La rupture
Article mis en ligne le 26 octobre 2016

par Irna

Je ne m’étendrai pas sur la rupture « dramatique » qui a eu lieu en septembre entre Jacques Grimault et Patrice Pooyard ; en dépit de quelques moments hautement hilarants, dans l’ensemble le spectacle a été plutôt triste, et pas rassurant sur la nature humaine. Pour ceux qui voudraient s’en faire une idée, d’autres blogueurs ont récapitulé l’histoire et en ont tiré quelques conclusions :

A qui profite le sarcophage ? Tout-en-amont ! chez Zegatt (la septième nuit de vala)

On s’étripe chez les Pyramidologues chez La menace théoriste

Et une série de trois articles chez Désillusions :
Mens-moi, mens-moi, j’aime ça !
On peut mentir mille fois à mille personnes (1/2)
On peut mentir mille fois à mille personnes (2/2)

Je voudrais juste souligner les deux points qui me paraissent les plus tristement significatifs dans cette lamentable histoire :

1° Le premier est la versatilité de l’opinion chez les « fans » de pyramidologie et d’archéologie mystérieuse : à peine Patrice Pooyard et son producteur Adrien Moisson avaient-ils commencé à dénoncer les tensions avec Jacques Grimault et à porter quelques accusations contre celui-ci, qu’on a vu se multiplier les commentaires du type « je m’en doutais », « j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose de bizarre chez Grimault », « je n’ai jamais aimé Grimault » ou « j’ai toujours trouvé Grimault ridicule/saoûlant/insultant... (insérez ici le qualificatif péjoratif de votre choix) »... Où étaient donc tous ces gens qui doutaient de Grimault il y a quelques semaines ou quelques mois ? Pourquoi ne les entendait-on jamais quand les « trolls » se faisaient insulter et traîner plus bas que terre pour avoir osé mettre en doute les dires du même Grimault ? Pire encore, ce sont souvent les mêmes, qui insultaient naguère les critiques, qu’on voit aujourd’hui s’empresser de déverser des tombereaux de fiel (insultes, moqueries, accusations de sectarisme, de plagiat ou pire) sur leur ancienne idole... Réciproquement, d’ailleurs, les quelques fidèles qui restent à Jacques Grimault en ont autant au service de Patrice Pooyard, naguère réalisateur incomparable, aujourd’hui escroc et « pouilleux »...

2° Le deuxième élément fascinant et inquiétant est le refus des mêmes « fans » d’ouvrir les yeux sur la réalité de ce qu’est LRDP. La grande majorité admet dorénavant que « l’informateur » du film, sur les épaules duquel reposait toute la « Révélation », n’était qu’un charlatan ; mais combien s’interrogent sur le fait que Patrice Pooyard a pu travailler des années avec ce même charlatan sans jamais s’apercevoir de rien ? qu’il n’a jamais décelé la mythomanie, les incohérences du discours de son partenaire, qu’il défendait bec et ongles lorsqu’il était critiqué ? qu’il a pu multiplier les appels de fonds (pour rappel : 190 000 € en deux étapes sur Ulule, plus l’argent rapporté par les conférences, livres et DVD vendus) en prétendant disposer de l’intégralité du scénario du nouveau film, alors même qu’il explique aujourd’hui n’avoir jamais eu ce même scénario ?

Rien de cela n’a alerté lesdits fans, qui se sont empressés d’affirmer leur soutien à Patrice Pooyard, et de s’entre-congratuler sur le fait que le futur film serait « beaucoup plus scientifique » sans Jacques Grimault... Aucune interrogation sur la nouvelle équipe, formée d’un réalisateur qui prétend avoir « vérifié » pendant 14 ans les affirmations de Grimault ; d’un producteur/publicitaire plus habitué des nuits branchées de la capitale que de l’archéologie, et victime d’une crise de « new-agisme » ; d’un groupe secret d’internautes « chercheurs de vérité » et fâchés avec l’orthographe ; de youtubeurs s’extasiant sur une pierre polie ou un alignement de menhirs, mais incapables de se renseigner dans la littérature scientifique ou de faire la différence entre fiction et réalité... Aucune interrogation non plus sur la validité des éléments apportés par le premier film - combien de fois n’a-t-on pas lu sous la plume des fans des platitudes du genre « ce qui compte c’est le message, pas le messager », sans qu’aucun ne voie que le « message » a été créé de toutes pièces par Jacques Grimault et ses inspirateurs ?

Cette réaction des fans, si elle est assez désolante, n’est pas surprenante pour autant ; elle est la conséquence de biais cognitifs bien connus (biais de croyance, biais de confirmation, effet de la dissonance cognitive en particulier chez ceux qui ont financé le film sur Ulule, auquel s’ajoute l’effet d’aversion à la perte). Et, malheureusement, tant qu’il y aura un public avide de mystères frelatés, il se trouvera des « informateurs », « aventuriers », « découvreurs » et autres « chercheurs » prêts à lui vendre films, livres et conférences sur « l’équateur penché », les « Anciens Bâtisseurs », les « mystères mégalithiques » et autres pyramidioties...

Allez, pour finir sur une note un peu plus joyeuse, la rupture a au moins eu l’avantage de stimuler l’imagination parodique de quelques internautes :

LRDP : La Scission - Bande-annonce

La révélation des Pyramides - Son univers impitoyable

La Révélation des Pyramides - Dynasty of Revelation