Les tribulations d’un aventurier français en Bosnie
Article mis en ligne le 15 mars 2014

par Irna

Résumé pour le lecteur pressé : Dominique Jongbloed et les « pyramides » de Bosnie, c’est soit beaucoup de malchance soit beaucoup de pipeau...

(Pour en savoir plus sur Dominique Jongbloed : Où l’on découvre que l’habit ne fait pas le moine, ni le chapeau l’Aventurier)

Jusqu’à ces derniers temps, les Français étaient très peu présents sur le chantier des « pyramides » de Bosnie, et les « pyramides » parallèlement très peu présentes sur le web français. A part quelques journalistes en 2006-2007, et un volontaire ou un touriste de temps en temps, les « pyramides » ne semblaient pas attirer grand monde, et on pouvait compter sur les doigts d’une main les fils de discussion qui leur étaient consacrés sur les forums francophones. Une seule équipe de tournage française s’était rendue sur place en 2008 - celle du film La Révélation des Pyramides ; mais les auteurs du film, Jacques Grimault et Patrice Pooyard, ont dû trouver le site de Visoko peu convaincant, puisqu’il n’est jamais mentionné dans leur documentaire - à moins que Visoko ne soit trop éloigné de « l’équateur penché » de Jacques Grimault ?

Cette situation de quasi indifférence pour les « pyramides » a commencé à se modifier courant 2013 ; c’est probablement tout d’abord le succès relatif du film de MM. Pooyard et Grimault sur les réseaux sociaux qui a relancé l’intérêt pour l’archéologie mystérieuse et les pyramides du monde. Puis il y a eu en juin l’annonce (archive) [1] d’une « expédition française » à Visoko, dite « European Pyramid Research », EPR, visant à « essayer d’apporter une réponse scientifique » à diverses questions, suivie en août et septembre de comptes rendus écrits ou radiodiffusés, le tout ayant déclenché dans la sphère alternative sur internet une bouffée d’enthousiasme pour les « pyramides » bosniennes - avec plusieurs années de retard sur les réseaux anglosaxons équivalents, où les idées de M. Osmanagic ne sont plus guère prises au sérieux.

En quoi consistait cette expédition française à visée scientifique ? Son promoteur et organisateur est un certain Dominique Jongbloed, qui se présente sur son site personnel comme écrivain et voyageur ; ailleurs il préfère le terme d’aventurier, ou celui d’historien « spécialiste des civilisations de la très haute Antiquité » [2]. On trouve également pour le qualifier, en vrac, les termes d’explorateur, de chasseur de trésors, d’archéologue amateur, voire archéologue professionnel, de géographe ou cartographe (archive) capable d’assurer une « formation pratique en cartographie et topographie ». Bref, un homme universel et qui revendique pas moins d’une vingtaine d’expéditions à son actif (17 en 2010). Dominique Jongbloed s’appuie sur une structure dont il est le fondateur et président, une association loi 1901 appelée NordSud Institute. Cette association, fondée en 2009 sous le nom de ADL (Association pour le Développement des Loisirs) puis de Cap Aventures, est devenue en 2010 NordSud Institute (NI puis NSI).

L’expédition de M. Jongbloed en Bosnie s’annonçait (archive) comme dotée de gros moyens :

L’équipe sera dotée de radiomètres très puissants et très sensibles, pour la détection des champs magnétiques et électromagnétiques, de compteurs Geiger, pour la radioactivité, et d’un radiomètre de fréquences [3] capable de déceler la plus infime émission présente sur le site ... [...] l’ensemble des appareils de mesures sont issus des plus grands fabricants mondiaux (PCE - QUARDRA RAD [4] - etc.), ils disposent de certificats garantissant leur étalonnage. [...] Un drone et un parapentiste seront également employés pour les images et photos aériennes ...peut être même un ballon captif gonflé à l’Hélium et équipé des fameuses caméras GOPRO.

Ce matériel qui doit être emporté par l’expédition, M. Jongbloed en expose une partie sur sa page Facebook :

et précise fièrement qu’une grande partie de ce matériel a été donné par les fabricants qui sponsorisent ainsi l’expédition :

Ailleurs, sur une page aujourd’hui disparue figurant au sein d’un dossier du site chasses-au-tresor.com :

NORDSUD INSTITUTE déplace donc une équipe expéditionnaire équipée de compteurs Geiger fournis par la société Russe RADEX [5], de radiomètres extrêmement précis fournis par la société Allemande PCE Instruments, de détecteurs d’ultrasons et d’analyseurs de fréquences (les mêmes que ceux utilisés par le S.E.T.I pour l’étude des signaux extraterrestres), ainsi qu’un matériel de photographie permettant la photo ultrasensible (3200 ISO) et l’imagerie Kirlian, en collaboration avec l’équipe belgo-néerlandaise de Wim HAINE, seul moyen de visualiser en photographie l’énergie libre.

A l’occasion de la réalisation d’un documentaire fait sur cette expédition, elle utilisera également un parapentiste, un drone et un ballon captif à l’Hélium, pour réaliser des images aériennes particulièrement précises des deux sites de pyramides !!

Plusieurs équipes internationales (Bosnie, Russie, USA, Canada, UK, et européennes) rejoignent NORDSUD INSTITUTE et JONGBLOED sur les lieux afin de conjuguer leurs travaux, faisant ainsi de cet évènement le plus grand rassemblement d’explorateurs, archéologues et chercheurs au monde.Sur place plus de 2000 volontaires travaillent déjà, depuis le 5 juin dernier, à exhumer ces pyramides.

Capture d’écran - dossier EPR sur chasses-au-tresor.com

Ou encore, dans un communiqué de presse de NordSud Institute :

Une équipe Franco-canadienne,l’EUROPEAN PYRAMIDS RESEARCH (EPR), dépêchée par la fondation NORDSUD INSTITUTE, est appelée sur les lieux (du 29 Juillet au 6 Août 2013)

Sa mission : explorer les parties encore non fouillées des tunnels de Ravne et sonder avec des instruments de mesures extrêmement précis fournis gracieusement par les géants allemands, russe et anglais de l’industrie : PCE Instruments, QUARTA RAD et MAGENTA Electronics, les phénomènes qui rendent perplexes la communauté des chercheurs sur place. [...]

A la tête de cette équipe d’explorateurs – aventuriers, Dominique JONGBLOED, spécialiste des civilisations pré-antiques, membre de la société de Géographie de PARIS, du Royal Geographical Society de Londres, membre également du Centre polaire Paul Emile Victor. Une référence dans le domaine des recherches sur les pans inconnus de l’histoire du Monde.

Il viendra prêter main-forte au dr Osmanagic et aux équipes scientifiques internationales qui se rejoignent à cette occasion sur les lieux.

Son objectif : confirmer l’âge avancé des vestiges, tenter d’identifier la civilisation à laquelle ils appartiennent, explorer les zones encore interdites (pour cause de phénomènes étranges) afin de chercher des réponses aux questions que se posent les scientifiques sur l’origine de ces phénomènes.

Dominique Jongbloed confirme ces projets ambitieux le 12 juin 2013 dans une interview dans l’émission Bob vous dit toute la vérité, à l’époque diffusée par AdoFM : première partie et deuxième partie. Pour le lecteur qui hésiterait à s’infliger une heure de la syntaxe approximative de M. Jongbloed, j’en ai sélectionné quelques extraits intéressants :

1ère partie, 14:30 : A l’occasion du 1er août à Visoko il y aura une conférence internationale qui va réunir les 7 nations, les 7 équipes internationales qui vont comparer leurs travaux, et surtout qui vont comparer leurs découvertes.

18:13 : Je peux t’annoncer qu’à l’heure d’aujourd’hui j’ai pris contact avec un certain nombre d’organismes scientifiques, je balancerai le nom de l’organisme scientifique quand il me donnera le certificat.

19:17 : Je pars avec un matos de fou furieux, tu vas te retrouver avec un laboratoire là-bas digne de la salle de contrôle d’Houston pour l’Apollo, puisque j’ai obtenu du SETI, l’organisme américain qui fait la recherche sur l’intelligence extraterrestre dans le monde, l’intégralité des logiciels qu’ils utilisent pour arriver à discerner l’artificiel, le cosmique de l’artificiel, ces logiciels sont avec moi, j’ai mes bécanes et on part avec ce matos. Plus un fréquencemètre qui est offert par une société française, et l’un des membres de cette société est membre de mon expé, un spécialiste.

28:04 : On a une société toulousaine qui fabrique des ROV qui va nous en donner un. Un ROV c’est un petit sous-marin téléguidé qui va pouvoir jouer le rôle dans Stargate de la sonde pour aller voir de près, c’est-à-dire que ce sera le premier ROV qui sera équipé de roues et qui pourra bien entendu grimper dans la salle, sans que nous on s’expose aux radiations.

2ème partie, 2:00 : Je vois demain 8h45, pour les fans vous êtes invités, au buffet de la gare à la gare du Nord l’équipe néerlando-belge qui va filmer littéralement les pyramides et prendre des photos Kirlian, des photos qui vont permettre de voir l’énergie libre en photo. Vous allez voir cette énergie se dégager des pyramides.

4:14 : Je veux pas aller là-bas pour faire du tourisme, ni pour faire du sensationnel. Il n’y a jamais eu de rapport archéologique fait de manière sérieuse sur les pyramides de Bosnie. Pourquoi sont-elles critiquées ? parce qu’il n’y a jamais eu de parution dans le magazine Nature, y a jamais eu de rapport scientifique déposé à l’Unesco. J’ai décidé de mettre un terme à tout ça. Comment ? en amenant une équipe d’archéologues canadiens, qui vont mettre les normes et les formes pour qu’on fasse une recherche archéologique dans les normes et les formes.

8:08 : Nous allons utiliser l’ingénierie du SETI, il faut quand même réaliser ce que ça signifie quand même, utiliser l’ingénierie du SETI c’est utiliser des logiciels qui valent des millions de dollars, c’est pas des petits logiciels d’analyse de fréquences que tu peux trouver sur 01-machin et compagnie, hein, c’est du lourd. [...] Nous allons employer ces logiciels pour décortiquer dans tous les sens tous les sons.

En dehors de ces éléments sur le matériel et les projets scientifiques de l’expédition, cette interview de M. Jongbloed est également assez révélatrice sur quelques autres points, que je ne développerai pas outre mesure :

 sa très mauvaise connaissance du dossier des « pyramides » ; bien qu’il dise avoir « lu tous les rapports » (1ère partie, 25:13), il multiplie les erreurs factuelles. Par exemple il affirme que c’est dès 2006 qu’une feuille trouvée sur la « pyramide du Soleil » a été datée à - 25 000 ans (1ère partie, 5:07), alors que la première datation n’a été réalisée qu’en 2008, et qu’elle concernait le tunnel de Ravne ; ou bien il prétend que l’enregistrement diffusé à l’antenne des ultrasons de la pyramide proviendrait de l’Académie des Sciences de Moscou (1ère partie, 20:06), alors que ni l’Académie des Sciences de Russie, ni même la pseudo-académie de Semir Osmanagic, l’Académie des Sciences Naturelles de Russie, n’ont quoi que ce soit à voir avec cet enregistrement dont on peut trouver d’autres exemples ici ou (ce dernier lien comportant de plus une tentative de décodage assez rigolote !). Il évoque également un « lac souterrain » avec un « tunnel en V de 60 mètres de profondeur » (1ère partie, 23:31) et se demande s’il sera possible d’y plonger sans risquer la narcose... Précisons qu’en guise de « lac souterrain » dans le tunnel de Ravne on a ça :

Un "lac" de 10 mètres carrés

et ça :

Galerie inondée

Guère de risque de narcose... A noter d’ailleurs que cette galerie inondée a déjà été explorée par des spéléologues, voir ici (it).

 En parlant de risques, on peut noter que M. Jongbloed a une certaine propension à exagérer les risques encourus par lui et son équipe : en plus de la possible narcose, « là on risque quelque chose puisque que les Russkoffs [sic] nous ont détecté des radiations assez sympathiques, donc j’aimerais ne pas irradier » (1ère partie, 24:32), « on nous promet entre autres de se noyer, de se faire, heu, écraser sous un tunnel qui peut s’écrouler, non mais en plus il est sous l’eau donc c’est la totale, d’être éventuellement irradiés, donc tu vois c’est sympa quoi » (1ère partie, 11:57)... Il va même jusqu’à laisser entendre à demi-mots que la découverte de la « vérité » risquerait de « déranger sérieusement » (1ère partie, 31:47) certains intérêts puissants, avec quelques allusions aux pétroliers, à l’armement...

 Une tendance à reprendre les affirmations de Semir Osmanagic et de ses partisans sans guère d’esprit critique : même si de temps en temps il pense à mettre un « si » ou un conditionnel, globalement l’interview laisse l’impression qu’il prend pour argent comptant à peu près tout ce qui a été dit sur les « pyramides », depuis le « béton » extraordinaire - « C’est très simple, il existe que deux sociétés en Europe et dans le monde capables de produire ce type de béton » (1ère partie, 17:59) - jusqu’à la présence d’écritures glyphiques préhistoriques qu’il prétend être capable de déchiffrer (1ère partie, 16:30). De même, laisser entendre que les rapports émanant de la Fondation ont été faits par « des gens qui ont de la crédibilité, ce sont pas des scientifiques à deux balles, c’est pas des indépendants, c’est des gens qui sont des sommités, des professeurs émérites » (1ère partie, 25:17), c’est soit faire preuve d’une certaine naïveté, voire crédulité, soit déformer volontairement la réalité, les « experts » d’Osmanagic n’ayant en réalité pas grand chose à voir avec cette description...

 Une culture scientifique semble-t-il quelque peu déficiente, si l’on en juge par l’imprécision de son vocabulaire (fréquence, énergie, champ, onde...) ; sa confusion fréquente entre ondes mécaniques et ondes électromagnétiques (exemple : « Y en a certains qui disent que la fréquence 28Khz est une fréquence utilisée par les sous-marins, c’est tout à fait la bonne fréquence à utiliser par un sous-marin, tu balances des ultrasons dans l’eau, t’es marqué ’torpille-moi ici’, quoi ! » ; et pourtant c’est bien une fréquence utilisée par les sous-marins... mais une fréquence radio qui n’a bien sûr rien à voir avec les ultrasons !) ; ou un morceau de bravoure où il affirme, sans rire, que les Américains « ont pu transférer ainsi des oranges, qu’ils ont transportées je crois à peu près sur une cinquantaine de mètres, ils ont dématérialisé une orange, ils l’ont rematérialisée de l’autre côté, en départicularisant cette orange et en créant une fréquence de l’orange » (1ère partie, 20:57). Sans être soi-même physicien, il est quand même facile de se renseigner un minimum pour constater que les expériences - réussies - de téléportation quantique de ces dernières années ne font que transférer un état quantique, une information, et n’ont pas grand chose à voir avec le transfert de matière qu’imagine M. Jongbloed [6]... On notera également son affirmation quelque peu exagérée : « La nature est incapable de produire des angles à 90°, ça c’est une constante » (2ème partie, 18:55) ; un simple coup d’oeil à cette galerie de photos devrait permettre au lecteur de comprendre en quoi cette affirmation est pour le moins aventurée...

 Enfin on apprend que, d’après M. Jongbloed, c’est son ami Semir Osmanagic qui l’aurait presque supplié de venir l’aider à prouver l’existence des « pyramides » : « Surtout si t’as un pote comme Semir, qui te dit : ’Oh, Domi, c’est toi le spécialiste dans le monde des civilisations pré-antiques, si y en a un qui peut me dire que c’en est vraiment une, ça peut être que toi. Alors tu déboules et tu te ramènes avec toute ton équipe. C’était une invitation que je pouvais pas refuser ». L’humilité de l’invitation (sans parler de sa formulation !) ne me paraît pas vraiment correspondre au caractère de Semir Osmanagic tel qu’il transparaît dans ses textes et ses interviews ; en tout cas, on ne peut pas dire que le séjour de M. Jongbloed à Visoko ait fait beaucoup de bruit au sein de la fondation : il n’est évoqué que par un article (bs) daté de 5 jours après son départ, dont le ton assez neutre contraste curieusement avec l’impression que donne la déclaration de M. Jongbloed. Par ailleurs, si M. Jongbloed se déclarait déjà l’ami de M. Osmanagic en 2008 :

les deux hommes ne s’étaient en fait jamais rencontrés avant l’expédition EPR :

Un aventurier malchanceux ?

Venons-en maintenant à l’expédition elle-même et à ses résultats. L’équipe est restée 4 jours sur place, et est rentrée en France le 6 août 2013. Un premier communiqué de NSI est publié le 9 août (archive) sur le site français des « pyramides » :

Dominique JONGBLOED, le chef d’expédition, rapporte toutefois une moisson d’observations et de mesures qui semble révéler certains faits passés inaperçus, semble-t-il, aux yeux des chercheurs sur place ...

Ces informations, extrêmement importantes, valident certains points discutés sur les pyramides et même portent le débat au delà du territoire de Bosnie ... vers le croissant fertile et le pays de Sumer. [...]

On attend avec fébrilité le rapport que notre aventurier est en train de rédiger sur sa visite aux pyramides ...

Durant toute l’expédition de nombreuses photographies ont été prises ainsi que les images d’un possible documentaire tournées sur les lieux, en même temps que se faisait la visite.

On y apprend également :

Dernière minute : Dominique JONGBLOED participera à la conférence sur les pyramides de Bosnie, sur PARIS, en présence de Semir OSMANAGIC et de nombreux autres chercheurs, le 15 Septembre 2013, et y présentera ses travaux.

Sur la page Facebook de « l’Aventurier », le ton est encore plus enthousiaste ; le 13 août (archive) :

Je travaille en ce moment sur le rapport préliminaire sur Visoko que je vais adresser à la Société de Géographie de PARIS, au Royal Geographical Society of LONDON, au ministère de la Culture de Bosnie-Herzégovine et au Smithsonian Institution aux USA.

Bien sûr les sponsors PCE, QUARTA RAD et MAGENTA electronics vont être également destinataires de ce rapport. Quoi de plus normal après leur aide inestimable ...

Sans déflorer le sujet de ce soir sachez tout de même que depuis 28 ans que je fais des recherches sur les civilisations pré-antiques c’est le plus important rapport jamais réalisé par moi et celui qui nécessite le plus grand sang-froid, le plus d’objectivité, d’impartialité. J’ai lutté durant toute sa rédaction contre l’enthousiasme, l’euphorie, pour ne jamais perdre ce qui fait ma crédibilité : mon sens de l’analyse, ma rationalité, mon pragmatisme ...

Dans les jours qui suivent, le ton et l’excitation montent de plus en plus ; le 28 août (archive) :

plusieurs vérité que j’ai mis en évidence et que Semir OSMANAGIC a découvert avec moi, en fusionnant nos recherches et nos conclusions. Le 6 Août, en rentrant, j’étais au moins aussi troublé que lui. Nous sommes peut être les premiers à avoir trouver enfin une preuve qui ne pourra être contestée par l’archéologie traditionnelle et qui va plonger la Science dans l’abîme de l’angoisse du non-savoir ...

le 30 août (archive) :

Serions-nous au seuil d’une nouvelle ère ? L’émotion est intense dans les bureaux car l’on n’ose espérer qu’enfin nous détenions LA PREUVE.

le 30 août également (archive) :

Avant le 15 septembre nous saurons si nous avons rêvé trop fort ... ou si nous sommes à présent dans une nouvelle ère pour l’archéologie et l’Histoire ... Il me tarde de pouvoir annoncer la bonne nouvelle à Semir !

pour culminer le 4 septembre (archive), jour où M. Jongbloed doit être à nouveau interviewé dans l’émission Bob vous dit toute la vérité :

A 21 Heures précises le monde va basculer dans une nouvelle dimension : l’Histoire va reculer de plus de 5000 ans.

Non parce que je le dis, l’annonce ou le décide ... mais parce que les preuves que j’ai en ma possession, trouvées lors de mon exploration de la vallée des pyramides de Bosnie, ou qui dormaient là et attendaient d’être révélées, vont être enfin présentées ce soir en avant-première !!

Le rapport de plus de 60 pages que j’ai écrit, couvert de photos, de certificats de laboratoires, de constatations indéniables, de mesures infalsifiables, va certainement ébranler le monde de l’archéologie !

Curieusement, par la suite le ton se fait moins exubérant, plus posé ; plus de nouvelles de la participation de M. Jongbloed à la conférence prévue le 15 septembre à Paris avec Semir Osmanagic : la conférence a bien eu lieu, mais M. Jongbloed n’a semble-t-il pas réussi à s’y faire inviter. Sur le site de NSI l’expédition EPR est résumée de façon assez lapidaire en novembre :

L’expédition EPR 1 s’est achevée le 7 Août 2013 sur un bilan mitigé : [...]

Sur Visoko :

1. plusieurs monuments de la Vallée des Pyramides, en Bosnie, n’ont pu être explorés, faute de temps.

2. Les vols en parapente prévus ont échoué ou n’ont pu être réalisés en raison de conditions climatiques difficiles et de points de saut rares. De fait, nous ne sommes en possession d’aucunes images aériennes.

3. Les frais d’expédition se sont envolés et NSI et le Cours RENAISSANCE (dont le représentant, Thierry Coelho, était présent avec l’équipe) ont du couvrir pratiquement 1500 € de frais supplémentaires non prévus.

Toutefois, sachant quand même extraire de ces différents déboires des résultats pour l’expédition, Dominique JONGBLOED et Jessica ROY ont pu récupérer un certain nombre d’informations, de films, de photos, de mesures métriques ou radiométriques, qui ont leur importance et qui ont permit de rentabiliser finalement cette première expédition sur les pyramides de Bosnie. [7]

Il semble en effet que M. Jongbloed ait joué de malchance, ou surestimé ses capacités, et qu’une grande partie des objectifs fixés au départ et évoqués dans la première partie de cet article n’aient pu être atteints. Qu’on en juge : en dehors des deux contretemps évoqués plus haut (pas de vols en parapente, et manque de temps pour explorer tous les monuments), bien d’autres projets ambitieux ont également échoué :

 La « conférence internationale » qui devait permettre à M. Jongbloed de confronter ses découvertes avec celles de "plusieurs équipes internationales (Bosnie, Russie, USA, Canada, UK, et européennes)" ne semble pas avoir eu lieu : M. Jongbloed n’en a plus soufflé mot après son retour, et les actualités du site de la Fondation pour la période de début août 2013 ne signalent aucun rassemblement particulier de « scientifiques internationaux ».

 L’équipe « belgo-néerlandaise » qui devait réaliser les photos Kirlian semble également avoir fait faux bond à M. Jongbloed.

 Les si dangereuses plongées qui auraient pu faire risquer la narcose à M. Jongbloed n’ont pas eu lieu, mais ce n’est pas la faute de l’organisateur (archive) :

De plus l’équipe chargé de nous apporter le matériel de plongée nous a fait défaut ... Le sérieux est une denrée rare ...

 Pour le ROV, c’est le manque de place (archive) qui est en cause :

Le rove n’est pas parti avec nous ... manque de place. Le fabricant ne pouvait nous le livrer sur place. Là-bas il n’ont pas ce genre d’appareil.

 Le magnifique théodolite (voir la photo ci-dessus) et le télémètre laser (archive) qui devaient « servir à calculer la hauteur des pyramides » n’auront pas servi, ni sur la « pyramide du Soleil » (archive) :

D’une hauteur de 213 à 220 m, selon les relevés fournis par le cadastre de Visoko (une mesure metrique est cependant à faire obligatoirement dès mon deuxième voyage pour avoir une hauteur certifiée définitivement)

ni sur la « pyramide de la Lune » (archive) :

D’une hauteur de 190 m, selon les documents fournis par le cadastre de Visoko (là aussi une mesure métrique doit être faite pour avoir sa hauteur de manière certaine)

 Pas de nouvelles non plus ni du fréquencemètre offert par une société dont un des membres était censé faire partie de l’expédition (membre d’ailleurs impossible à identifier, même après contact avec les participants réels, dont aucun ne reconnaît travailler dans une société qui aurait sponsorisé l’EPR), ni du drone censé produire des images aériennes, sans parler du ballon captif.

 « L’équipe d’archéologues canadiens » qui devait « mettre les normes et les formes » se résume tout compte fait à une étudiante canadienne, bien marrie d’ailleurs d’avoir été présentée pour ce qu’elle n’est pas :

Bref, beaucoup de contretemps... ou bien beaucoup d’exagérations dans la façon dont l’expédition était présentée avant son départ ! J’ai d’ailleurs découvert accidentellement une autre « exagération » de M. Jongbloed en contactant la société Magenta Electronics pour savoir comment fonctionnait exactement le détecteur d’ultrasons utilisé par l’EPR. Au cours de l’échange avec un responsable de cette société, Brian Brooks, il s’est révélé quelque chose de curieux. Alors que Magenta était présentée par M. Jongbloed comme sponsor de l’expédition :

Brian Brooks ne semble pas du tout au courant lui de ce sponsoring :

(Trad : « C’est une histoire très curieuse. Nous n’avons certainement pas sponsorisé cette investigation, ni fourni à ma connaissance aucun équipement, donc je pense que c’est un peu fantaisiste. Dans l’ensemble, je suis un peu méfiant : toute cette affaire est un canular, ou peut-être un malentendu. »)

Du coup, je me suis permis d’écrire à quelques uns des autres « sponsors » mentionnés par M. Jongbloed ; l’un d’entre eux, PCE Instruments, m’a opposé un refus de réponse assez agressif, en arguant d’une supposée confidentialité de l’information (l’objectif d’un accord de sponsoring n’est-il pas pourtant justement de contribuer à la communication de l’entreprise sponsor ?), et a fait suivre mon mail à M. Jongbloed. Il s’en est suivi une réaction assez spectaculaire de ce dernier sur Facebook :

(le lecteur pourra lire ici tout l’échange public qui s’en est suivi sur ma page Facebook)

accompagnée d’un mail privé de M. Jongbloed où il me menace des foudres de la justice (ou plutôt de la « cybergendarmerie de Nice ») pour mes « investigations illégales » et mes « atteintes à la vie privée » (depuis quand un éventuel accord de sponsoring entre une entreprise et une association est-il du domaine de la vie privée ?).

Comme je l’ai fait remarquer à M. Jongbloed, le simple fait qu’on puisse chercher à vérifier que ces sociétés sont réellement ses sponsors semble le mettre dans tous ses états... Je n’ai bien évidemment vu venir aucune suite judiciaire après cet éclat ; par contre, on peut noter que les posts et images présentant Magenta et quelques autres comme « sponsors » sur la page Facebook et les sites de M. Jongbloed ont disparu - à l’exception de ceux concernant PCE Instruments, ce qui semble donc bien confirmer le statut de vrai sponsor de cette entreprise-là. Pour les autres « sponsors », on n’en trouve plus trace que dans quelques pages n’appartenant pas à M. Jongbloed telles que celle-ci ou celle-là.

Un rapport qui joue l’arlésienne

Pour en revenir à l’expédition bosnienne, malgré tous les « contretemps » évoqués ci-dessus, M. Jongbloed affirme cependant avoir fait un certain nombre de découvertes intéressantes, et s’est attelé au mois d’août à la rédaction d’un compte-rendu de cette expédition :

Comme on le voit, il était prévu d’envoyer ce « rapport préliminaire » à un certain nombre d’institutions scientifiques et politiques, dont la liste est précisée par M. Jongbloed ailleurs :

Devait également être destinataire de ce rapport... votre servante ! En effet, M. Jongbloed s’était engagé sur ma page Facebook à me le communiquer :

Le 22 août, M. Jonbloed n’était « plus très loin » (archive) de l’achèvement du rapport, rapport officiellement terminé et envoyé aux « organismes et institutions » le 20 octobre (archive). Curieusement, alors que nous sommes début mars, je n’ai toujours pas reçu le compte-rendu promis par M. Jongbloed ; mais je ne suis pas la seule : ni le Smithsonian, ni la Royal Geographical Society, ni la Société de Géographie de Russie, que j’ai contactés, ne l’ont reçu. Pourtant, dans une interview chez Bob vous dit toute la vérité le 4 septembre, M. Jongbloed affirme : « mon rapport, qui a été déposé auprès des plus grosses institutions, dont le Smithsonian Institute, la Société Géographique de Paris, la société du Royal Geographical Society de Londres, National Geographic aux Etats-Unis et j’en passe et des meilleures » (à 32:26), et il confirme quelques jours plus tard (interview du 15 septembre pour ONCT, 32:09) : « Ces instituts en sont encore à analyser les choses [...]. J’aurai je pense les premières véritables retombées fin de mois / début de mois prochain »... Assez curieux, ce rapport, « déposé » aux institutions le 4 septembre, mais terminé et envoyé aux mêmes institutions le 20 octobre, et toujours pas arrivé au mois de décembre !

Cependant, M. Jongbloed a publié dès le mois d’août sur sa page Facebook quelques extraits de ce « rapport préliminaire » : sur la pyramide du Soleil (archive), la pyramide de la Lune (archive), la pyramide du Dragon (archive), de supposés liens avec Sumer (archive), les tunnels de Ravne (archive), le tumulus de Vratnica (archive).

Parallèlement à la rédaction de ce compte-rendu, M. Jongbloed a également entrepris la rédaction d’un livre, annoncé dès le 5 septembre (archive), qui prendra le titre (archive) de Pyramides de Bosnie - Recherches au-delà du mystère. Le livre est mis en souscription, et M. Jongbloed espère 1000 souscripteurs le 15 octobre (archive). Puis, le 5 novembre (archive), coup de théâtre :

Je viens d’être informé par Terres d’Aventures éditions qu’en raison des ventes trop faibles de l’ouvrage PYRAMIDES DE BOSNIE - Recherches au delà du mystère, seules les commandes prises jusqu’au 31 Octobre 2013 seront assurées. Toutes les commandes prises après cette date seront donc remboursées !!
... en même temps on peut comprendre ... fabriquer un livre a un coût et à petite quantité c’est pire.

Cette nouvelle est curieuse à plus d’un titre ! Tout d’abord on a du mal à en saisir la logique : si le coût de fabrication à un faible nombre d’exemplaires est trop élevé, l’intérêt de l’éditeur, voyant que la souscription ne fonctionne pas très bien, serait soit d’annuler la publication du titre, soit d’attendre un peu en espérant vendre plus d’exemplaires ; or ici l’éditeur met fin à la souscription, et donc s’impose une production limitée à quelques dizaines d’exemplaires sans pouvoir espérer plus et en s’obligeant même à rembourser les souscriptions prises entre le 31 octobre et le 5 novembre - alors que le tirage de quelques exemplaires de plus ne pouvait faire augmenter le prix de revient du livre... (voir aussi à ce sujet la mise à jour du 21 mars au bas de cette page). La deuxième chose très très curieuse est que cette décision est présentée par M. Jongbloed comme celle de son éditeur ; ce qui semble d’ailleurs confirmé par un message posté sur la page Facebook de l’éditeur Terres d’Aventures éditions :

Or cet éditeur (à ne pas confondre avec la célèbre collection « Terres d’Aventure » d’Actes Sud !), dont on a beaucoup de mal (euphémisme !) à trouver la trace sur le net et qui ne semble avoir publié que des livres de M. Jongbloed, figurait ainsi sur la page « recrutement » du site de NordSud Institute encore en décembre 2013 :

« L’éditeur » du livre de Dominique Jongbloed n’est donc en fait que le « département édition » de NSI dont Jongbloed Dominique est le fondateur et le président... Je ne m’aventurerai pas à essayer de comprendre le pourquoi de ce petit jeu où M. Jongbloed incarne tantôt l’éditeur près de ses sous tantôt l’auteur frustré, au risque de décevoir ses « fans » qui n’ont pas souscrit à temps...

Ces lecteurs déçus ont toutefois un lot de consolation, puisque M. Jongbloed a publié des extraits de son ouvrage qui permettent de se faire une idée de son contenu sur sa page « EPR » : préface de Semir Osmanagic (archive), présentation des pyramides (1 et 2) (archive), pyramide du Soleil (archive), pyramide de la Lune (archive), pyramide du Dragon (archive), tunnels (archive)... Le lecteur attentif notera que les différences entre les extraits du « rapport » et ceux du « livre » ne sont que cosmétiques !

A ces extraits du livre/rapport, on peut ajouter les informations distillées par M. Jongbloed dans deux vidéos d’interviews réalisées après son retour de Bosnie : l’une chez Bob vous dit toute la vérité le 4 septembre, l’autre pour le site Onnouscachetout (ONCT) le 15 septembre (également disponible ici en plusieurs parties, elle commence à 2:42 de la partie 2). Par ailleurs une copie du rapport complet, intitulée « pyramide-de-bosnie-copie-bob.pdf », a pas mal circulé sur le net, illégalement semble-t-il ; par exemple cette copie a été disponible plusieurs semaines à cette adresse : http://fr.scribd.com/doc/213513785/Pyramide-de-Bosnie-Copie-BOB.

Que peut-on dire des « découvertes » de M. Jongbloed telles qu’elles sont exposées dans ces différents documents ? Commençons par la préface (archive) du livre/rapport, attribuée à M. Osmanagic : elle consiste pour l’essentiel en une traduction d’un texte de décembre 2011 qu’on peut trouver sur le site de la fondation de M. Osmanagic, intitulé World History and Bosnian Pyramids 2011. Semir Osmanagic se serait-il contenté de reprendre un de ses anciens textes pour l’envoyer à M. Jongbloed ? Est-il plausible qu’il déclare « il [M. Jongbloed] a établi le fait qu’il existait des particularités dans ces constructions que nous n’avions pas identifié [sic] malgré toute l’attention que nous portons journellement au site » alors que M. Jongbloed n’avait passé que quatre jours sur place ? Là encore cette déclaration semble en décalage avec la façon habituelle de s’exprimer de M. Osmanagic, ainsi qu’avec le ton du texte (bs) sur l’EPR publié sur le site de la fondation. Ce qui est assez surprenant aussi, c’est que M. Jongbloed ait eu besoin de faire traduire la préface en anglais pour une supposée édition en anglais du livre, alors que, M. Osmanagic n’écrivant pas en français à ma connaissance, on peut supposer que cette préface était au départ rédigée en anglais et que M. Jongbloed devait disposer de l’original... Une bizarrerie de plus !

De même que la préface reprend un texte déjà publié sur le site de la Fondation, pour l’essentiel le livre/rapport ainsi que les affirmations de M. Jongbloed lors des deux interviews mentionnées plus haut, ne font que reprendre ce qui est avancé depuis des années par M. Osmanagic et les partisans des pyramides, sans fournir la moindre preuve supplémentaire. M. Jongbloed se donne parfois l’illusion du recul et de l’esprit critique, comme par exemple quand il reprend les critiques d’Alun Salt sur le « triangle équilatéral » qui joindrait les sommets des « pyramides » (voir Une "vallée des pyramides"), ou lorsqu’il exprime ses « réserves » sur le fait que le « tumulus » de Vratnica serait une construction artificielle. Mais globalement il ne fait que recopier le contenu des documents fournis par la fondation (ou repris sur le site) sans aucun recul ; il n’a par exemple pas pris la peine de vérifier ce que le professeur Davidovits avait réellement étudié, sinon il n’affirmerait pas que ce dernier aurait révélé que « le béton trouvé sur la pyramide bosniaque du soleil était cinq fois plus solide que les bétons actuels » (p. 60 du rapport) : le professeur Davidovits n’a pas analysé d’échantillons de la « pyramide du Soleil », et n’a à aucun moment évoqué la solidité du seul échantillon, provenant de Vratnica, qu’il a étudié.

M. Jongbloed ajoute même souvent des erreurs de lecture ou d’interprétation aux documents déjà peu rigoureux de la fondation, dont on peut citer quelques exemples :

 « La qualité des matériaux utilisés pour sa construction surpasse ceux d’aujourd’hui, selon une étude faite en 2011, par l’Institut SCHMID® de l’Académie Russe » (p. 56) : il s’agit ici des professeurs Khavroshkin et Tsyplakov de l’Institut Schmidt, venus en 2007 étudier la sismique des pyramides : il n’y a absolument rien dans leurs travaux qui concerne « la qualité des matériaux »... Ils n’ont pas non plus « scanné le sommet de la pyramide du soleil » ni « conclu qu’il y avait probablement des passages à l’intérieur de celles-ci, des tunnels » (p. 57). Une autre (ou la même ?) mystérieuse « équipe russe » est créditée de la découverte de « fréquences ultrasoniques » (dans l’interview ONCT à 8:40) ; c’est également « un rapport d’une équipe russe antérieure » qui est censé avoir « cadré cette fréquence aux alentours de 28 KHZ », cette fois concernant « l’onde électromagnétique partant du sommet » de la pyramide du Soleil (interview ONCT, 18:37) : inutile de préciser que ce ne sont pas non plus les Russes Khavroshkin et Tsyplakov, ni d’autres Russes, qui ont mesuré ces fréquences, qu’elles soient ultrasonores ou électro-magnétiques. Visiblement, soit M. Jongbloed a les idées un peu confuses, soit, contrairement à ce qu’il affirme, il n’a pas réellement vu ces fameux rapports.

 « La pyramide de la lune est, comme les deux autres
pyramides, composée de blocs de grès mêlés à des couches
d’argile »
(p. 72) : M. Jongbloed ne semble pas voir la différence entre le grès de la « pyramide de la Lune » et le conglomérat de la « pyramide du Soleil »...

 « Dans la première salle, qui est environ à 250m de l’entrée du tunnel, la concentration des ions négatifs est de 43.000 kilo-ions par centimètre cube ! » (p. 84) : même si cette fameuse concentration en ions négatifs dans le tunnel n’a guère le sens que la fondation veut lui prêter, on pourrait au moins attendre de M. Jongbloed qu’il utilise des valeurs cohérentes : 43 millions d’ions/cc, c’est légèrement plus que les valeurs maximales relevées par la fondation elle-même (18 000 à 20 000 ions/cc...).

 « Des échantillons du K2 ont été envoyés à l’Institut de Physique Atomique de Croatie, à Zagreb, par les soins du professeur Ruđer Boskovic » (p. 87) et « On peut conclure que, si cette affirmation de Boskovic est vraie [...] » : le pauvre Boskovic, décédé en 1787, aurait eu bien du mal à affirmer quoi que ce soit !

On pourrait multiplier les exemples, tant le rapport aussi bien que les interviews sont truffés de telles erreurs ou approximations. J’avais également relevé dans un autre article une confusion quelque peu grotesque de M. Jongbloed sur sa page Facebook : Des conséquences tragiques d’un poisson d’avril - bis repetita placent.

Mais y a-t-il néanmoins des éléments originaux dans la production de M. Jongbloed, qui ne soient pas des resucées des affirmations de M. Osmanagic ? On peut en distinguer trois : le premier est l’idée qu’il avance selon laquelle « la vallée des pyramides serait peut-être le berceau de Sumer » (interview Bob, 36:52). Idée qui lui vient du souvenir « d’une tablette sumérienne que j’avais vue, il me semble, et il y a très longtemps, dans un catalogue du musée de Bagdad » (rapport, p.52), tablette portant des chevrons (des « V inversés ») qui lui ont « rappelé la vision des pyramides ». Malheureusement, M. Jongbloed est incapable de fournir le moindre dessin ou photo de cette tablette ; un peu léger donc pour prétendre réécrire toute l’histoire et la préhistoire comme il le fait dans l’interview Bob à partir de 39:32 [8].

Le deuxième élément tient aux propriétés surprenantes, selon M. Jongbloed, du « monolithe K2 » situé dans le tunnel de Ravne (celui que le professeur Debertolis prenait pour une moule géante...). Laissons M. Jongbloed raconter sa rencontre avec ce monolithe, dans l’interview ONCT du 15 septembre (14:17) :

J’ai posé le radiomètre dont l’objectif était de mesurer les radiations électromagnétiques, s’il y en a. Et juste à côté de cet engin, à 80 cm, j’ai posé le compteur Geiger. Ce compteur Geiger a donné des mesures en microRems qui étaient tout à fait celles qu’on retrouve comme radioactivité naturelle sur le sol, c’est-à-dire entre 7 et 14 µRem ; sauf qu’au moment où j’ai posé le radiomètre pour mesurer les ondes électromagnétiques, il s’est passé un phénomène extraordinaire : l’énergie du radiomètre a été littéralement absorbée par le K2 qui a littéralement, mais alors en quelques secondes, vidé les piles. Et surtout ce qui est incroyable c’est que dans le même temps le compteur Geiger a mesuré cette captation d’énergie puisqu’il est passé rapidement de 14 à 24 et jusqu’à 50 µRem pendant le temps de la décharge. Donc il a capté en fait une énergie, il a pompé l’énergie de notre matériel de mesure.

M. Jongbloed poursuit en décrivant comment le monolithe K2 a également « capté l’énergie » d’un groupe qu’il décrit comme des volontaires avec leur chef d’équipe (d’après certains membres de l’expédition, il s’agissait en fait de touristes accompagnés d’un guide). Malheureusement, M. Jongbloed a de nouveau été bien malchanceux : se trouvant seul avec son radiomètre et son compteur Geiger (et les touristes en visite), il n’a aucun témoin de ce phénomène extraordinaire (rapport, p. 91). Quel dommage pour la science ! Il aurait peut-être pu essayer de répliquer le phénomène devant témoin, mais il a sans doute manqué de temps...

Le troisième élément original fourni par M. Jongbloed concerne les fréquences des ondes ultrasonores qu’il dit avoir enregistrées sur la « pyramide du Soleil » et le « tumulus » de Vratnica. Ces ultrasons ont déjà été enregistrés à plusieurs reprises, en particulier par l’équipe du professeur Debertolis (voir Chasser le (projet) Dragon ou Du mésusage de l’archéoacoustique), mais M. Jongbloed affirme avoir découvert des éléments plus précis que toutes les équipes qui l’ont précédé : la source des ultrasons dans la pyramide du Soleil « se trouve à 60 mètres de profondeur, dans l’axe de la pyramide exactement ; c’est parfaitement dans l’axe de l’apex, à une verticale absolue, à 60 mètres, et apparemment ce serait dans des salles qui ont été identifiées au radar de sol » (interview Bob, 12:45). Et ces fréquences seraient beaucoup plus complexes qu’on ne le croit (interview ONCT, 26:53) :

Les deux fréquences du tumulus de Vratnica sont opposées diamétralement et parfaitement ; elles sont posées selon les deux points cardinaux Nord / Sud. Elles n’ont pas le moindre degré, minute d’écart. Elles sont parfaitement alignées sur les deux pôles magnétiques, et elles émettent toutes les deux avec un léger décalage entre elles [...]. Mais surtout ce qui a été intéressant c’est qu’un des laboratoires qui travaillent sur ces fréquences a identifié un bruit de fond derrière. Il a fallu aussi dégager toute une série de bruits parasites [...], donc il a fallu nettoyer ces fréquences, mais en nettoyant ces fréquences ils ont mis la main sur une fréquence particulière, un son très grave et régulier [...]. Les deux fréquences de Vratnica sont en décalage léger avec la fréquence de la pyramide du Soleil et semblent s’intercaler parfaitement dans la courbe sinusoïdale basse de l’onde émise - ultrasonique - de la pyramide du Soleil. Comme si ces trois fréquences communiaient entre elles [...]. Il semblerait que le tumulus de Vratnica reçoit des informations de la pyramide du Soleil et en retransmet, de manière régulière. Et il y a un problème sur la fréquence de la pyramide du Soleil : elle semble lancer une fréquence régulière, et à un moment donné elle rippe pour relancer la même fréquence, un peu comme un disque rayé.


En dehors du fait que M. Jongbloed devrait revoir la définition d’une fréquence (des fréquences « diamétralement opposées », « posées sur les points cardinaux », « alignées sur les pôles magnétiques »... de quoi faire hurler n’importe quel physicien !), ce qui est intéressant est de voir comment il a pu obtenir toutes ces informations. L’appareil utilisé pour la détection de ces ultrasons est le Bat 5 de la société Magenta Electronics (la même qui, on l’a vu plus haut, ne se souvient absolument pas avoir sponsorisé M. Jongbloed et lui avoir fourni du matériel) :

On a des appareils de fou furieux, on s’est fait faire une donation de plus de 10 000 euros d’un matériel qui vaut la peau des couilles et qui est d’une précision absolument incroyable. [...] ils ont été scellés, testés, étalonnés par les plus grandes institutions d’Allemagne, d’Angleterre, de Russie. Les sons sont enregistrés dans la machine et je peux les récupérer sur l’ordinateur [...]. Le Magenta a permis en plus de situer très exactement la profondeur, ça se trouve à 60 mètre de profondeur...

(interview "Bob", 10:20)

Ces affirmations posent quand même quelques problèmes : le Magenta Bat 5, cet « appareil de fou furieux », est un détecteur de chauves-souris grand public ; on le trouve sur le site du fabricant au prix de 91 livres et en France au prix de 135 euros. C’est un petit appareil sympathique, de bonne qualité, mais pas non plus du haut de gamme. Comme le dit par exemple un bulletin spécial chauves-souris de la LPO (page 7) :

Il existe des petits détecteurs d’ultrasons électroniques vendus dans le commerce permettant de rendre audible les sons émis
par les chauves-souris. Les modèles Magenta Bat 4 ou Magenta Bat 5
permettent d’écouter les chauves-souris pour environ 100 euros ! Il existe des détecteurs plus perfectionnés, la gamme de prix s’étalant jusqu’à 10 000 euros

On repassera donc pour le matériel de « fou furieux » ; mais plus que le prix ou la qualité de l’appareil, ce sont les limitations techniques du Bat 5 qui rendent quelque peu incohérente la version de M. Jongbloed. En effet, le Bat 5 n’est pas un enregistreur, il ne permet que d’écouter les ultrasons produits par les chauves-souris ; on voit donc mal comment M. Jongbloed peut clamer que « les sons sont enregistrés dans la machine ». Il est certes tout à fait possible ensuite d’enregistrer le son qui sort de l’appareil, mais c’est ajouter une distorsion supplémentaire au signal original, pas très recommandé pour une étude scientifique précise !

Plus important, le Bat 5 est un détecteur hétérodyne. Il existe en effet plusieurs types de détecteur, dont le principe de fonctionnement n’est pas le même. « Les détecteurs travaillant en mode hétérodyne captent l’ultrason et le comparent avec une fréquence interne à l’appareil : le son restitué par le haut parleur a une fréquence égale à la différence entre les deux sons initiaux » (http://www.natagora.be/index.php?id=717). Il s’agit donc d’une soustraction de fréquences, et ce qui sort de l’appareil n’est pas le signal original. Selon cet autre site :

Bien que les signaux d’écholocation perçus soient retransmis à l’observateur en temps réel, le signal original n’est pas conservé sous sa forme originale.
Limites :
 Portée très réduite. Bien que l’appareil puisse balayer un spectre de fréquences allant de 20 à 200 kHz, la gamme de fréquences audibles autour de la fréquence ajustable par l’observateur n’est que de 10 kHz. Autrement dit, lorsque l’appareil est réglé pour détecter les signaux situés autour de 60 kHz, les espèces émettant des signaux inférieurs ou supérieurs à 60 + ou - 5 kHz ne sont pas détectées.
 L’enregistrement des signaux n’est pas disponible. Bien que les valeurs fréquentielles soient affichées par l’appareil lors de l’écoute, le signal en sortie n’est pas restitué dans son intégralité et ne peut donc être visualisé sous la forme d’un sonagramme.

Cet appareil peut donc être utilisé pour déterminer un pic de fréquence à 28 KHz sur le terrain, mais en aucun cas pour obtenir un signal de qualité permettant ensuite un traitement dans un logiciel et une analyse fine. Pour faire ce que prétend avoir fait M. Jongbloed, il faudrait plutôt utiliser un autre type de détecteur, nettement plus cher, un détecteur à expansion de temps : « Le détecteur enregistre dans une mémoire interne le signal de la chauve-souris et le restitue dans un second temps 10 fois plus lentement, ce qui le rend audible. Ces signaux peuvent être analysés à l’aide d’un programme informatique, sous forme de sonogrammes » (http://www.natagora.be/index.php?id=717) et « Le signal perçu est enregistré dans son « intégralité » (codage en 8 ou 16 bits au format .wav) dans une mémoire tampon, avant d’être rejoué à une vitesse plus lente, ajustable par l’observateur (8x ou 10x). [...] Sauvegarde complète des données. Les signaux sont enregistrés sous format audio et ne nécessitent aucune transformation ultérieure en vue d’être analysés sous forme de sonagrammes et/ou spectrogrammes et/ou oscillogrammes. Signal en sortie peu altéré. Les harmoniques, l’amplitude et la répartition de l’amplitude sur le signal sont relativement préservées (codage en 8 ou 16 bits) » (http://chauves-souris.e-monsite.com/pages/tout-savoir-sur-l-echolocation/les-detecteurs-d-ultrasons-principes-de-base.html).

Mais un détecteur ne peut pas être les deux à la fois, c’est l’une ou l’autre technique qui est utilisée, ce qui rend assez risible la phrase, page 65 du rapport, où M. Jongbloed dit : « l’enregistrement put finalement être traitée de manière appropriée (hétérodyne dans un premier temps puis expansion du temps, pour une meilleure lecture spectrale et écoute sonore ».

Pour en avoir le coeur net, j’ai, comme dit plus haut, contacté le fabricant du Bat 5, la société Magenta, en leur demandant s’il était plausible que leur appareil permette par exemple de « situer très exactement la profondeur » de la source du signal. Voici la réponse de M. Brooks :

As far as the detector is concerned, there is a recorder output, and so ’recordings’ can be made. As it is a heterodyne type detector, the actual frequency of the recording will depend upon the setting of the heterodyne oscillator - which is indicated on the digital display. As you are aware, it is not possible to deduce the actual frequency as it would be in a time expansion or frequency division detector.
The ability to determine that a source of 28kHz acoustic waves is 60 metres underground is well beyond belief, even using our excellent bat detectors !

(Trad. : « En ce qui concerne le détecteur, il y a une sortie pour enregistreur, et donc des « enregistrements » peuvent être faits. Comme il s’agit d’un détecteur de type hétérodyne, la fréquence réelle de l’enregistrement dépendra du réglage de l’oscillateur hétérodyne - qui est indiqué sur l’écran digital. Comme vous le savez, il n’est pas possible de déduire la fréquence réelle comme ça le serait avec un détecteur à expansion de temps ou à division de fréquence.
Réussir à déterminer qu’une source d’ondes acoustiques de 28 kHz est à 60 mètres sous terre n’est pas du tout crédible, même en utilisant nos excellents détecteurs de chauves-souris ! »)

Ajoutons à tout cela un dernier point : quid du traitement du signal enregistré par les fameux logiciels du SETI, ces logiciels « qui valent des millions de dollars » et dont M. Jongbloed s’est fait prêter « l’intégralité » dans ses « bécanes » ? Aucun traitement par ces logiciels n’est mentionné dans le rapport ; la seule indication d’un traitement du signal est fournie sous la forme d’une capture d’écran, visible également ici (archive) ou , du logiciel libre Audacity...

Reconnaissons tout de même au rapport de M. Jongbloed une qualité : celle d’avoir mené une enquête relativement exhaustive (et pour laquelle, par exception, il mentionne ses sources, en l’occurence essentiellement le spécialiste d’acoustique naturaliste Michel Barataud), pour essayer d’éliminer la possibilité que les ultrasons enregistrés proviennent de criquets ou autres chauves-souris. Par contre il est fort dommage qu’on ne trouve pas trace dans ce texte des rapports de labos étrangers annoncés par M. Jongbloed lors de l’interview chez Bob, lorsqu’il disait : « A l’heure d’aujourd’hui j’attends les derniers rapports français, mais pour la Russie, pour les Etats-Unis, pour l’Angleterre et pour l’Allemagne c’est de l’artificiel garanti » (11:02)... Dommage également que M. Jongbloed n’ait pas tenu sa promesse de publication dans Nature ou Sciences et Avenir !

En conclusion, je crois qu’on peut dire sans grand risque de se tromper que l’apport de cette « expédition » EPR à la connaissance du dossier des « pyramides » est à peu près nul - pire, que les déclarations aventurées et parfois contradictoires de M. Jongbloed ne font qu’ajouter au rideau de fumée déjà bien épais qui entoure les pseudo-pyramides. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les participants à l’expédition, à l’exception de la compagne de M. Jongbloed, se sont dissociés de ce dernier plus ou moins ouvertement. En vue de la publication de cet article, ils m’ont fait part de la déclaration suivante :

L’équipe d’EPR1 n’ayant pas contribué a la rédaction du rapport et n’ayant pu le lire, il nous est difficile de confirmer ou de refuter ce qu’avance Dominique Jongbloed. De plus, la nature de notre voyage ne demandait aucun rapport et encore moins un livre...

(sous-entendant par là je suppose qu’il s’agissait plus d’un voyage touristique que d’une expédition scientifique...)

EPR2 - EPR3 - EPR4 ?

Conscient du peu de résultats concrets de sa première expédition, M. Jongbloed a très vite annoncé la mise en place d’une « EPR2 » (archive), d’une nouvelle expédition à Visoko en avril/mai 2014. Il est bien sûr impossible de prévoir ce que seront les résultats de cette deuxième expédition à Visoko, mais on peut noter que, dans sa présentation, elle semble tout autant - voire plus - empreinte de mégalomanie que la première :

 Nouvelles annonces de partenariat ou sponsoring avec diverses entreprises : « J’ai contacté DOLINK, notre sponsor éventuel sur HYPERBOREA, pour voir avec lui une ligne satellite à bas prix et un portable satellitaire » (https://www.facebook.com/445330068827880/photos/a.450024425025111.113939.445330068827880/718043748223176/?type=1&stream_ref=10 - archive) ; « Contact avec les Pétroliers pour obtenir le prêt d’une machine à secousses sismiques chargées de "scanner" les monuments avec une précision jamais égalée » (sic !) (https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=720181244676093&id=445330068827880&stream_ref=10 - à noter que le pétrolier en question n’est jamais nommé...) :

 Nouvelles présentations (archive) de « matériel de fou furieux » : ballon captif (archive) ; drone (archive) qui va permettre (archive) à NSI de devenir « un professionnel de l’imagerie aérienne », rien que ça ; sans compter les habituels théodolite (archive) et détecteur d’ultrasons (archive)... Et puis, pour ce qui manque, on fait appel aux dons (archive), voire au financement participatif, même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur des espérances :

 Une équipe à la composition mystérieuse, « pour des raisons de sécurité » :

et qui sera d’ailleurs accompagnée d’un « service de sécurité » (archive). Ce qui n’empêche pas, dans les semaines qui suivent, M. Jongbloed de lâcher petit à petit des infos sur sa composition : le 6 décembre (archive), puis le 27 janvier (archive). On apprend d’ailleurs à cette occasion qu’il ambitionne (archive) d’intégrer des scientifiques à son expédition : « un ingénieur du son, un architecte spécialiste des bâtiments antiques, un archéologue diplômé et spécialiste des constructions cyclopéennes » ; ailleurs (archive) : « une demande officielle d’assistance part cette semaine auprès d’un bio-acousticien et d’un acousticien , ainsi qu’un géologue. Ces trois personnes sont des membres d’instituts scientifiques d’État et leurs compétences ne peuvent être mises en doute » ; ou bien (archive) : « On attend fébrilement la réponse d’organismes scientifiques et de chercheurs avérés (diplômés et tout et tout ...^^) qui pourraient partir avec nous et grossir notre expédition !!^^ YYYEEESSS !! »

Las, le seul « chercheur » qui semble s’être joint à l’expédition est un radiesthésiste (archive), du nom d’Albert Fagioli [9], qui est censé dénicher les « entrées de la pyramide » sur photos :

M. Jongbloed s’imagine-t-il réellement qu’un « scientifique avéré », comme il le dit, irait se joindre à ses « expéditions » ? Il va encore plus loin en affirmant collaborer, pour l’EPR2, avec des institutions scientifiques :

Un partenariat avec le CNRS, c’est cela, oui...

Cerise sur le gâteau de l’expédition : « une équipe de reportage TV » et peut-être « un grand réalisateur » vont accompagner l’EPR2... On attend de voir :)

Signalons enfin que M. Jongbloed, qui voit grand, très grand, est déjà en train de préparer (archive) une expédition « EPR3 », cette fois sur une autre pseudo-pyramide, celle de la montagne de Rtanj en Serbie, qu’il présente (archive) le 2 mars comme une découverte nouvelle et extraordinaire :

alors même que les pseudo-archéologues s’empressent sur cette montagne au moins depuis 2010... Et il semble même qu’il y ait dans les tuyaux une EPR4, ou APR, cette fois au Soudan ou en Iran :

Bref, on n’a pas fini d’entendre parler des grands projets de M. Jongbloed ; par contre il n’est pas garanti que les résultats soient un jour au rendez-vous : en effet, comme on le verra dans un prochain article, cet aventurier est un spécialiste des expéditions grandioses qui n’aboutissent jamais à la moindre découverte vérifiable - ni même à la moindre photo...


Mise à jour 21 mars 2014

Le mystère du livre Pyramides de Bosnie - Recherches au-delà du mystère s’épaissit ! Comme on l’a vu plus haut, M. Jongbloed annonçait le 5 novembre (archive) que « son éditeur » (en fait un « département » de l’association NSI dont il est le fondateur et président) arrêtait la fabrication du livre à 50 exemplaires, au grand dam des fans qui n’avaient pas commandé le livre à temps. A plusieurs reprises, M. Jongbloed a bien précisé à ces fans qu’ils ne pourraient pas obtenir ce livre, « uniquement conçu pour les souscripteurs de l’EPR2 » et qui « n’a jamais été destiné aux librairies et au public mais aux seuls souscripteurs de l’EPR2 » (archive), souscripteurs qui étaient eux-mêmes au nombre de 50. Or, le même M. Jongbloed vient de publier sur sa page Facebook « l’écrivain » une série de photos prises lors d’un « symposium » à Nantes ; et parmi ces photos on trouve celle-ci :

où je compte pas moins de 14 exemplaires du livre, qui semblent pourtant bien être à la vente ! 50 exemplaires souscripteurs + 14 exemplaires à la vente à Nantes + combien d’autres ? Pourquoi toute cette mise en scène de novembre 2013 ? Incompréhensible !