Une Divulgation qui fait pschitt !
Article mis en ligne le 16 juillet 2017

par Irna

Le 11 juillet 2017 devait être un grand jour pour l’Humanité ! On nous avait annoncé pour ce jour-là la Divulgation (avec un grand D) des « momies aliens » du Pérou devant un parterre de journalistes du monde entier : on allait voir ce qu’on allait voir, et les « détracteurs » (entendez ceux qui ne font pas « confiance » à Thierry Jamin et réclament de vraies preuves) n’auraient plus qu’à la fermer définitivement...

Comme le lecteur peut s’en douter, cette Divulgation attendue avec impatience depuis des semaines ou des mois par les admirateurs de Thierry Jamin a fait quelque peu un flop, ce qui n’empêche qu’on a pu apprendre par ci par là quelques éléments significatifs. Résumons rapidement cette journée riche en rebondissements :

Alors que la rediffusion de la conférence de presse de Lima devait être faite à 17 h sur la web TV NuréaTV, on apprend que la chaîne BTLV, qui avait déjà consacré deux émissions aux momies de Nazca (voir ici), prévoit une troisième émission le soir même à 20 h, pour « débriefer » la divulgation en présence d’un des anthropologues déjà invités, Alain Froment, et de Thierry Jamin en direct de Lima. La discussion aurait pu être intéressante, et M. Jamin avait l’occasion, comme je l’ai écrit dans un précédent article, de sortir par le haut de cette histoire en débattant avec M. Froment et en lui proposant de lui communiquer sa documentation détaillée.

Coup de théâtre dans la journée, Thierry Jamin affirme qu’il n’a jamais eu l’intention de participer à cette émission de BTLV et n’a donc jamais donné son accord :

De nombreux fans, qui ne pardonnent pas à BTLV son émission assez critique du 28 juin, l’accusent d’avoir menti sur l’accord de Thierry Jamin, et s’empressent de chercher à BTLV de sombres motivations :

Deuxième coup de théâtre quelques minutes plus tard, BTLV poste des captures d’écran prouvant que M. Jamin avait bien accepté leur invitation :

Thierry Jamin s’excusera plus tard de ce « quiproquo », mais le mal est fait, des dizaines de messages s’échangeront dans les minutes qui suivent : doutes, questions, reproches, insultes...

Une heure plus tard, alors que la grande révélation mondiale est imminente, troisième coup de théâtre ! On apprend cette fois que Thierry Jamin ne participera pas à la conférence de presse qu’il a lui-même organisée à Lima, et qui sera donc menée par Jaime Maussan le journaliste / promoteur de hoax ufologiques mexicain. Au cours de la conférence de presse Thierry Jamin sera excusé comme malade par les membres de son Institut Inkari présents, mais d’autres messages montrent que cette absence n’a rien à voir avec une maladie :

et Thierry Jamin poste lui-même une photo prise pendant la conférence où il n’a pas l’air particulièrement malade :

On aura un peu plus tard l’explication de ce couac, ou en tout cas la version de Thierry Jamin, qui le justifie par une divergence de vues avec Jaime Maussan sur la façon de présenter les choses lors de la conférence de presse... Reste que ça fait un peu désordre pour une révélation internationale censée changer toute l’histoire de l’humanité !

On aura donc eu le 11 juillet deux « conférences » successives ; commençons par la première, la conférence « officielle », qui a eu lieu comme prévu à 17 heures au Swiss Hotel de Lima. Elle est menée par Jaime Maussan, accompagné de ses éternels « scientifiques » José de la Cruz Rios et José de Jesús Zalce Benítez (donc exactement la même équipe que lors du fiasco de la conférence sur les « diapositives de Roswell », pour laquelle je renvoie à nouveau à cette excellente vidéo de la chaîne Hygiène Mentale) ; de l’inévitable docteur Edson Salazar Vivanco ; et, malgré l’absence de Thierry Jamin, de deux membres de son Institut Inkari, José Benigno Casafranca Montes (un ancien policier) et Edward Valenzuela Gil (un cameraman). Le lecteur pourra trouver ici cette conférence de presse en espagnol, et ici avec une traduction française très très approximative.

Cette conférence n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi l’affaire d’un peu près, les orateurs ne faisant pour l’essentiel que répéter ce qui a été dit jusqu’ici dans les nombreuses vidéos déjà diffusées par Thierry Jamin, par la chaîne de Jaime Maussan Tercer Milenio, et par la chaîne Gaia (voir ici). Les seules véritables nouveautés sont d’une part la présentation - très rapide et avec des images de très mauvaise qualité - d’une nouvelle momie, celle d’un très jeune enfant ou bébé :

enfant qui, comme la grande momie « Maria » déjà présentée, semble en tout point humain sauf pour la présence des habituels trois doigts aux mains ; et d’autre part l’information donnée par Jaime Maussan sans plus de détails : la poudre blanche qui recouvre la totalité des momies et fragments présentés jusqu’ici serait de la terre de diatomées. La présence de terre de diatomées, ou diatomite, au Pérou, n’est pas extraordinaire : le pays en possède plusieurs gisements d’âge Miocène sur sa côte Pacifique, en particulier dans la région d’Ica, et en exporte ; c’est un produit d’usage assez courant (filtration, insecticide, litière d’animaux domestiques, additif dans de très nombreux produits type peinture, plâtre, résines...) et assez peu coûteux. Ici une analyse chimique précise serait la bienvenue : en particulier il serait intéressant de savoir si on a affaire à une diatomite naturelle, n’ayant pas subi de traitement hors pulvérisation, ou s’il s’agit d’une diatomite ayant subi divers traitements (calcination, activation) telle qu’on en trouve dans le commerce, généralement beaucoup plus blanche que la diatomite brute. Quoi qu’il en soit, on peut noter qu’il n’existe aucun exemple, en archéologie, d’utilisation de diatomite dans les pratiques funéraires, ni en Amérique du Sud ni ailleurs, alors qu’on a de multiples exemples de diatomite utilisée comme base, additif ou pigment dans des plâtres, peintures, vernis, résines... modernes.

La deuxième « conférence » s’est résumée à une interview par Skype de Thierry Jamin sur la chaîne NuréaTV, disponible ici. Thierry Jamin y intervient en compagnie de son médecin favori, Edson Salazar Vivanco (à partir de 0:58), et il serait plus charitable de ne pas mentionner cette interview, tant la prestation des deux hommes est lamentable : aveu sans fard de M. Jamin qu’il n’a même pas regardé la conférence « officielle », confusion entre IRM et scan (M. Jamin traduit « tomografia » par IRM...), momie présentée comme étant de sexe féminin alors qu’au même moment on affiche un résultat d’analyse qui montre la présence de chromosomes XY, confusion entre calcium et carbone à l’occasion d’une tentative confuse d’explication sur le fait que la décalcification liée aux voyages dans l’espace pourrait expliquer des anomalies dans la datation au radiocarbone, etc. Les grandes protestations sur l’intégrité et le refus des compromissions commerciales de l’Institut Inkari font un peu sourire - rappelons que dès l’annonce du crowdfunding Alien Project il était annoncé la parution d’un film et d’un livre sur l’affaire - de même que les appels à la communauté scientifique à participer, après avoir traité les docteurs Alain Froment et Patrice Josset de « pseudoscientifiques »...

Reconnaissons qu’il y a cependant bien eu une « révélation » lors de cette journée mémorable du 11 juillet, c’est celle des analyses, promise depuis longtemps et régulièrement repoussée. D’abord montrées sous forme quasi illisible à l’écran sur la chaîne NuréaTV, ces analyses ont été ensuite publiées sur le site Alien Project, accompagnées d’un album photo et d’un clip vidéo d’Alain Bonnet. [Edit] Le document n’étant malheureusement plus disponible sur le site Alien Project début 2018, j’en mets une copie ici à disposition (et il est encore disponible sur le site de NuréaTV) :

Premiers résultats d’analyses au 5/07/2017
Source

Le document PDF de 41 pages regroupe :
 une datation au radiocarbone réalisée par un laboratoire américain pour le compte de Gaia sur un fragment de « Maria », datée du 23 juin (il n’est pas précisé de quelle partie du corps provient l’échantillon) - analyse déjà présentée dans l’émission de la chaîne Gaia ;
 une deuxième datation, présentée légèrement différemment, de « Maria », par le même laboratoire, non datée, probablement également commanditée par Gaia ;
 une datation, toujours du même laboratoire, d’une des grandes mains isolées, non datée ;
 une datation par un laboratoire mexicain, datée du 23 juin également, pour le compte de Jaime Maussan, de quatre échantillons : un fragment de « cerveau de momie » (dont on ne sait pas de quelle momie il vient, ou s’il s’agit d’un des « cerveaux » desséchés présentés par Thierry Jamin) ; un fragment de peau de la « main n°1 » (dont on ne sait pas s’il s’agit de la même qui a été analysée par le précédent laboratoire) ; un fragment de peau de « Maria » ; un fragment de peau de « Victoria » (la momie sans tête) ;
 une analyse ADN d’un des « cerveaux » desséchés et de « Maria », réalisée par un institut mexicain le 22 mai pour le compte de Jaime Maussan ;
 une analyse ADN de « tissus inconnus » possiblement extraits d’une des petites têtes isolées (c’est en tout cas la photo d’une de ces petites têtes qui figure en en-tête de cette analyse) présentée comme matériel biologique provenant d’un cerveau, et d’un échantillon provenant d’une grande main isolée, réalisée par un laboratoire canadien le 4 mai pour le compte de Thierry Jamin.

Que peut-on tirer de ces résultats, même sans être spécialiste ?

 On peut tout d’abord constater que toutes ces analyses, sauf la dernière par le laboratoire canadien, ont été commanditées, et on peut le supposer payées, par Gaia ou Jaime Maussan ; une seule émane donc de l’Institut Inkari, et il n’est pas sûr qu’elle ait été payée, Thierry Jamin ayant affirmé qu’un laboratoire canadien avait proposé de faire une analyse gratuite. On peut donc légitimement se demander où en sont les analyses financées avec l’argent du crowdfunding (pour mémoire : 39 000 €), qui devaient consister en :

Analyses complète dans trois laboratoires indépendants de matières issues de la petite tête momifiée.
Analyses dans trois laboratoires indépendants des fibres de coton découverts dans la petite tête momifiée, puis étude comparative avec des cotons des cultures nasca et paracas.
Analyses dans un laboratoire péruvien du produit poudreux dans lequel ont été découverts les restes momifiés, puis étude comparative avec des minéraux présents dans la région côtière de Nasca-Paracas.
Enfin, analyses dans un laboratoire péruvien de l’un des implants métalliques découverts dans une des mains à trois doigts.

Le prétexte avancé par M. Jamin et ses fans, du délai nécessaire pour l’obtention d’analyses ADN complètes, ne tient ni pour les datations, qui peuvent être réalisées en quelques jours (à titre d’exemple la première datation dans le document, réalisée en Floride par Gaia, a été faite en 3 jours : date de réception du matériel le 20 juin, date de rédaction du rapport le 23 juin...) ; ni pour les autres analyses (coton, poudre, « implants » métalliques), dont on peut se demander si elles ont été faites (par exemple ici le 28 juin Thierry Jamin confirmait ne pas avoir analysé la poudre blanche et les implants... et dévie la conversation sur le coût en temps et en argent des analyses... ADN ! par contre dans une vidéo publiée le 16 juillet sur le forum privé Alien Project, il affirme avoir « eu les résultats » pour la poudre - mais rien de publié - et que les analyses « sont en cours » pour les métaux, mais qu’il ne fera « sans doute pas » l’analyse du coton). Personnellement, si j’étais ululeuse, je commencerais à me poser quelques questions sur l’emploi des fonds du crowdfunding destinés aux analyses [1] - sans oublier bien sûr la question des 15 000 euros prévus au budget pour financer la « présentation officielle » qui s’est transformée en conférence de presse de Jaime Maussan ! Pour rappel :

 Une deuxième remarque générale, avant d’en venir au contenu du rapport, porte sur l’absence totale de rigueur dans l’identification des restes et des échantillons ; je l’avais déjà noté pour les radios, c’est confirmé ici avec ces identifications floues : « cerveau » (lequel ?), « main » (laquelle ?), etc. Devant la multiplication des objets, le premier réflexe d’un véritable archéologue aurait été de leur attribuer une désignation précise, désignation qu’on devrait ensuite retrouver sur tous les documents (radiographies, rapports d’analyses) concernant ces objets. Ainsi, on peut supposer que c’est la même main qui a été datée à la fois par un laboratoire mexicain et un laboratoire américain (en tout cas c’est ce qu’il semble au vu du tableau de synthèse de la page 2), mais il est impossible d’en être certain... Cette absence de rigueur est assez généralisée dans la communication de Thierry Jamin et des autres parties prenantes, et rend difficile l’analyse, sans qu’on puisse savoir si c’est volontaire ou si c’est le résultat de l’amateurisme des équipes.

 En ce qui concerne les datations, celles de « Maria » (trois datations différentes dans deux laboratoires) sont tout à fait cohérentes entre elles, puisqu’on trouve pour les trois un âge d’environ 1750 ans. Par contre on trouve des écarts d’âge importants entre les autres restes, de plusieurs centaines d’années ; plus gênant, si c’est la même main qui a été datée à la fois au Mexique et aux États-Unis, comment expliquer un âge, dans un cas de 7000 ans et dans l’autre cas de 1200 ans ? On est bien au-delà de l’imprécision inhérente à la méthode de datation au radiocarbone ! Donc faut-il supposer une pollution importante d’un des échantillons, ou accuser un des laboratoires d’incompétence ? Bien évidemment, l’hypothèse la plus simple, et qui « colle » le mieux avec l’ensemble de ces résultats, est celle déjà avancée ici : « Maria » est une véritable momie pré-inca, dont on peut fermement établir l’âge aux environs du IVème siècle après JC, les autres objets sont des artefacts composites utilisant des restes archéologiques variés et d’âges différents. Reste la question de l’époque où ont été composées ces chimères ; à cela les datations au radiocarbone ne peuvent pas répondre, par contre l’ensemble du contexte de cette affaire permet de s’en faire une petite idée !

 Venons-en aux analyses ADN ; on est là très loin de mon domaine de compétences, mais il est quand même possible, sans être spécialiste, de faire un certain nombre de remarques. La première analyse, celle du laboratoire mexicain commandée par Jaime Maussan, repose sur une technologie permettant d’identifier des différences génétiques, très utilisée en médecine légale (crimes, viols) pour comparer des ADN, et pour les tests de paternité (voir ici les informations sur le kit utilisé). C’est une technique rapide qui aurait pu être intéressante pour vérifier si les différentes parties d’une momie supposée composite appartenaient ou non au même individu ; on aurait pu l’appliquer par exemple à « Maria », en testant des échantillons sur le corps et sur les doigts, ou bien à une des grandes mains pour vérifier si tous les os appartenaient bien à un être unique. Ici elle a été appliquée à deux spécimens différents, « Maria » et un « cerveau » desséché, et ne nous apprend pas grand chose de plus apparemment que le fait qu’il s’agit bien de tissus humains, et que les deux proviennent d’un humain de sexe masculin (si un lecteur peut tirer plus de ce document, qu’il n’hésite pas à compléter !).

La deuxième analyse, celle du laboratoire canadien, semble mieux adaptée à la problématique, puisqu’il s’agit d’identifier l’espèce à laquelle appartiennent les échantillons, ici des tissus extraits d’un petit crâne et d’une des grandes mains. Le laboratoire a utilisé une méthode éprouvée en étudiant l’ADN mitochondrial de trois régions (12s, 16s et 16191-16420) ; la région 16s en particulier est la plus utilisée pour les identifications d’espèces, voir par exemple ici, ici ou . En ce qui concerne les résultats :
 le laboratoire n’a pas pu produire de séquences utilisables pour la région 12s ;
 les séquences 16191-16420 correspondent à 99% à Homo Sapiens, le 1% restant s’expliquant par un ADN abîmé (ce qui est très fréquemment le cas avec l’ADN ancien) ;
 les séquences 16s correspondent à 100% à Homo Sapiens.

Ce qui permet au laboratoire de conclure que les deux échantillons analysés appartiennent bien à l’espèce humaine. Pour beaucoup de ululeurs et de fans de Thierry Jamin, qui espéraient une confirmation de l’origine alien des momies, c’est la douche froide, même si certains essaient de se rassurer comme ils peuvent en s’accrochant au 1% de différence avec l’ADN humain, espérant que cela pourrait traduire une quelconque hybridation avec une espèce inconnue plutôt qu’un ADN abîmé, ou au fait que seul un séquençage du génome entier permettrait d’avoir une certitude, négligeant le fait que les séquences utilisées sont justement celles qui sont le mieux à même de discriminer entre des espèces différentes. Thierry Jamin va dans le même sens dans sa dernière vidéo sur le forum privé d’Alien Project, expliquant aux ululeurs qu’ils doivent être patients, que des analyses complémentaires doivent être faites, et qu’en attendant il faut « lui faire confiance » et ne pas « écouter les ragots ».

Reste que quand on ajoute ces résultats à l’ensemble des autres éléments de l’affaire, en particulier l’opinion des anthropologues français et péruviens (voir aussi cette vidéo de la conférence de presse tenue par les anthropologues péruviens le 11 juillet), les analyses des radios disponibles (par exemple la dernière en date, celle du paléontologue péruvien Rodolfo Salas-Gismondi qui analyse une main présentée par Jaime Maussan et son « expert » José de Jesús Zalce Benítez comme authentique), les datations, et d’une façon générale les incohérences entourant cette affaire, ces résultats ne devraient pas surprendre.

Je me permets cependant de revenir sur deux points :

 le premier est celui de la question du sexe de « Maria », sur lequel il semble y avoir beaucoup de flou : les deux analyses publiées, celle du laboratoire mexicain et celle du laboratoire canadien [2], montrent toutes deux que le corps serait de sexe masculin (XY), alors que les équipes de Gaia, de Jaime Maussan et Thierry Jamin [3] le présentent comme étant de sexe féminin, et affirment que c’est ce que montrent d’autres analyses non publiées.

Si réellement deux analyses (voire trois, puisque NuréaTV montre en réalité deux analyses ADN du laboratoire mexicain, celle datée du 22 mai et une autre datée du 16 mai !) identifient le corps comme masculin, et deux ou trois autres comme féminin, cela ne peut qu’amener à se poser la question de la possible contamination des échantillons. Le risque de contamination est très élevé quand on étudie de l’ADN ancien qui est forcément, même dans les meilleures conditions de conservation, fortement dégradé et fragmenté, et la technique PCR d’amplification (qui permet d’obtenir une quantité suffisante par réaction en chaîne à partir des fragments retrouvés) risque fort de répliquer préférentiellement tout ADN moderne présent [4]. Le laboratoire canadien garantit l’absence de contamination lors du traitement et estime que les résultats sont authentiques, mais ne peut garantir l’absence de contamination préalable, ne disposant pas d’échantillons de référence des personnes qui ont manipulé les spécimens.

 Le deuxième point concerne le matériau présenté comme du tissu censé provenir de cette petite tête :

identifié par le laboratoire canadien comme 100% humain, alors que de toute évidence le crâne en question ne semble pas avoir grand chose d’humain. Il y a là encore une incohérence à expliquer ; si l’on admet par principe l’honnêteté de ceux qui ont fait le prélèvement (non documenté cependant à ma connaissance dans aucune des vidéos diffusées, à la différence des prélèvements sur la grande main, sur « Maria » et sur « Victoria »), l’explication la plus probable serait à nouveau une contamination lors des multiples manipulations de l’objet ou lors de sa fabrication...

Nous sommes nombreux à l’avoir dit dès le début de cette affaire : la pertinence des analyses choisies aussi bien par Thierry Jamin que par les équipes Maussan et Gaia est très discutable ! La datation au radiocarbone ne permet pas d’exclure la fraude, puisqu’elle ne dit rien sur la date de fabrication des objets ; les analyses ADN sont, on le voit, peu conclusives, puisqu’on peut aussi bien les utiliser pour valider l’origine humaine de « Maria », que les contester du fait des incohérences ci-dessus et des risques évidents de contamination.

Dans le même temps, les analyses des spécialistes en anatomie, anthropologie humaine, zoologie etc. sont rejetées au prétexte qu’ils n’ont pas « vu » et « touché » les corps - cependant qu’on refuse de mettre à disposition du public et des scientifiques les radios HD, scans CT et IRM [5] censément réalisés ; et des analyses basiques, qui auraient pu être plus rapidement concluantes, ne sont pas faites. Par exemple, sur le cou de « Victoria » où l’on nous présente de drôles de fibres comme « ligaments et tendons » !

a-t-on étudié ces fibres au microscope et au spectroscope ? Si jamais ces fibres se révélaient être, comme elles en ont l’apparence, des fibres végétales, on pourrait se dispenser de continuer à dépenser de l’argent... Mais bien sûr, finies les émissions de Tercer Milenio et de Gaia, finis le livre et le film de Thierry Jamin...

Décidément, cette affaire restera dans les annales de l’ufologie et de l’ufo-archéologie, à titre d’exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire, et de meilleure Divulgation ratée !