Les contradictions des chercheurs numérologues
Article mis en ligne le 27 avril 2020

par Gollum Illuminati

Si vous êtes un habitué de cette page, vous connaissez déjà les erreurs méthodologiques des chercheurs de vérité versés dans la numérologie : ils confondent allègrement corrélation et causalité. Ce n’est pas parce que l’on peut mettre en parallèle des éléments, que ces éléments sont forcément liés par causalité l’un à l’autre. Il faut bien plus que d’aligner les chiffres qui se ressemblent plus ou moins pour démontrer quoi que ce soit.
Il convient d’abord de s’assurer de la véracité des faits, et de ne pas les étudier de manière superficielle en ne gardant que ce qui nous arrange.
Ensuite, on se doit d’expliquer la raison d’un calcul ou le choix d’une dimension en particulier.
A la suite de quoi, on peut commencer à bâtir des hypothèses, et les tester en tentant de les réfuter. Et enfin seulement on peut établir une conclusion (définitive ou non).

Les chercheurs de vérité, eux, font tout l’inverse. Ils partent de leur intime conviction (on nous cache quelque chose, il y a un message caché à trouver, les égyptiens n’ont pas construit les pyramides, etc), puis vont piocher ici et là des éléments qui pourraient conforter leurs préjugés, en ignorant volontairement tous les éléments invalidant leur opinion.

Ainsi, si vous lui démontrez que les faits sur lesquels il se base sont erronés, ou que ses calculs sont faux, ou qu’un élément du contexte dément son hypothèse, là où la logique voudrait que le chercheur de vérité revienne sur sa conclusion après avoir reconnu son erreur pour repartir sur de nouvelles bases, ce n’est pas du tout ce qui se produit. Sa conviction restera inchangée, sa conclusion sera la même. Il s’évertuera simplement à chercher un autre chemin pour parvenir au résultat qu’il souhaite obtenir.

Aussi il est assez ironique d’entendre ces chercheurs alternatifs dénoncer en permanence les soit-disant dogmes des scientifiques, alors qu’eux-mêmes sont incapables de remettre en question leurs croyances, là où la méthode scientifique impose un renouvellement constant des savoirs.

Mais revenons nous pencher sur les démonstrations numérologiques de nos amis.
Puisque dans leur raisonnement une simple corrélation suffit à définir, arbitrairement, une causalité, en conservant la même logique il est possible d’aboutir à des conclusions opposées à ce qu’ils soutiennent.

Par exemple, voici une corrélation qui est régulièrement mise en avant :

Pi/6 = 0.5236
or
la coudée royale vaut (approximativement) 0.5236 mètre
donc
la coudée royale a été imaginée à partir du mètre en le multipliant par Pi/6
le mètre est antérieur à la coudée royale égyptienne

En utilisant exactement la même corrélation, on peut aboutir à une conclusion bien différente :

6/Pi = 1.9098
or
le mètre vaut 1.9098 coudée royale
donc
le mètre a été imaginé à partir de la coudée royale en la multipliant par 6/pi
la coudée royale est antérieure au mètre

Si vous demandez au chercheur de vérité de vous expliquer pourquoi sa conclusion serait plus valable que celle-ci, qui se base exactement sur la même relation, il sera incapable de vous donner le moindre argument factuel. Vous voyez donc qu’en se basant uniquement sur des calculs, il est impossible de pouvoir affirmer quoi que ce soit. C’est pour cela que tout calcul posé doit être justifié. Et cette justification doit se baser sur des faits, pas sur l’imagination de la personne (car on peut tout autant inventer des arguments a posteriori pour les conclusions opposées).

Ce biaisement dans la méthode de réflexion entraîne les chercheurs numérologues à produire régulièrement, sans même s’en rendre compte, des hypothèses totalement contradictoires.

Par exemple, Quentin Leplat, nous présentera un jour la coudée comme le résultat du mètre multiplié par Pi/6.
Mais une autre fois, la coudée devient le résultat du mètre multiplié par Phi²/5.
Sachant que Pi/6 et Phi²/5 sont mathématiquement inégaux, la coudée ne peut pas à la fois avoir été créée via Pi/6 et à la fois par Phi²/5. C’est soit l’un, soit l’autre.

Dans un post sur sa chaîne Youtube, Quentin Leplat découvre une nouvelle corrélation magique :

Assurons-nous bien du fait avant que de nous inquiéter de la cause

Oui vous avez bien lu : la coudée royale égyptienne découlerait du mètre, via le rapport entre les distances Soleil/Terre et Terre/Mars. Nouvelle hypothèse qui entre en contradiction avec les autres : soit la coudée royale a été créée via Pi, soit via Phi, soit en rapport avec Mars, mais ça ne peut pas être les 3 en même temps. (On passera sur le fait que son rapport est un non-sens étant donné que les distances entre ces astres sont variables...)

De telles contradictions sont permanentes dans le discours des chercheurs de vérité, démontrant, s’il en était encore besoin, le non-sens total de leur argumentation.
Il est extrêmement simple de fabriquer toutes sortes de corrélations pour s’étonner ensuite du résultat que l’on a soi-même produit.
Comme Quentin Leplat l’avait confirmé dans son débat face à Alexis Seydoux, il ne prend jamais le temps de s’intéresser au pourquoi de ses choix (il n’en a que faire). La seule chose qui l’intéresse, c’est de piocher dans une infinité de possibilités des chiffres qui se ressemblent plus ou moins, pour s’étonner ensuite de leur ressemblance.

Un autre chercheur de vérité pourra bricoler d’autres corrélations, et proposer une hypothèse totalement différente (comme ici par exemple) ; et alors il serait bon que nos amis se posent la question de savoir qu’est-ce qui rendrait leur hypothèse plus valable que celle du voisin ?

Les conclusions d’une telle méthode sont alors totalement dépendantes du bon vouloir de celui qui l’utilise.

Voilà pourquoi, passer des heures à triturer des chiffres, tester des calculs dans tous les sens, comparer inlassablement des dimensions, des angles, des rapports, des alignements, sans jamais une seule fois chercher à tenter de justifier ses choix a priori, est un exercice surement très distrayant pour l’esprit (comme pourrait l’être un Sudoku) mais n’a pas la moindre valeur sur le plan démonstratif.