Les protagonistes : le groupe SBRG
L’enquête d’Eclisseforum.it
Article mis en ligne le 26 septembre 2012

par Simplicio (EclisseForum)

Qu’est-ce que le groupe SBRG  ? Selon le Dr Debertolis, un de ses principaux membres, le SB Research Group est un groupe de recherche multidisciplinaire et international (italo-croato-finlandais) dont l’objectif est d’étudier les sites archéologiques sur lesquels il travaille selon une perspective non orthodoxe, parce que, selon eux, les archéologues traditionnels pourraient négliger des aspects importants, en matière de technologie et de construction, par manque des connaissances nécessaires pour comprendre ces aspects.

Le groupe est fondé à la fin de 2010 ; il s’intéresse tout d’abord aux "pyramides" de Bosnie, mais a vite étendu ses activités à d’autres sites, tels certains temples néolithiques en Grande-Bretagne et ailleurs, se spécialisant dans des recherches archéo-acoustiques inspirées par celles du Groupe PEAR de l’Université de Princeton fondé dans les années 90.

Le nom du SBRG vient du terme bosnien SB, qui est censé signifier fantômes, spectres, ce qui signifie que le nom du groupe devrait être "groupe de recherche sur les fantômes" [1].

Les membres du SBRG sont au nombre d’une dizaine, et, logiquement puisqu’il s’agit d’un groupe multidisciplinaire, sont de professions et compétences très diverses, allant de l’anthropologie médicale à l’architecture, en passant par la géologie et la technique du son. Le site sur lequel ils publient leurs articles et conclusions partielles est celui-ci, disponible en quatre langues même si tous les textes ne sont pas traduits.

Le groupe travaille dans un souci apparemment tout à fait louable de partage et de transparence, publiant tous les développements sur son propre site ; "Ceci soumet évidemment le groupe à des critiques féroces en cas d’erreurs de parcours, mais révèle aussi la volonté des membres du groupe de ne rien cacher", dit Debertolis.

Personnellement je ne suis pas d’accord avec cette politique, car la recherche et la science ont besoin de bases solides étayant les allégations ; publier sur le net des déclarations irréfléchies, basées plus sur les ressentis personnels que sur des preuves objectives, risque d’induire en erreur le lecteur peut-être intéressé par le sujet mais pas suffisamment au fait de celui-ci pour pouvoir distinguer entre l’hypothèse, l’affirmation et la théorie. Si, dans ses déclarations, l’auteur ne précise pas si ses affirmations sont des hypothèses de travail, ou bien des conclusions présumées basées sur des faits établis, on risque de plonger le lecteur dans la confusion, le laissant en fin de compte dans le doute : ce qu’on vient de lui présenter comme "preuve" n’est-il pas en réalité seulement une intuition ou un ressenti ? C’est probablement là, au-delà des contenus, la principale raison des "critiques féroces" faites au cours des années par ceux qui ont quelque chose à dire sur le sujet, car il est rare de voir des chercheurs arriver, en l’espace d’une année ou deux, à soutenir avec la même conviction une thèse et son exact contraire. Quand cela arrive, on peut se demander si dans un an le chercheur n’arrivera pas à une conclusion encore différente, ce qui invite de fait à garder un septicisme salutaire envers des conclusions si versatiles.

Debertolis ajoute encore : "Les critiques elles-mêmes, venant d’un tel réservoir d’utilisateurs, permettent d’affiner, de corriger le tir, pour aboutir à une recherche véritablement de pointe". En réalité, au cours de nos échanges de mails, nous n’avons pas vu la moindre disposition à accepter les critiques, pas plus que, sauf exception, dans aucun des forums fréquentés par Debertolis. Mais nous parlerons prochainement plus en détail du Dr Debertolis.

Le groupe, toujours d’après son directeur, ne semble recevoir aucun financement, et ses fonds consistent principalement en donations de ses membres. Il ne nous a pas été possible de confirmer ou infirmer ce fait.

Un élément intéressant est que, toujours selon le Dr Debertolis et les indications du site, le groupe SBRG a été fondé sur une base universitaire (Université de Trieste, Polytechnique de Milan, Université de Venise).

Nous avons cherché à vérifier cette information, avant et après avoir contacté le Dr Debertolis.

En particulier nous avons demandé aux universités citées de confirmer leur implication – ou absence d’implication – dans le groupe ; nous n’avons reçu de réponse que du Polytechnique de Milan, qui nous a très aimablement et rapidement écrit :

"Je vous informe qu’il n’existe aucun lien scientifique ou partenariat avec le groupe de recherche SBRG. Nous avons demandé le retrait immédiat du logo et du lien vers le site officiel du Polytechnique de Milan."

L’Université de Trieste, cependant, bien que contactée à plusieurs reprises, n’a jamais fourni aucune réponse. Nous n’avons pas contacté l’Université de Venise.

Nous avons fait une capture d’écran du site du SBRG à la date du 6 juin 2012, et la page d’accueil était celle-ci :

Page d’accueil du site du SBRG à la date du 6 juin 2012 - Home Site SBRG – date 6th June 2012

En date du 8 août, le site se présentait ainsi :

Page d’accueil du site du SBRG à la date du 8 août 2012 - Home Site SBRG to 8th August 2012

Le logo du Polytechnique avait été supprimé.

Au fil du temps, le même Debertolis s’est vanté plusieurs fois d’avoir des liens avec les universités mentionnées, voir leur soutien, avec des phrases de ce type :

"Ainsi il existe un site qui parle de la Civilisation de Visoko, et c’est celui de notre projet de recherche (http://www.sbresearchgroup.eu).
Aussi bien moi-même que ma collègue du Polytechnique de Milan avons le soutien de nos universités respectives. En tant que groupe de recherche résultant d’un accord entre chercheurs de deux institutions parfaitement à l’abri des influences économiques (Université de Trieste et Polytechnique de Milan), nous menons nos recherches avec une rigueur scientifique absolue."

Il est donc difficile de comprendre pourquoi, si cette collaboration existe, le Polytechnique nie toute implication avec le Groupe SBRG, et pourquoi le logo du Polytechnique de Milan a été supprimé.

L’unique lien certain entre le SBRG et le Polimi (Polytechnique de Milan) est le Dr Lucia Krasovec Lucas, professeur à la faculté d’architecture du Polytechnique de Milan, et autre membre important du groupe SBRG.

Nous avons contacté à plusieurs reprises le Dr Krasovec Lucas, mais elle n’a jamais répondu à nos mails.

Sollicité sur le sujet, le Dr Debertolis n’a pas voulu répondre à nos questions, mais a modifié la phrase suivante, qui apparaissait sur la page d’accueil du site du SBRG :

Ont exprimé un intérêt certain en ce sens en particulier le Département Universitaire Clinique des Sciences Médicales, de Chirurgie et de Santé, section d’Archéologie et Odontologie, de l’Université de Trieste, et le Département d’Architecture et Urbanisme de la Faculté d’Architecture du Polytechnique de Milan.

Phrase qui est devenue :

A exprimé un intérêt certain en ce sens en particulier le Département Universitaire Clinique des Sciences Médicales, de Chirurgie et de Santé, section d’Archéologie et Odontologie, de l’Université de Trieste, qui a pris finalement la direction du projet.

La partie relative au Polytechnique de Milan a été supprimée, mais seulement après nos questions, au motif d’un changement de direction du département d’architecture de cette institution.

Le rapport entre le groupe SBRG et la Fondation des Pyramides de Bosnie semble être de collaboration conditionnelle, au sens où le SBRG a signé une convention lui donnant libre accès aux sites archéologiques, n’a aucune dépendance économique ou organique envers la fondation, mais a l’obligation de partager avec celle-ci tous les résultats qu’il obtient, ce qui revient à dire que les résultats du SBRG sont aussi en partie ceux de la fondation, qui peut les évaluer, les approuver ou les rejeter.

Nous insistons sur cet aspect suite à divers problèmes que le groupe SBRG a rencontrés avec la fondation ; certains de ses résultats ont été critiqués car ils ne répondaient pas aux attentes de celle-ci, les derniers développements ayant eu lieu en septembre 2012 (il s’agit de l’affaire Mike Tate que nous décrirons par la suite en détail), après quoi il semble que le SBRG ait fait retraite en bon ordre de Bosnie.

Nous concluons cette présentation du SBRG avec la liste des activités de ce groupe ces dernières années : opérations de fouilles dans le tunnel de Ravne, ainsi que dans quelques soi-disant "sondages" sur les pentes des collines ; investigations sur des sons mystérieux et des radiations électromagnétiques provenant du sommet de la pyramide du soleil ; et quelques autres activités secondaires.

En dépit des pressions que nous avons subies, visant à nous empêcher de commenter en détails certains aspects, sous peine d’intervention d’avocats, et même si cela a eu pour conséquence l’omission de certains faits qu’il aurait été intéressant de discuter dans le présent article, notre recherche a mis en évidence la philosophie et le modus operandi du SBRG, certaines déclarations et affirmations hasardeuses, ainsi que le rapport de dépendance du SBRG vis à vis de la fondation, qui a conduit le groupe, pour cause de désaccords avec celle-ci, à s’éloigner de l’affaire bosnienne. Là encore, comme avec la fondation, on voit apparaître la recherche du sensationnel et de la publicité à travers des annonces plus ou moins détaillées. En ce sens, cette phrase est emblématique : "Plus loin nous avons trouvé de marques d’ongles sur le mur, comme si quelqu’un était resté pris au piège à l’intérieur et avait été pris de désespoir. Mais ces marques d’ongles ne montraient que trois doigts" ; phrase publiée dans un forum par le Dr Debertolis, accompagnée uniquement d’une image – qu’il nous est interdit de montrer, mais que vous trouverez sur le site du SBRG – et de rien d’autre. Les sentiments et les impressions semblent prévaloir sur les arguments plus objectifs, en sorte que le SBRG peut difficilement se plaindre de se voir critiqué. En ce qui concerne les évènements liés au Polytechnique de Milan, nous préférons ne pas les commenter pour le moment.

Pour approfondir :

Une intéressante discussion sur un forum étranger (Pablito est le Dr Debertolis)

(Nous signalons cette phrase du Dr Debertolis, datée du 11 septembre 2012 : "It is not possible to have the logo of University on our research without authorization and before this authorization they examined very well our project of research." (page 4) Et le logo du Polytechnique ?)

Le dentiste, l’architecte, le contremaître et le responsable clientèle...

SB Research Group

Nouvelle tentative d’Abacus


Mise à jour du 23 décembre 2012

Nous avons quelques nouvelles informations concernant les rapports entre le SBRG et les universités mentionnées dans l’article.

Nous avons contacté le Département Universitaire Clinique des Sciences Médicales, de Chirurgie et de Santé de l’Université de Trieste, en la personne de son Directeur, le Dr Roberto Di Lenarda ; celui-ci a répondu à notre demande de clarification d’une façon circonspecte et peu coopérative, nous demandant tout d’abord de fournir une pièce d’identité comme si nous étions au poste de police, puis, après notre refus de dévoiler notre identité, mettant fin à l’échange en des termes qui nous laissent supposer que le Département des Sciences Médicales de Trieste soutient et approuve toutes les recherches menées par le groupe SBRG.

Cette impression est confirmée à la lecture de ce papier, d’une valeur scientifique douteuse, publié par le SBRG à l’occasion d’un « congrès en ligne » inconnu qui en est à sa première édition :

http://www.sbresearchgroup.eu/Immagini/Debertolis%20&%20Savolainen%202012.pdf

où on peut trouver à la fin :

We are grateful to Department of Medical Sciences of the
University of Trieste (Italy) for supporting in our research and
in particular to the Director, professor Roberto Di Lenarda.

Papier qui ne laisse en effet guère de doute sur la question, même si sur le site de l’Université de Trieste ou du Département des Sciences Médicales il est impossible de trouver un seul document officiel parlant de cette collaboration.

Passons maintenant à l’Université de Milan.

Le Dr Debertolis a publié sur le site catastrophiste Nibiru2012.it une série de documents qui précisent le déroulement des évènements avec cette université.

Il semble que le SBRG ait envoyé une demande de collaboration, constituée des deux pages indiquées ci-dessous :

Demande de collaboration page 1
Demande de collaboration page 2

Debertolis soutient que ces documents sont accessibles en ligne depuis un certain temps, et nous accuse de les avoir ignorés volontairement. Nous nous permettons de douter respectueusement de ce fait, et tenons à l’assurer que, si nous les avions vus, nous les aurions publiés en temps utile.

En tout cas, l’accès aux pages réservées aux utilisateurs identifiés nous est dénié depuis des semaines, notre compte ayant été bloqué de la même façon que celui de tous ceux qui ont osé formuler des critiques envers la recherche du groupe SBRG. Ceci nous empêche donc de procéder à la moindre vérification de ces affirmations.

Dans ces documents on remarque immédiatement des éléments intéressants. Tout d’abord, le Polytechnique se voit proposer une collaboration pour une étude architecturale et urbanistique, qui ne mentionne jamais l’âge présumé des structures, ni la présence de phénomènes « fantomatiques » ou celle de sons provenant du sous-sol. A cette époque, en février 2011, il n’est pas encore question de machines enterrées à un kilomètre de profondeur, une histoire qui aurait très probablement facilité la décision du PoliMi.

L’autre élément intéressant est la liste des demandes, dont les deux ci-dessous :

C’est dans cette optique qu’il est sollicité du DiAP [Département d’Architecture du Polytechnique de Milan] une participation au projet, selon un accord dont les grandes lignes seront définies comme suit :

1) Déclarer l’intérêt du département pour les activités du projet, collaborer avec les organisations qui ont déjà exprimé leur intérêt pour le projet, et celles qui pourraient s’y joindre par la suite, et être le partenaire principal habilité à présenter des demandes de financement dans le cadre de programmes nationaux, internationaux et communautaires à définir par la suite ;
[…]

5) Autoriser l’utilisation du logo du Département et du Polytechnique de Milan sur le site du sbresearchgroup.eu, ainsi que sur les articles, publications et autre matériel diffusé concernant le projet.

En substance, ce qui est recherché est l’accord du PoliMi pour lever des fonds, ainsi que l’autorisation pour le SBRG d’utiliser le logo du PoliMi. Il semble cependant que cette demande ne donnait pas vraiment les détails de tous les aspects du projet.
Pourquoi ne pas évoquer, par exemple, le fait que le territoire concerné était censé contenir la plus grande pyramide du monde, âgée de 14 000 ans, signe tangible d’une civilisation très avancée ayant peuplé l’Europe à une époque où les Egyptiens n’existaient même pas encore ?

Nous avons donc vu la demande ; mais le Poli a-t-il répondu ?

Oui : Réponse du Polytechnique de Milan

Une réponse polie, et très intéressante.

Le PoliMi manifeste son intérêt pour le projet, et se montre prêt à évaluer la possibilité d’une collaboration avec les organisations mentionnées dans la demande, ainsi que la « possibilité, sous réserve de l’évaluation ci-dessus, d’assumer la position de partenaire principal... »

Que manque-t-il ? Tout  !

Il n’y a aucune confirmation attestant d’une collaboration effective entre le DiAP et le SBRG ou entre le PoliMi et le SBRG.

Il n’y a, ni ne pouvait y avoir, aucune autorisation d’utilisation du logo du PoliMi ou du DiAP.

Le chef du département d’Architecture ne peut, pas plus que les autres chefs de département du Polytechnique de Milan, donner à personne l’autorisation d’utiliser le logo du Polimi, seul le bureau responsable le pourrait. Le chef de département peut seulement autoriser l’utilisation du logo du département, et, dans ce cas précis, ne l’a pas fait.
Quoi qu’il en soit, que ce soit suite à l’évaluation mentionnée plus haut, ou suite à un changement de politique des dirigeants du DiAP, cette collaboration n’a jamais pris place, et le Polytechnique de Milan n’a aucun rapport, de près comme de loin, avec le groupe SBRG.

Il reste donc une question sans réponse : qui a autorisé le SBRG à afficher le logo du Polytechnique sur sa page d’accueil ?