Cadavres de monstres et incroyables momies extraterrestres III
Article mis en ligne le 27 janvier 2019

par Maxence Ducros

Lien vers la deuxième partie

Partie 3 : Introduction à l’anatomie comparée

Bien souvent, lorsque le corps d’un organisme mystérieux est découvert, on a tendance à se dire que le test ADN est LA solution pour écarter tous les doutes. Le problème, c’est qu’un test ADN coûte cher et est donc rarement pratiqué. Mais il y a un autre problème avec ce type de preuve : le résultat obtenu est abstrait. En effet, tout ce qu’on peut constater d’un test ADN est le résultat du test. Et si le test conclut que l’ADN correspond sans ambiguïté à quelque chose de connu, les plus fervents défenseurs de l’explication surnaturelle brandiront le joker “théorie du complot” (qui est un argument irréfutable, cf : Partie 1) en prétendant qu’un faux résultat a été communiqué.

Dans l’idéal, il faudrait qu’il existe une méthode d’analyse très visuelle, applicable par tout le monde, suivant un chemin logique dont toutes les étapes pourraient être détaillées et ne nécessitant pas d’attendre les résultats d’un test en laboratoire. Ainsi, il serait possible de comprendre pourquoi l’identification est ce qu’elle est et d’écarter l’éventualité d’une falsification des résultats.

Par chance, cette méthode existe. C’est l’une des principales techniques que les scientifiques qui découvrent de nouvelles espèces utilisent pour savoir comment les classer : l’anatomie comparée.

L’anatomie comparée est une discipline qui consiste à identifier des caractères anatomiques communs entre divers organismes afin de les classer selon qui est le plus proche de qui. Grâce à cette méthode, ont peut repérer des caractéristiques sur un corps de “monstre” et les comparer avec des caractéristiques équivalentes connues chez des animaux. En procédant par élimination, on peut alors affiner de plus en plus l’identification du spécimen jusqu’à finalement découvrir de quel animal il s’agit.

I - Taxonomie

La taxonomie, ou taxinomie, est la discipline qui consiste à décrire les organismes vivants pour les nommer et les classer dans des boîtes. Les boîtes sont appelées “taxons” et sont rangées les unes dans les autres selon leur rang taxonomique, autrement dit, leur taille.

Comment ça marche ?

Chaque boîte a un couvercle. Ce couvercle, c’est ce qui fait l’intégrité de la boîte, c’est à dire, les caractéristiques requises pour être inclus dans la boîte. Si on prend l’exemple du chat, il fait partie de la grande boîte des eucaryotes, comme tous les organismes ayant une/des cellule(s) avec noyau. Il fait également partie de la boîte plus petite contenant tous les animaux (dont je ne vais pas préciser les caractéristiques du couvercle car ça prendrait trop de place). Dans la boîte des animaux, il y en a une plus petite, celle des chordés, contenant les animaux ayant une chorde (structure embryonnaire formant un axe le long du corps), dans laquelle on trouve une autre boîte… et ainsi de suite, jusqu’à la plus petite boîte, qui est celle de l’espèce.

Classification du chat

Sur cette figure, vous pouvez voir les noms des boîtes avec leur taille et l’exemple du chat.

Note : cette représentation du vivant sous forme de boîtes n’est qu’un moyen commode de mettre des noms sur ce dont on parle. En réalité, le vivant n’est pas figé et le classer par boîtes est arbitraire, mais on n’a pas de meilleure manière de le représenter. On peut théoriquement placer une infinité de couvercles entre les boîtes, on parle donc souvent de super-ordre, sous-ordre, infra-ordre, sous-espèce...

Grâce à l’anatomie comparée, on peut relever des caractéristiques présentes sur un corps et voir si elles correspondent à des couvercles de boîtes connues. L’objectif est d’essayer de le ranger dans la boîte la plus petite possible, sachant qu’ouvrir une boîte demande d’avoir d’abord ouvert celle qui la contenait. On procède donc par ordre décroissant de taille de boîte pour ranger le spécimen, car la précision d’identification requise est croissante.

II - Décrire

La principale difficulté tient au fait qu’il va falloir se contenter de clichés souvent de mauvaise qualité. De plus, les photos n’offrent qu’un seul angle de vue, ce qui peut rendre la perspective trompeuse. Identifier formellement un animal à un rang taxonomique précis sera rarement possible, mais identifier son ordre, voire sa famille l’est presque toujours et suffit à faire tomber le mystère.

La première des choses à faire est d’identifier un maximum de caractéristiques sur le spécimen. Mais il faut d’abord les relever et ne pas chercher à les interpréter. C’est un travail d’enquêteur : on utilise les éléments qu’on a pour faire un portrait-robot du suspect. Une fois le portrait réalisé, on essaie de chercher à qui il peut correspondre. Partir avec une idée préconçue de l’identité du suspect est le meilleur moyen de se retrouver dans un cul de sac en cherchant ce qui corrobore l’hypothèse jusqu’à ce que les pièces du puzzle ne s’emboîtent plus.

Avant de commencer les comparaisons, il faut réduire autant que possible la liste des suspects (les suspects étant des animaux connus) :

 la majorité des cadavres de monstres ont visiblement un squelette, donc seules des comparaisons avec des vertébrés sont utiles

 la taille est à prendre en compte pour éliminer les animaux trop gros ou trop petits. Il faut être attentif aux repères visuels qui permettent d’avoir une échelle sur les photos/vidéos

 on a généralement affaire à des cadavres d’animaux sauvages. La répartition géographique des animaux présents à l’état sauvage dans la zone de découverte et susceptibles de correspondre au corps trouvé est à vérifier

 l’environnement de découverte est à prendre en compte. Par exemple, si une carcasse est retrouvée sur une plage, il est envisageable qu’il s’agisse d’un dauphin et moins probable qu’il s’agisse d’un animal terrestre échoué après s’être noyé (même si ça reste possible)

Dans la quatrième partie du dossier, on va approfondir cette application de l’anatomie comparée en passant en revue les caractères anatomiques à connaître, puis appliquer la méthode à des exemples.

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