Google n’aime pas les scientifiques bosniaques
Article mis en ligne le 11 juin 2006

par Irna

On a vu ici que la plupart des scientifiques étrangers dont M. Osmanagic avait annoncé la participation à son projet début 2006 n’ont en fait jamais fait partie de l’équipe. Si l’on s’intéresse maintenant aux membres locaux de "l’équipe scientifique", on va vite s’apercevoir que Google, de même que Google Scholar a un fort préjugé contre les scientifiques des Balkans et refuse d’afficher le moindre de leurs travaux ou de leurs titres. Certes, Google est loin d’explorer la totalité du web, et on peut admettre que des travaux en bosniaque, réalisés dans une petite université de Bosnie, n’aient pas forcément un retentissement international. Mais il y a quand même dans cette équipe un certain nombre de noms pour lesquels on ne trouve aucune référence, aucun lien vers aucune université, en dehors bien sûr de ceux liés au contexte des pyramides. Si vous faites par exemple, avec le nom de Silvana Cobanov (Tchobanov), archéologue citée le plus souvent, cette recherche (ne pas oublier les déclinaisons du mot piramida), le résultat est édifiant [1].

Si vous faites la même recherche sur le nom de Sasa (Sacha) Jankovic, archéologue également, vous allez trouver un joueur de basket, un responsable d’un syndicat d’une société de distribution électrique, un conseiller juridique d’un mouvement pour la démocratisation, un producteur de disque, un étudiant d’une université allemande... (vous aurez compris que c’est un nom extrêmement courant en Bosnie et Serbie). Plus curieux, si vous essayez de vous renseigner avec le pseudo de l’adresse email de M. Jankovic donnée sur le site de la Fondation (stellarchaser at hotmail.com), vous ne trouverez que des liens vers des sites de philatélie, ainsi que quelques annonces - à ne pas mettre sous les yeux des enfants. Plus curieux encore, sur le forum Archaeologica.org (en), un jeune homme prénommé Alex (en) (Sacha est le diminutif d’Alexandre) et utilisant le même pseudo de "stellarchaser", se présente comme ayant étudié l’archéologie, mais n’ayant pas pu finir ses études à cause de la guerre [2]...

Google ne connaît pas non plus l’historien Sehovic Muamer, ni les "ingénieurs diplômés" Goran Cakic (à moins qu’il ne soit aussi basketteur ?) et Hido Nukic, ni les "ingénieurs diplômés en géologie" Nadija Nukic, Ibrica Repisti, Almir Sabovic... Bref, tous ces gens existent bien (on en a des photos sur le site de la Fondation, leurs déclarations sont reprises par la presse), mais sont très loin d’être des scientifiques de premier plan, n’ont rien publié, n’ont participé à aucun séminaire international, ne sont pas rattachés à une quelconque université...