Où l’on découvre... deuxième partie
Dominique Jongbloed businessman
Article mis en ligne le 23 juillet 2014

par Irna

L’homme d’affaires

Si M. Jongbloed n’est pas très convaincant comme Aventurier, qu’en est-il de ses autres casquettes ? Voyons tout d’abord sa casquette de businessman, « acteur économique incontournable au sein du Pays d’AIX ». Il annonce avoir créé « plusieurs sociétés dans des domaines aussi divers que la discomobile, l’impresarii de chanteurs, chanteuses, humoristes, groupe de musiciens français et étrangers, tous célèbres dans les années 80 », sociétés dont je n’ai pas trouvé trace. Par contre on retrouve effectivement la trace de quelques sociétés commerciales fondées et dirigées par lui :

 la SARL Atoll Méditerranée (« autre commerce de gros ») à Aix-en-Provence, de 1993 à 1996, et la Société méditerranéenne de Services (« location d’autres biens personnels et domestiques »), toujours à Aix-en-Provence, de 2001 à 2003. Pour ces deux sociétés, je n’ai pas de certitude qu’il s’agisse bien de notre aventurier, mais d’une part le nom est relativement peu fréquent, et d’autre part la localisation à Aix-en-Provence semble bien aller dans ce sens. (Mise à jour mai 2015 : le lien entre Atoll Méditerranée et M. Jongbloed semble confirmé par cette page issue d’un de ses livres.)

 La SARL Editions J, de 1995 à fin 1998. C’est la seule société de M. Jongbloed qui ne soit pas domiciliée à Aix ou Toulon, mais à Paris. Déclarée comme « Édition de revues et périodiques », son activité semble s’être limitée à la publication d’une demi-douzaine de livres (voir pages 7 et 8) de Dominique Jongbloed entre 1995 et 1997.

 Jongbloed SACV a existé de décembre 2000 à avril 2002. Installée à Aix en Provence (immeuble Margarita III au 1 rue Ch. Rieu), elle est également déclarée comme « Édition de revues et périodiques », mais ne semble pas avoir jamais publié quoi que ce soit.

 La SARL Adrenaline Entertainment, dont l’objet social est « Post-production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision », est domiciliée également à Aix-en-Provence, rue Duperrier. Créée en juin 2002, elle n’est radiée qu’en mars 2010 ; c’est donc la société de M. Jongbloed qui a eu la plus longue durée de vie. Il la présente comme divisée en quatre départements :

** un département édition nommé Editions J, comme son ancienne société disparue en 1998, dont l’adresse est au Margarita III, rue Ch. Rieu ; la seule trace laissée par ce « département édition » sur l’archive du web est la page d’accueil, où l’on apprend que les auteurs désirant soumettre un manuscrit devaient payer 50 euros de « frais de lecture ». Impossible de trouver le moindre exemple d’ouvrage publié par ces Editions J deuxième époque.

** une agence littéraire nommée Best of, également installée dans l’immeuble Margarita III, où d’ailleurs il est impossible de recevoir physiquement les auteurs, les « nouveaux locaux étant en cours d’aménagement » ; cette agence n’a pas de mail actif, pas plus que le département Editions J vu précédemment. Best of dispose d’un « portefeuille » d’auteurs assez limité : cinq auteurs en tout, dont trois sont M. Jongbloed lui-même et deux de ses pseudonymes, « Nick Croft » et « Don Diego de Las Vegas » [1].

** « Une société de production de films court et moyen metrage », Realworld, qui ne semble avoir produit qu’un « documentaire de conférence » pour lequel elle recherchait des voix masculines en octobre 2007. [2]

** Une « société de création de sites Internet » dont on ne sait rien de plus.

 Enfin la SARL Interface, née en 2012, domiciliée à Toulon, au 13 rue Coulmier. Son objet social apparaît comme « édition de livres », mais aussi « Fournisseur de contenu en Français – Anglais – Espagnol – Russe et Chinois pour les plateformes de vente en ligne et la téléphonie mobile (ebooks, audiobooks, fichiers musicaux et vidéo, entre autres …) ». Sa seule activité identifiable est la réédition de 6 ouvrages de M. Jongbloed, et elle a été mise en liquidation judiciaire en janvier 2014.

On notera quelques caractéristiques de ces sociétés : leur durée de vie assez courte ; leur implantation à des adresses (rue Rieu à Aix et rue Coulmier à Toulon) qu’on retrouvera pour les multiples associations créées par M. Jongbloed, et qui, d’après plusieurs anciens équipiers de ce dernier, correspondent en fait à des appartements de petite taille [3] ; la faible activité de ces sociétés, qui semblent presqu’exclusivement se consacrer à la publication ou la mise en valeur de ses oeuvres.

A ces sociétés qui ont indubitablement existé, on peut ajouter quelques autres qui ne semblent avoir existé qu’à l’état de projet. On trouvait par exemple encore il y a peu sur le net ce communiqué de presse daté de 2010 :

où M. Jongbloed annonçait la création d’une Agence Pole Position de conseil aux « patrons en détresse », agence dirigée par lui-même et formée d’une « équipe qui a plus de 28 ans d’expérience [...] diplômée de l’IAE d’Aix en Provence [...] depuis 1997 ». Une équipe entière diplômée en 1997 ? A noter qu’ici, c’est M. Jongbloed lui-même qui se dit diplômé de l’IAE d’Aix en Provence depuis 1997 : formerait-il une équipe à lui tout seul ? Quoi qu’il en soit, cette Agence Pole Position ne semble avoir eu qu’une existence virtuelle, puisque six mois plus tard la même page annonce, « après mûres réflexions et décision unanime des futurs associés », l’abandon du projet. Cela n’empêche pas M. Jongbloed de continuer, en 2013, à se présenter comme « expert [...] que de grands groupes et de nombreuses PME consultent ». Déjà en 2007 il offrait ses services en matière de création d’entreprise, au point de spammer un forum sur le sujet : plus de 30 messages identiques sur le sujet le 26 octobre 2007 !

L’autre domaine dans lequel M. Jongbloed semble avoir la volonté de créer une société, sans forcément aboutir, est celui des explorations et expéditions privées : il mentionne par exemple en mars 2013 une « société Jeos », puis précise en juillet 2013 qu’il s’agit d’une « société de droit américain, basée en Floride » organisant des expéditions privées « comme l’EPR » en Bosnie. Cette même société Jeos était également mentionnée sur sa page Facebook :

et elle est toujours à l’heure actuelle présente dans la page de présentation de l’auteur sur son site dédié à son roman Shambala :

En 2014, la société Jeos ne semble plus d’actualité ; par contre on a vu apparaître une « société Geostar » (Geostar Research & Exploration - M. Jongbloed aime beaucoup les noms anglais pour ses projets...), qui a commencé comme un « département » de l’association Nordsud Institute :

avant de devenir - sur Facebook du moins - une société à part entière dont on apprend qu’elle rejoindrait une Holding Universe inconnue sur le net :

On y apprend aussi que cette « SARL de droit anglo-saxon basée à DUBLIN en Irlande » est encore à la recherche de locaux :

ce qui ne l’empêche pas d’avoir beaucoup de grands projets et déjà des « contrats dans le monde entier » :

A suivre ?

Des associations à la pelle

Parallèlement à cette activité de businessman, M. Jongbloed est également à l’origine d’un grand nombre d’associations qui se succèdent dans le temps, l’une remplaçant l’autre sans interruption. Dans l’ordre chronologique :

 Création en décembre 2005 du Centre de Recherches Archéologiques Ignatius Donnelly, dont on apprend au détour d’un commentaire de forum qu’il « crée sa propre maison d’édition : les Editions DWARKA ». L’association est domiciliée dans l’immeuble Margarita III, rue Rieu à Aix-en-Provence ; son objet mérite d’être cité in extenso :

 moins de deux ans plus tard, en septembre 2007, le CRA Ignatius Donnelly se transforme en Best of :

Comme on le voit, l’objet de l’association a changé du tout au tout, puisqu’il ne s’agit plus que de promouvoir les oeuvres de Dominique Jongbloed et de gérer son fan-club. On note aussi que cette association reprend le même nom que l’Agence Best of déjà mentionnée plus haut, censée dépendre d’une entreprise commerciale (Adrenaline Entertainment). Il y a visiblement une certaine confusion des genres : coexistent une association loi 1901 et une société commerciale du même nom, partageant la même adresse dans l’immeuble Margarita III, au même moment, et ayant globalement le même objet, la promotion des oeuvres de M. Jongbloed... L’association Best of disparaît en 2008.

 Pendant la même période (2007/2008), M. Jongbloed crée, toujours à la même adresse à Aix-en-Provence, une autre association nommée Editions J... Là encore, l’association, dont l’objet est « l’édition, la diffusion et la distribution d’ouvrages, de périodiques, par la voie de l’édition papier ou de l’édition numérique afin de promouvoir l’édition à compte d’éditeur pour les guides pratiques, romans de gare et de fiction, polars, provenant d’auteurs juniors ou seniors talentueux » (tiens donc, quel auteur talentueux a pu produire à la fois des guides pratiques, des romans de gare et de fiction et polars ? c’est ce qu’on verra dans un prochain article), porte le même nom que le « département édition » de la société commerciale Adrenaline Entertainment active au même moment...

 Toujours pendant la même période et au même endroit, apparaît une troisième association loi 1901, intitulée Nomadys. Active de juillet 2007 à octobre 2009, elle a pour objet :

Jusqu’en avril 2009 l’association s’appelle Nomadys tout court, et partage l’immeuble Margarita III, qui devait être décidément surpeuplé, avec les autres structures, associatives et commerciales, de M. Jongbloed. On apprend en octobre 2008 que l’association signe un partenariat avec une société commerciale nommée Cap Aventures (à ne pas confondre avec la collection Cap Aventure de Gallimard, ni avec divers sites de vente en ligne du même nom). Cette « société » dispose d’un site, « adventuresforyou.com », où l’on apprend que son fondateur est un certain Dominique Jongbloed, et où elle annonce des activités très variées : édition (Cap Aventures Editions qui publient les ouvrages de Dominique Jongbloed, par exemple celui-ci en janvier 2009), films (Realworld films), musique (Capital Musique), jeux (Quasar Interactives), voyages (Cap Aventures Voyages), produits de bien-être (Cap Aventures Bien-Être), commerce équitable (Cap Aventures Equitable), ligne de vêtements (Adventures Style)... Le siège social de cette société de vente en ligne est rue Coulmier à Toulon. Pour que la confusion soit encore plus complète, on peut noter que sur la page de l’association Nomadys, ce site de vente en ligne est tantôt présenté comme la SARL adventuresforyou, tantôt comme la SARL NOMADYS - Au nom commercial de CAP AVENTURES... M. Jongbloed a visiblement un peu de mal à s’y retrouver entre ses multiples associations et sociétés, et ne semble pas avoir très bien compris la différence entre société commerciale et association loi 1901...

Changement important en mai 2009 : l’association déménage à Toulon, rue Coulmier, et prend le nom de Nomadys-Nordsud : elle a en effet créé, en janvier 2009, un « département expéditions » nommé Nordsud Expéditions. Or on apprend dès juillet 2009 que l’association doit cesser ses activités « en raison de la séparation de NOMADYS avec la structure NORDSUD, son principal sponsor »... Curieux, non ? un département interne à une association, qui est devenu le sponsor de celle-ci ? Quoi qu’il en soit, Nomadys est bien officiellement dissoute en octobre 2009.

 Mais entretemps est née en mai 2009 une autre association, nommée dans un premier temps ADL, Association pour le Développement des Loisirs. Association à « vocation sociale » installée rue Coulmier à Toulon, elle se donne pour but de « promouvoir les loisirs sous toutes leurs formes » et de « permettre l’insertion dans le monde du travail de jeunes cherchant leur premier emploi en les insérant dans l’équipe de gestion ou d’animation ». En septembre 2009 ADL se transforme et devient Cap Aventures (toujours rue Coulmier), dont la mission n’a plus grand chose de social :

« L’association » va en effet reprendre pour l’essentiel les activités de la SARL Cap Aventures : Cap Aventures Editions, qui continuent à publier les livres de Dominique Jongbloed, par exemple celui-là ; une agence de presse qui promeut les conférences et les ouvrages du même ; une boutique en ligne, adventuresmarket.com, où l’on retrouve les mêmes produits : livres de Dominique Jongbloed, jeux, musique, voyages, vêtements etc., avec deux nouveautés : un label musical, et un « bar des aventuriers ».

« L’aventure » du site de vente en ligne n’a pas dû très bien fonctionner, puisque quelques mois plus tard on assiste à une nouvelle transformation : en juin 2010 Cap Aventures devient Nordsud Institute, et change à nouveau d’objet :

L’association semble recentrer ses activités sur la « formation », la documentation, et les services aux expéditions. Cela ne dure cependant pas, puisque Nordsud Institute va subir à nouveau deux changements d’objet, l’un en 2011 :

où l’on voit réapparaître la boutique de vente en ligne ; l’autre en 2013, où toutes les activités précédentes disparaissent au profit de la « promotion de l’aventure » (et des Aventuriers ?) :

Ces changements d’objet successifs s’accompagnent également d’un curieux va et vient entre les deux adresses liées aux activités de M. Jongbloed : de la rue Coulmier à Toulon, l’association retourne à l’immeuble Margarita III rue Rieu à Aix-en-Provence en 2011, avant de revenir à Toulon en 2013. Depuis octobre 2013, l’adresse officielle de Nordsud Institute (264, avenue André Lechatelier à Toulon) est en fait une boîte postale du bureau de poste de Toulon Les Routes ; on peut donc supposer que le siège réel de son activité est revenu rue Coulmier.

Départements

Comme Cap Aventures ou la SARL Adrenaline avant elle, l’association Nordsud Institute (NSI) est structurée en multiples « départements », entre quatre et sept selon les périodes, mais pas toujours les mêmes, certains s’évanouissant très vite. Parmi ces départements, on peut mentionner :

 Le studio Le Donjon et son « sous-département cinématographique » Realworld Films ; on se rappelle que Realworld Films était déjà un « département » de la SARL Adrenaline. Quant au studio Le Donjon, installé officiellement rue Coulmier (encore un appartement bien surpeuplé !), il semble bien équipé :

(voir aussi ici). Malheureusement, les photos du « studio » semblent plutôt être des photos trouvées sur internet, celle-ci par exemple (source) ou celle-là. Par ailleurs la communication du « studio » en direction des jeunes auteurs à qui il propose de participer à l’écriture de scénarios et de « sponsoriser » des émissions provoque parfois à juste titre la suspicion...

 Une boutique en ligne, NSI Store, censée exister aussi « dans le monde réel » à l’adresse du siège (une boutique dans une boîte postale ? à moins qu’elle ne se trouve aussi rue Coulmier ?). On trouve dans cette boutique, on s’en doute, une librairie vendant les ouvrages de Dominique Jongbloed, et divers gadgets.

 Un département édition intitulé Terres d’Aventures éditions - devinez qui est le seul auteur édité pour le moment ? - qui est également censé publier un magazine Terres d’Aventures :

Il semble également y avoir une Terres d’Aventures TV ayant produit au moins une interview de l’Aventurier. A noter qu’il y a un risque de confusion entre ces éditions Terres d’Aventures et par exemple la collection Terres d’Aventure d’Actes Sud, ou l’organisateur de voyages et randonnées Terres d’Aventure, qui n’ont bien entendu ni l’un ni l’autre à voir avec les activités de Nordsud Institute...

 Une « branche expédition » appelée Geostar ; comme vu plus haut, c’est cette branche expédition que M. Jongbloed présente maintenant comme une société commerciale indépendante installée en Irlande.

 Aujourd’hui disparue, une Formation aux Métiers de la Prospection et de l’Exploration, ou FMPE, dont on reparlera un peu plus longuement par la suite.

 Un « Département Conservatoire des Espèces » fantomatique, appelé aussi département Genesis, qui annonce depuis des mois la mise en place d’enveloppes spéciales pour la collecte de semences non génétiquement modifiées qui seront stockées par l’association (rue Coulmier ?).

 Un département voyages, Ultimate Adventures, en attente d’agrément et d’une licence de tour operator depuis des mois également :

 Un éphémère département « Recherche et Développement » nommé Aera51 (à ne pas confondre avec Area 51, la zone 51, malgré l’avertissement « No Trespassing »...) :

censé développer un dirigeable révolutionnaire :

 Un ambitieux projet nommé Explorigines, comprenant parc d’attractions, musée, taverne, boutique...

 Un autre très vague projet de « département "pépinière d’Entreprises - Pôle de compétences" », dont on n’a plus entendu parler après cette annonce sur Facebook du 28 mars 2014 :

 etc...

Effets d’annonce

De ces divers projets, sociétés et associations mis en place par M. Jongbloed se dégagent un certain nombre de schémas, dont on va développer quelques exemples.

Ce qui frappe tout d’abord est, comme on l’a vu, l’extrême confusion qui règne entre activités commerciales et activités associatives de l’Aventurier : sociétés et associations partagent noms, adresses, objets, structurations... Rien de très étonnant, puisque pour l’essentiel toutes, quel que soit leur statut, tournent autour de la promotion du personnage et de ses oeuvres, qu’il s’agisse de livres, de conférences ou de « documentaires ».

Comme pour ses expéditions, les effets d’annonce sont très nombreux, mais sont rarement suivis de réalisation. C’est particulièrement vrai dans quelques domaines :

La formation : il y a longtemps que M. Jongbloed annonce la mise en place de formations au « métier d’explorateur ». On en trouve une première trace fin 2008, dans le cadre de Nomadys, où il propose une « formation d’explorateur » de 4 jours pour la somme de 1000 euros par personne repas compris. L’année suivante, Nordsud Institute (qui n’a pas encore d’existence légale en tant qu’association, n’étant que le département expéditions de la défunte Nomadys) voit les choses un peu plus grand : la « formation d’explorateur » se présente maintenant comme un stage de formation accélérée sur 15 jours, au tarif de 1500 euros sans repas ni hébergement, formation délivrée dans le cadre d’une Ecole de Formation à l’Exploration Géographique dont on ne saura rien de plus. La même année, on voit apparaître en septembre une Ecole Française de formation aux Métiers de l’Aventure (EFMA) qui se présente comme une « formation universitaire » en trois ans, dont le coût est « de l’ordre de 10 000 euros par an sur trois ans (soit 30 000 € pour le cycle complet de formation), non compris l’hébergement et les repas ». Heureusement, Nordsud compte sur une « éventuelle convention avec l’état » pour réduire le coût, et propose un crédit. La création de cette EFMA est annoncée par un communiqué de presse en octobre 2009, où l’on apprend également qu’elle devrait intégrer l’Université de Toulon... Malheureusement, on apprend sur la même page que deux ans plus tard, en mai 2011, ce beau projet est abandonné, par « défaillance des sponsors et mécènes », « manque de professeurs qualifiés », et par « l’abandon du projet d’implantation de l’école au sein de l’Université du Sud en raison des scandales à répétition qui se perpétue [sic] dans cet établissement » - ce qu’on peut très probablement interpréter comme un manque total d’intérêt de l’Université de Toulon, si tant est qu’elle ait réellement été sollicitée, pour le projet.

Mais M. Jongbloed n’abandonne pas : en janvier 2012, l’école réapparaît : elle s’appelle maintenant Ecole de Formation aux métiers de l’Exploration (EFME). Le niveau de formation n’est plus du tout le même que celui de l’EFMA, puisqu’elle recrute au niveau troisième, pour un tarif de 1500 euros par an. Le fonctionnement de l’école est prévu en détail, jusqu’à l’heure de nettoyage des sanitaires... Manque quand même un détail important : où sont censés se dérouler les cours de ces « 4 classes de 30 étudiants chacune » ? Au sein de Nordsud Institute, dans les petits appartements déjà surpeuplés de la rue Coulmier à Toulon ou de la rue Rieu à Aix ?

Dernier avatar, pour le moment, de la formation voulue par M. Jongbloed : la FMPE (Formation aux Métiers de la Prospection et de l’Exploration) née en 2013 et annoncée dans la presse locale. Cette fois le projet semble nettement plus avancé, puisque Nordsud Institute a réussi à s’associer à une école existante, l’établissement privé Cours Renaissance à La Valette-du-Var, qui voyait peut-être dans cette collaboration l’occasion de redresser une situation financière fragile. Toujours en attente de validation par « l’inspection académique de Toulon et l’Académie de Nice », le projet revient à une formation supérieure (recrutement niveau bac) sur trois ans, cette fois pour un coût de 5000 euros par an. A noter toutefois qu’un document présentant la première année (« formation d’équipier ») mentionne lui un coût de 10 000 euros par an ; il mentionne également un procédé assez... inhabituel : les « tests de sélection » pour l’entrée dans cette formation plutôt coûteuse sont payants : 300 euros « non remboursé en cas d’échec » ! Ce qui explique en partie l’accueil plutôt frais reçu par ce projet d’école sur un forum où un candidat potentiel (ou M. Jongbloed lui-même ? c’est en tout cas ce que semble penser un intervenant) vient en faire la publicité. Malgré les promesses alléchantes de M. Jongbloed (« sponsoring de grands groupes », « embauches à la clé »), les candidats ne semblent pas s’être précipités : non seulement la formation n’a pas démarré, comme prévu, en octobre 2013, mais le partenariat avec le Cours Renaissance a pris fin en février 2014 :

Stages et séminaires : parallèlement à ces projets d’école, M. Jongbloed tente également volontiers d’organiser divers « stages » et « séminaires ». Ainsi en 2008 Nomadys proposait des « stages de survie » sur deux jours pour 55 €, des « Raids en montagne, désert et jungle » pour 250 € par personne, des « sorties Nature » pour les enfants et des randonnées au prix de 25 € par personne. Le point commun de ces diverses activités est l’absence de destination précise, et surtout l’absence de dates fixées, l’agenda comme le calendrier du site semblant être restés désespérément vides.

En 2011-2012 c’est dorénavant Nordsud Institute qui propose des stages : stage d’initiation aux détecteurs de métaux, séminaire « chasseur de trésors » ; le site de NSI propose en janvier 2012 une série de « séminaires » (« Suis-je fait pour l’Aventure ? » par exemple), et de stages « expéditions » : « Initiation théorique à la conduite et l’encadrement d’une expédition » pour 800 €, « Initiation pratique à la conduite et l’encadrement d’une expédition » pour 1000 €, « Recherche préliminaires [sic] à une expédition » pour 300 €, « Histoire et Géographie politique, l’importance de la géopolitique dans l’exploration » pour 300 € etc. A noter que ce stage « géopolitique » est encadré par M. Jongbloed lui-même, qui était pourtant capable d’écrire sur son mur Facebook que « la Bosnie est une zone appartenant autrefois au bloc de l’Est » et que « l’OTAN ne peut s’y balader sans le risque de déclencher un conflit armé » ! [4]

Là encore, aucune date n’est fournie pour ces stages et séminaires. Mais il faut croire que les candidats n’étaient guère nombreux, puisque l’année suivante les prix avaient fortement baissé : chaque « module » du stage « expéditions » (censés cette fois se dérouler au Cours Renaissance) a désormais une valeur de 330 € (au lieu de par exemple 800 € et 1000 € pour les deux premiers modules en 2012), et le « pack » de six modules est offert pour « seulement » 600 € - 630 € à crédit - mais toujours pas de calendrier.

Il semble que ce n’est qu’en 2014, sans doute grâce au regain de visilibité entraîné par son expédition en Bosnie, que M. Jongbloed a enfin réussi un début de réalisation de son programme de stages et séminaires. Avec en particulier un « stage d’initiation à l’exploration » (qui reprend les mêmes modules que précédemment) au prix de 660 €, annoncé par cette magnifique affiche :

où les « costumes de safari » nous éclairent fort heureusement sur la thématique du stage ; affiche accompagnée, pour motiver les troupes, d’une quasi-promesse d’embauche par la future société Geostar :

On retrouve également ailleurs cette allusion à la possibilité d’une embauche après le stage (« C’est aussi un sésame pour pouvoir postuler à GEOSTAR®, (sans ce stage pas de possibilité d’embauche) »), mais cette fois avec une photo d’un vrai aventurier, Ed Stafford, même si celui-ci n’a bien sûr rien à voir avec Nordsud Institute et M. Jongbloed :

Le stage est prévu dans le massif du Siou Blanc, et la partie pratique a pour enjeu de retrouver « l’épée DURANDAL, ayant appartenu à Roland de Roncevaux » :

D’accord, l’épée présentée est plutôt une reproduction de Joyeuse, l’épée de Charlemagne, mais c’est un détail, l’essentiel est que ce stage-là a bien eu lieu, du 21 au 28 juin 2014 ; malheureusement pour M. Jongbloed, un rhume l’a empêché de faire la partie pratique...

Si l’on lit ces messages (très vite disparus de la page de Nordsud Institute...) entre les lignes, on y comprend que cette « première session » a connu quelques problèmes (le moindre n’étant pas un regrettable manque de préparation, puisque l’organisateur n’avait pas vérifié les dates de fermeture du Siou Blanc), ce qui surprend chez un organisateur de stages aussi chevronné que M. Jongbloed [5]...

Le projet de musée / bibliothèque / Explorigines  : Là encore c’est un projet ancien de Dominique Jongbloed, ouvrir un « musée de l’exploration ». On en trouve une première trace dès 2005, lors de la création de l’association CRA Ignatius Donnelly, qui a pour objet, entre autres « Créer un véritable laboratoire de recherches archéologiques bâti sur la passion de membres de l’association, tous archéologues amateurs, scientifiques ou voyageurs expérimentés ; créer un musée de cette période, ouvert au public, réunissant toutes les découvertes faites par les expéditions antérieures et celles prévues sous le nom d’Héritage Research ». Le musée revient sur le tapis en 2011, où un communiqué de presse annonce « l’ouverture prochaine du MINI MUSEE DES CIVILISATIONS » à Aix (voir communiqué du 14 mai 2011) ; en septembre de la même année, le musée « voit le jour » :

Parallèlement, M. Jongbloed met en place un « Centre de Documentation en ligne » (qui semble aussi s’être intitulé provisoirement « Centre d’Etude des Mythes et Légendes » en 2010), une « bibliothèque - médiathèque - iconothèque » - installée dans l’appartement de l’immeuble Margarita III à Aix, où est également aménagé un « espace détente ».

Bien que l’ouverture du musée comme de la bibliothèque au public ait été annoncée en 2011, on apprend en 2012 que le « Centre de documentation » est « bientôt ouvert au public », et que « Dominique Jongbloed souhaiterait que ce musée voit plutôt le jour à Toulon », musée qui est donc toujours à l’état d’ébauche.

En 2013 on découvre que le « Centre de Documentation générale » est enfin ouvert, avec une bibliothèque « constituée d’un fond [sic] littéraire et scientifique » ; on a même accès au catalogue de la fameuse bibliothèque - catalogue d’où le « fonds scientifique » semble quelque peu absent, mais où Pauwels et Bergier, Graham Hancock, Edgar Cayce, Charles Berlitz et quelques autres tiennent une bonne place, ce qui permet de comprendre d’où viennent les théories de M. Jongbloed sur l’Atlantide, Mû et autres « civilisations antédiluviennes ». Le musée, lui, semble enfin ouvert, puisqu’une page du site de Nordsud Institute propose sa visite pour 5 € ; on y découvre une partie du fonds du musée, en particulier les magnifiques maquettes proposées au visiteur :

Le lecteur qui souhaiterait mettre en place son propre « musée de l’exploration » devrait pouvoir trouver gratuitement les mêmes maquettes en papier sur ce site, par exemple celle de la Grande Pyramide ou celle de la Muraille de Chine.

On apprend également, toujours en 2013, que le musée est en fait géré par une « nouvelle SARL », la société Explorigines, mais que, contrairement à ce que pouvait laisser penser la page précédente, il ne s’agit encore que d’un « projet en cours de concrétisation sur la Ville de La Seyne sur Mer ».

« En cours de concrétisation » était peut-être un peu exagéré, puisqu’en février 2014 on en était aux « études de faisabilité » :

Explorigines ne semble plus être une SARL, mais simplement le nom d’un projet de Nordsud Institute ; et le musée n’est plus qu’un petit élément d’un ensemble beaucoup plus grandiose : un véritable parc d’aventures installé sur 40 hectares et « financé par l’Europe, l’Etat, la région et de département, la commune choisie et NSI ». Mais que le lecteur se rassure, les maquettes en papier seront toujours là !. Aujourd’hui, le projet a bien avancé, puisqu’on dispose maintenant d’un véritable « projet architectural » avec une maquette :

Le fait que ce projet ressemble de façon surprenante au projet japonais de mégapole dit « pyramide de Shimizu » est sûrement une coïncidence ; ou alors M. Jongbloed aura fait confiance à un architecte indélicat qui se sera contenté de plagier un projet existant !

Films, émissions radio, émissions télé : voilà un domaine où les projets de M. Jongbloed ne manquent pas ! Comme on l’a vu plus haut, ses différentes sociétés/associations ont souvent comporté un département audiovisuel (Realworld, studio Le Donjon), et lui-même se présente volontiers comme scénariste, acteur et producteur Radio et Télévision. S’il a effectivement produit quelques « films » - pour l’essentiel des clips de promotion de ses ouvrages tels que celui-ci ou celui-là, ou des « documentaires » ou « présentations multimédia » consistant en interviews de lui-même entrecoupées de photos et extraits vidéo empruntés à d’autres (comme il le dit lui-même ici ou ici), ainsi que d’interviews « mises en scène » et jouées par des acteurs - il a surtout multiplié les projets non aboutis et les effets d’annonce. En vrac :
 Octobre 2007 : adaptation cinématographique d’une « trilogie Atlantys » (apparemment jamais écrite, voir l’article suivant, à paraître, sur les ouvrages de M. Jongbloed) ; il a déjà acteurs et réalisateurs. On apprend qu’il travaille sur le scénario de la bande-annonce de cette superproduction, bande-annonce qui coûtera à elle seule la bagatelle de 150 000 euros. « Ici bientôt la bande-annonce » !
 Février 2008 : « Dominique Jongbloed finalise la série TV "Au coeur du Temps" avec 13 scenarii à boucler avant décembre 2008 » (bandeau défilant).
 Avril 2008 : « projets audiovisuels en cours » (page 3 du pdf) : « Mystérieuse archéologie, série documentaire en 6 épisodes. Au coeur du temps, série de science-fiction en 8 épisodes. »
 Décembre 2008 : « La série TV progresse ! », la bible est terminée (mais la bible est « enfin achevée » en septembre 2009 !), « Jean RENO et Pierre VANECK » sont sollicités. « C’est la série la plus ambitieuse jamais produite en France » et on cherche des investisseurs pour 3 millions d’euros sur les 4 millions que coûtera le pilote.
 Septembre 2011 : adaptation radiophonique de son roman Shambala « pour une grande radio culturelle française » ; possible adaptation par Michel Wyn de sa trilogie Shambala en « six téléfilms d’une heure qui seront proposés aux grandes chaînes TV françaises ».
 Octobre 2011 : conception d’un « documentaire-fiction » inspiré de Civilisations antédiluviennes sous forme de deux téléfilms d’une heure :


 Juillet 2013 : coproduction de « plusieurs émissions dont un roman radio inspiré de cette saga [Shambala] (tome IV-V et VI), avec les voix de doublages de nombreux grands acteurs comme Sean Connery, Liam Neeson, Bruce Willis, etc. et une adaptation audiovisuelle pour la télévision Française en six téléfilms d’une heure » ; une série d’émissions radio Etranges Artefacts.
 Janvier 2014 : adaptation des trois tomes de la saga Shambala en trois films de trois heures chacun ; Paramount, 20th Century Fox et Buena Vista contactés. Toujours janvier 2014 : « il semble que le nom de Josée DAYAN revient régulièrement dans les rumeurs, de même que France 2 en tant que producteur ».
 Février 2014 : Shambala enfin « sur les rails » pour devenir un radio-roman :


 Avril 2014 : création d’une émission de télé Cap Aventures, « plusieurs sociétés de production intéressées » :


 Mai 2014 : Cap Aventures adressé à trois chaînes de télévision, devrait faire concurrence à Thalassa :


 Juin 2014 : nouvelle série de documentaires Voyages extraordinaires, « pleine d’informations, de tonus et d’humour » :


 Juillet 2014 : Voyages extraordinaires « intéresse fortement France Télévision » :


A ma connaissance, malgré les grands noms régulièrement cités et les nombreux producteurs, chaînes de télévision etc. intéressés, aucun de ces projets n’a encore vu le jour. Un bon exemple des difficultés de M. Jongbloed à finaliser ses projets est celui de la série d’émissions de radio intitulée Artefacts ou Etranges Artefacts. On entend parler pour la première fois d’un projet « Artefacts » en novembre 2011, où il s’agit d’un « film documentaire de fiction sur les OOPSARTS [sic !] » visiblement très inspiré par le Da Vinci Code et Indiana Jones :

En février 2012 le projet de film a trouvé « de nombreux sponsors » :

Cependant, quelques mois plus tard, en octobre 2012, il n’est plus question de film, mais d’une émission radio, trente épisodes intitulés Etranges Artefacts « en cours de finalisation » au studio Le Donjon :

En décembre on apprend que l’émission « arrive sur les ondes » :

Mais quelque chose a dû se produire, entraînant la perte totale de l’émission « en cours de finalisation », puisqu’en janvier 2014 on apprend que le scénario du pilote est « en cours de finalisation » :

que les autres épisodes sont en cours d’écriture, et que l’enregistrement ne devrait pas commencer avant le 15 janvier :

En mai 2014 l’enregistrement est toujours à faire :

par contre le prix du DVD est déjà fixé à 1500 €. La bande-annonce, elle, est en cours d’enregistrement et doit arriver « bientôt » :

Si la bande-annonce a bien fini par arriver fin juillet, il ne reste plus qu’à souhaiter pour M. Jongbloed qu’un autre évènement catastrophique ne repousse pas à nouveau la diffusion de deux ans !

De nombreux autres projets de Dominique Jongbloed ont ainsi été repoussés de mois en mois, d’année en année, jusqu’à généralement disparaître dans les tréfonds de l’archive du web. Ainsi pour un projet de festival du film d’aventures / salon du livre annoncé en 2008 pour juillet 2009 à Aix-en-Provence, puis repoussé en octobre 2009 : impossible de trouver la moindre trace sur le web de cet événement de premier plan, au cours duquel M. Jongbloed devait faire ses adieux officiels au « monde de l’exploration ». Qu’à cela ne tienne, dès mars 2010 il annonce un nouveau projet : le festival Passeport pour l’aventure prévu en juin 2010 cette fois à Rennes-le-Château, avec la participation de quelques compères que le lecteur aura vu souvent figurer sur les pages des différentes associations de M. Jongbloed : Erick Surcouf, Philippe Esnos, Hervé Michel... Pas de chance, ledit festival est annulé, même si les protagonistes « pensent pouvoir remettre le couvert en 2011 ». Passeport pour l’aventure semble renaître de ses cendres en février 2014, où l’on nous annonce qu’il se tiendra en juin à Paris :

A ma connaissance on n’en a plus entendu parler ensuite. En sera-t-il de même pour l’autre projet de festival annoncé en même temps, cette fois à Nice en 2015 ?

On pourrait mentionner également un projet de jeu pour lequel il demandait de l’aide sur les forums en 2007, jeu mentionné régulièrement sur son site tantôt comme jeu d’énigmes (et doté d’un prix de 10 000 euros), tantôt comme jeu de société, jeu jamais abouti malgré un appel à souscription pour 50 000 euros :

Souscription jeu "Artefacts"

Ou bien encore un projet de taverne, qui prend le nom de Namaste (« taverne himalayenne ») ou bien de La Boussole (« reproduction d’une taverne des bords de l’Amazone dans les années trente ») ou encore Les Boucaniers avant même d’exister, dont il promet régulièrement la direction à tel ou telle de ses « fans » :

alors même que le projet est tout aussi régulièrement « repoussé » :

Et aussi les projets d’organisation de voyages : traversée du désert en dromadaire en Tunisie, agence de voyages au sein de Nordsud Institute, avec voyages à l’île de Pâques, au Mexique et au Japon :

voyages en Nubie en juillet 2014 et en Egypte en septembre :

Offres d’emploi ?

Pour terminer, certains effets d’annonce me paraissent particulièrement de mauvais goût en période de chômage élevé, il s’agit des innombrables annonces de « recrutement » pour le compte des diverses sociétés et associations de M. Jongbloed. Bien que souvent intitulées « recrutement » ou « offre d’emploi », ces annonces sont presque toujours destinées à « recruter » des bénévoles : animateurs bénévoles, « 100 postes à pourvoir » qui se déclinent en « postes » bénévoles de documentalistes, d’équipiers, d’acteurs, conservateur de musée ou journalistes bénévoles :

D’autres « offres d’emploi » concernent en fait des offres de vendeurs indépendants, de démarcheurs : 95 « postes » de vente à domicile des produits NSI Store, 80 « postes » de vendeurs dans le métro pour Terres d’Aventures Editions :

95 « postes » « d’ambassadrices et ambassadeurs NSI » en CDI :

Cette « offre » est d’ailleurs accompagnée de l’annonce de la « mise en place d’une relation partenariale avec Pôle Emploi » illustrée d’une image particulièrement racoleuse :

Ce partenariat avec Pôle Emploi a consisté en la mise en ligne d’une annonce (qui n’est restée que quelques jours), visant au recrutement de démarcheurs en statut VDI :

Il y a cependant régulièrement des annonces de recrutement de salariés : postes de secrétaire ou d’aide-comptable « actuellement à l’étude », préparation de « l’embauche d’une équipe professionnelle » pour les expéditions, mise en place d’une équipe rémunérée, avec des spécialistes, pour 2014, préparation du recrutement d’une secrétaire trilingue et d’un aide-comptable... On remarquera que ces annonces sont toujours pour des postes « en préparation » ; en fait, il semble bien y avoir une stratégie volontaire visant à attirer les bénévoles, mais aussi les stagiaires pour « l’initiation à l’exploration » ou les candidats à la « formation au métier d’explorateur », avec la promesse, sous-entendue, d’une embauche future. Par exemple, pour le futur magazine Terres d’Aventures : « Travail bénévole durant la période de lancement du magazine [...] ensuite on embauchera les plus tenaces et les plus motivés !!^^ »

Pour les candidats aux futurs stages d’initiation : « sur la session de Juin 2014 plusieurs stagiaires ont vu leur CV retenu par GEOSTAR pour un entretien d’embauche en Septembre » :

Les « membres actifs » de Nordsud Institute seront les « futurs salariés de l’équipe permanente » :

et ils seront prioritaires aux « embauches effectuées au sein de la fondation », ce qui leur permettra de bénéficier des « avantages prévus comme la mutuelle d’entreprise, les tickets restaurant, la caisse de retraite interne mise en place en ce moment, etc. » :

Inutile de préciser que toutes ces promesses sont pour l’instant restées lettre morte : il n’y a actuellement aucun salarié à Nordsud Institute, et on voit mal comment une association qui passe son temps à réclamer des dons pourrait salarier une équipe entière comme annoncé régulièrement. Quant à Geostar, il faudrait d’abord que la société existe, ce qui est loin d’être sûr, M. Jongbloed ayant, comme on l’a vu, facilement tendance à appeler « société » les nombreux « départements » de ses associations successives...

Le procédé - exploiter le travail bénévole de passionnés d’aventures ou organiser des stages payants, en échange d’une vague promesse d’embauche - est d’autant plus douteux quand il s’adresse à des chômeurs, des personnes économiquement fragiles :

ou à quelqu’un qui pourrait être amené à prendre une décision lourde de conséquences, comme dans le cas ci-dessous, où une jeune femme vivant au Canada, « amie » sur Facebook avec M. Jongbloed depuis octobre 2013, se voit proposer en décembre 2013 un « job » à Nordsud Institute :

On notera que M. Jongbloed prend soin de préciser qu’il compte « salarier une première équipe de 12 personnes » dès février 2014 et qu’il est en train de « préparer les embauches ». Le 1er janvier 2014 il annonce lui-même l’arrivée prochaine de la Canadienne :

En février 2014, il propose à la même personne de participer à l’expédition Hyperborea (voir cet article sur les projets d’expédition de M. Jongbloed) « en novembre prochain », « première expédition professionnelle lancée par Geostar », où on est « payé et salarié » :

On admirera l’entreprise de « séduction » de M. Jongbloed... qui semble décider son interlocutrice, persuadée que le job qu’on lui offre en « vaut la peine » (il est maintenant question non seulement de s’occuper d’une taverne mais aussi de travailler « dans le domaine télé »), à déménager pour la France, ce qui n’est pas vraiment une mince affaire depuis le Canada :

Heureusement pour elle, elle semble avoir compris à temps à quoi elle avait affaire, et renoncé à son projet de déménagement. On peut constater sur sa page à quel point le ton a changé envers celle qui n’est plus la « petite soeur » :

et qui semble même faire l’objet, pour avoir osé mettre en doute l’existence du fameux « major Weasley » dont on parlera plus en détail dans un prochain article, de menaces :

Ce type de déception, qui attend ceux qui pensent pouvoir faire fond sur les grandioses projets de M. Jongbloed, n’est pas nouveau : on m’a communiqué copie d’une « attestation » écrite par M. Jongbloed en 2010 :

Dans ce document, même si son auteur prend soin de préciser qu’il « ne peut être considéré comme une promesse d’embauche », il est clair qu’on avait fait miroiter à la personne concernée, après un temps comme bénévole, la perspective d’une embauche en CDI comme enseignant de l’éternelle future école de formation de M. Jongbloed, sans parler de la perspective de rémunération des membres de l’équipe administrative de l’association, elle aussi perpétuellement remise aux calendes grecques...

Suite : Où l’on découvre... troisième partie