On a vu dans cet article comment "l’équipe internationale" réunie par la Fondation s’est vite révélée une coquille en partie vide, même si les partisans de M. Osmanagic continuent à annoncer (en) (voir news du 8 juin) régulièrement l’arrivée de scientifiques de tous les pays (Egypte, Inde, Pakistan, Mexique...), et même si certains noms figurent toujours sur le site de la Fondation alors que leurs propriétaires ont clairement fait savoir qu’ils n’avaient aucun lien avec le projet.
Finalement, quels sont les scientifiques étrangers qui travaillent réellement sur le terrain à Visoko ? J’en ai déjà évoqué deux ici : Dario Andretta, qui, après un petit tour sur le site, est reparti en promettant l’envoi prochain de scientifiques italiens (mais lesquels ? pas ceux de sa propre université, qui ne semble pas disposer de beaucoup d’archéologues ni géologues...) ; et Aly Abd Barakat, le géologue égyptien, qui après avoir passé près de 5 semaines sur le terrain, vient de repartir en Egypte non sans avoir confirmé ses premières et rapides (en) conclusions :
"Pour moi, comme scientifique et géologue, il ne fait toujours aucun doute qu’il s’agit d’un artefact. Des hommes ont découpé, taillé, poli les blocs de pierre qui forment la pyramide, les ont transportés ici et mis en place sur la colline existante de façon à lui donner la forme d’une pyramide" [1](source en anglais (en) et en bosniaque (bs))
La présence de M. Barakat sur le terrain était un des arguments favoris des "défenseurs" de la pyramide : comment imaginer qu’un géologue connu, un "expert", a fortiori égyptien, ait pu passer 5 semaines sur une pyramide inexistante ? Certes, il y avait bien eu dans le passé au moins un épisode où M. Barakat s’était peut-être un peu laissé emporter par son imagination, et avait identifié de vulgaires fossiles (en) (attention, fichier pdf, en anglais, l’article qui nous intéresse commence à la page 10) comme les restes de l’armée perdue de Cambyse (fr). Mais le fait que le travail de M. Barakat à Visoko semblait cautionné par le grand archéologue égyptien Zahi Hawass était une garantie : il était souvent dit que M. Barakat avait été envoyé par M. Hawass (par exemple M. Osmanagic dans une émission de radio : "Il a un doctorat de géologie, son nom est Ali Barakat, et il a été personnellement choisi par le docteur Zahi Hawass"), ou au moins avec son accord (c’est par exemple ce que sous-entend Mario Gerussi de la Fondation ici (bs) : "La Fondation s’est adressée à l’Ambassade d’Egypte, et ils nous ont envoyé Ali. Auparavant a été consulté Zahi Hawass, n°1 en EGypte pour les pyramides"), et qu’il allait faire parvenir son rapport scientifique à M. Hawass.
Malheureusement pour la crédibilité aussi bien de M. Barakat que de la Fondation, Mark Rose, le rédacteur du magazine Archeology de l’Archaeological Institute of America, ne s’est pas contenté de ces affirmations et a contacté directement M. Hawass ; la réponse est sans appel (en) (vous pouvez télécharger ici (en) la réponse complète de M. Hawass au format pdf) :
"[...] A part sa forme générale, cette colline n’a absolument aucune ressemblance avec les pyramides égyptiennes. M. Barakat, le géologue égyptien qui travaille avec M. Osmanagic, ne connaît rien aux pyramides d’Egypte. Il n’a pas été envoyé par le SCA (Supreme Council of Antiquities), et nous ne cautionnons ni ne sommes en accord avec ses prises de position. [...] Les théories de M. Osmanagic sont de pures hallucinations, sans aucun arrière-plan scientifique." [2]