terrigène du Miocène pour ce qui concerne les matériaux qui la constituent et leur stratification ; la forme de la colline, l’inclinaison des couches et leur dislocation, ainsi que la fissuration qui confère aux diverses couches un aspect de pseudo-pavement, sont le résultat du modelé géomorphologique post-Miocène, ainsi que des phénomènes tectoniques locaux et globaux. »
Mise à jour 18 octobre 2012 à 20h30
Il semble que les « mystères » abondent dans cette affaire ! Le lien par lequel il était possible d’accéder au rapport géologique sans être enregistré sur le site du SBRG a été supprimé. Il a fonctionné pendant des mois, il fonctionnait encore très bien ce matin et en début d’après-midi, il a maintenant disparu. Nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi on voudrait tenir caché un rapport aussi bien fait et décisif que celui du Dr Croce, mais le fait est là. En tout cas, en s’enregistrant sur le site du SBRG, on peut le trouver dans le répertoire « documents ».
En conclusion, toute la documentation scientifique qu’il est possible de trouver sur le sujet, tous les rapports sérieux et les études rigoureuses, amènent à conclure que les pyramides ne sont pas des pyramides, mais des structures purement naturelles. Pour le moment il n’y même aucun signe de remodelage artificiel des collines, en dépit du fait que certains s’obstinent à prétendre le contraire.
Il est donc surprenant que certains chercheurs ou supposés tels s’obstinent à qualifier de « pyramides » des structures géologiques parfaitement naturelles. Par exemple Osmanagic lui-même n’a jamais bougé d’un iota dans son interprétation, sans pouvoir offrir rien de plus, en guise de preuve, que quelques impressions. Ou bien un certain Nenad Djurdjevic, chercheur local, qui soutient, non sans une certaine agressivité, qu’il s’agit de l’oeuvre d’une civilisation perdue, évoluée tout autant « qu’introuvable ». Parmi ceux qui ont trouvé leur chemin de Damas, cependant, on trouve le Dr Debertolis, qui depuis des mois soutient, lui, que les pyramides ne sont pas des pyramides, même s’il laisse toujours la porte ouverte à la possibilité d’un remodelage par les hommes.
Nous pensons que l’affaire va se dégonfler au fil du temps, quand la majorité des partisans des pyramides eux-mêmes se rendra compte qu’il n’en émerge rien d’éclatant ni de définitif, mais uniquement une suite d’annonces, toujours superficielles et jamais décisives, en un feuilleton qui ne peut que se poursuivre, car le point de non retour est atteint, faisant qu’il n’est plus possible de stopper le carousel politico-touristico-archéologico-fantastique qui s’est créé autour du site.