Nabucco et la bombe
Article mis en ligne le 1er novembre 2016

par Irna

L’image ci-dessous circule sur divers groupes, blogs et forums consacrés à l’archéologie "mystérieuse" et aux civilisations "disparues" :

Le sceau en haut de l’image est présenté comme étant celui de Nabuchodonosor II, et est repris, seul ou accompagné de la bombe atomique, sur toute une série de sites dédiés aux ovnis ou aux OoPArts. L’implication étant bien sûr que les Babyloniens connaissaient la bombe atomique...

L’histoire de ce sceau est présentée ici : http://www.acmeclockworks.com/babylonian-cylinder-seal.html ; sa « découverte » par un archéologue nommé Kent P. Streaver s’accompagne d’une histoire rocambolesque digne d’un film d’espionnage, où l’on apprend que c’est probablement parce qu’ils ont eu connaissance de ce sceau que les Américains ont précipité leur entrée en guerre contre l’Irak en 2003, de crainte que Saddam Hussein ne s’approprie le secret de la bombe de Nabuchodonosor...

Le lecteur aura bien sûr compris que cette histoire est une fiction totale ; même s’il n’avait pas été alerté par les discrets indices dont l’auteur a parsemé son texte et par son humour très tongue in cheek, il aura vite remarqué qu’il n’existe aucun archéologue nommé Kent P. Streaver, ni Dr. Jemyel Sedyeqh, ni Fondation « Habillurton », et que ce sceau babylonien paraît curieusement neuf !

L’auteur du site est un certain Steven Parker, joailler et professeur de design en joaillerie - et le nom de l’archéologue responsable de la « découverte » est Kent P. Streaver... soit l’anagramme parfait de Steven Parker ! Le site est pour lui une façon de « mettre en scène » ses créations ; on y trouve par exemple une autre page évoquant une autre « découverte » de son alter ego l’archéologue, cette fois un fantastique bracelet inconnu ayant appartenu à Toutankhamon :

Les histoires de « Kent P. Streaver » sont bien construites, entremêlant avec un humour discret fiction et réalisme, en particulier dans les notes qui renvoient à une littérature scientifique ou des articles de journaux existants, et imitant à merveille certains codes de l’archéomanie. Trop bien construites, peut-être, étant données les capacités de lecture et de compréhension de certains fans d’archéologie mystérieuse... Je ne suis pas sûre que Steven Parker avait prévu l’utilisation qui serait faite de sa production artistique !